Chapitre C : Retours au Lac de la Prune

3 1 2
                                    

 Root attrapa le trousseau de clefs que Reese avait laissé dans la boîte à gants, ouvrit sa portière et descendit de la voiture

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Root attrapa le trousseau de clefs que Reese avait laissé dans la boîte à gants, ouvrit sa portière et descendit de la voiture. Elle passa à l'arrière récupérer son sac et la sacoche qui contenait le vidéoprojecteur que Shaw lui avait confié. Elle frissonna, la nuit était très fraîche, à peine dix degrés. Elle posa ses bagages et remonta la fermeture de son blouson de cuir jusqu'au col, puis se mit d'un pas vif en route, espérant se réchauffer en marchant.

La maison dormait. Elle entendit soudain un grondement et appela doucement Bear.

— Bear ? Viens-là.

Le malinois approcha, Root prit le temps de s'accroupir et de lui gratter la tête avant de rentrer dans la maison. Elle prit une lampe-torche dans le sas d'entrée, posa la sacoche du vidéoprojecteur sur la table basse du salon et monta sans bruit dans sa chambre. Quand elle alluma la lumière, elle contempla la pièce. La baie vitrée qui donnait sur la terrasse, le bureau sur lequel rien n'avait bougé, l'immense lit. Elle se sentit chez elle. Le sentiment lui sembla curieux. Root n'avait jamais possédé d'appartement ou de maison où elle se sentit réellement chez elle.

La maison de sa mère s'apparentait à un taudis et Root l'avait détesté. Tous les moments qu'elle y avait passé baignaient dans le dégoût et suait la haine, la colère et la folie. Quand elle s'y trouvait, elle n'avait qu'une envie en tête, en sortir. Même sa chambre n'avait pas constitué un havre dans lequel Root aurait pu se sentir chez elle. Sa mère y était omniprésente : le papier peint déchiré dans une crise de folie, les fenêtres clouées impossible à ouvrir, la nourriture que Root retrouvait cachée sous son lit, dans son armoire, des boîtes de conserve sans étiquette, des légumes ou des fruits parfois pourris quand elle ne les avait pas retrouvés assez tôt.

Ensuite, quand elle avait enfin fui Bishop, elle avait erré d'hôtels en motels, de meublés en appartements qui ne lui appartenaient pas et qu'elle squattait tandis que les propriétaires étaient partis en vacances ou se trouvaient en déplacement d'affaires.

Shaw curieusement, lui avait inventé un appartement au cours de ses simulations. Un très bel appartement. Root avait trouvé l'idée étrange quand elle l'avait découvert. Elle avait surtout été stupéfaite par le soin et l'attention que Shaw avait pris à construire cet appartement, à l'agencer, à le décorer, à le conformer à ce qu'elle avait imaginé être l'appartement idéal dans lequel Root aurait habité. Il reflétait sa personnalité. Ce que Shaw en savait, ce qu'elle devinait ou présageait de ses préférences, de ses occupations quand elle se retrouvait seule chez elle. Shaw sous son apparente indifférence avait créé un lieu, un univers que Root avait adoré, même si elle y aurait apporté de menues modifications et qu'elle y eût au moins ajouté un grand balcon ou une terrasse. Elle aimait se rendre dehors, s'accouder à une balustrade et contempler la vue qui s'offrait à elle. Une ville, la montagne, la mer, la forêt, peu importait. Elle avait détesté Bishop, cette ville posée à plat dans la poussière, ses rues droites et ses maisons basses. Son regard se heurtait toujours à la même chose, aux mêmes maisons. Elle étouffait.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant