Elle était tombée, victime d'une IA aux yeux de qui elle était un virus à combattre. Quatorze mois de détention, perdue dans les méandres de son esprit, de ses pulsions violentes et d'une douleur qu'elle n'avait su surmonter.
Elle serait libérée.
E...
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Le QG, une ancienne station de métro désaffectée, était sens dessus-dessous. Shaw avait retrouvé ouvert le distributeur de boissons derrière lequel se dissimulait l'entrée . Elle l'avait refermé en rentrant, mais il lui faudrait réparer le mécanisme d'ouverture. Elle avait rapidement évalué les dégâts et la remise en état ne lui poserait pas trop de problèmes. À l'intérieur, les néons n'avaient pas tous été détruits et ceux qui avaient échappé à la destruction déversaient une lumière blafarde sur ce qui restait de la station.
Le wagon, bien sûr, n'était plus là. L'explosion du tunnel muré avait projeté des moellons et du ciment à travers toute la station, des douilles de divers calibres jonchaient le sol, des impacts de balles avaient cassé un peu partout les carreaux de céramique qui recouvraient les murs. Mais dans cet univers de dévastation, ce décor de guerre, des écrans clignotaient. Shaw s'avança, ne sachant trop quoi faire. Elle détacha Bear et le chien partit explorer les lieux, heureux de se retrouver libre de ses mouvements. Elle repéra un écran posé sur une table, un texte clignotait :
En attente d'instructions.
Shaw fouilla les dessus de tables, sans succès. Elle continua par terre. Elle trouva ce qu'elle cherchait sous une table, recouvert d'un tas de débris, de papiers : un téléphone. Pourquoi n'en avait-elle pas pris un ce matin en quittant l'appartement ? Elle ne savait pas, c'était stupide. Peut-être juste parce qu'elle n'avait plus personne à appeler. L'appel sur la 49ème l'avait surprise, même si au fond, elle l'avait attendu, elle l'avait espéré. Elle ne reconnut pas le modèle qu'elle venait de trouver abandonné et ne sut à qui il appartenait. Elle appuya sur la touche d'activation. L'écran resta noir.
— Merde.
À quoi s'attendait-elle, après autant de temps ? Finch avait beau avoir du matériel dernier-cri, une batterie avait une limite de durée dans le temps, celle du téléphone avait atteint la sienne. Il lui fallait un chargeur. Elle soupira et se remit à fouiller les décombres, les tiroirs ouverts jetés à terre ou ignorés par les agents de Samaritain. Elle fronça les sourcils tout en s'activant. Comment les ordinateurs pouvaient-ils encore être en service ? Pourquoi n'avaient-ils pas été détruits ? Pourquoi n'avaient-ils pas été emmenés ou du moins été délestés de leurs disques durs ? Shaw secoua la tête, il y avait des choses auxquelles elle ne devait pas penser. Faire comme si tout était normal.
Question de survie.
Elle découvrit un chargeur rangé dans une boîte en plastique au fond d'un tiroir. Elle espéra que la prise serait compatible avec celle du téléphone. Oui, elle l'était. Aussi incroyable que cela pouvait l'être, elle trouva une prise de secteur intacte. Elle brancha le téléphone, balaya du pied les douilles et les gravats et s'assit par terre. Le téléphone s'alluma et sonna aussitôt. Elle décrocha.
— Tu n'as pas trouvé d'oreillette ?
— Tu formules déjà des exigences ?
— Excuse-moi, mon, cœur. J'ai simplement hâte de te retrouver... plus intimement, lui susurra la voix sensuelle dans son oreille.
