Chapitre XCII : Les fantômes du lieutenant Brown

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Élisa Brown regardait fixement son téléphone quand on frappa à sa porte et que celle-ci s'ouvrit avant même qu'elle n'eût répondu

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Élisa Brown regardait fixement son téléphone quand on frappa à sa porte et que celle-ci s'ouvrit avant même qu'elle n'eût répondu.

1.27 PM, lisait-elle sur l'écran.

Ils avaient quitté le Motel 6 de Charleston à huit heures douze, étaient arrivés au chalet à dix heures trente-six ou trente-huit, elle ne se souvenait pas. Brown avait ensuite, sur l'ordre de Root, rejoint la terrasse et elle y était restée en faction trois quarts d'heure.

Après cela... Comme à chaque fois qu'elle avait été plongée dans une situation de combat, le temps avait cessé de répondre aux lois de l'univers, à la course du soleil ou à celle de la lune. Il s'était distendu. Indéfiniment. Si on lui avait demandé combien de temps avait duré la bataille du chalet, elle eût spontanément répondu une heure et demie, peut-être deux. Et puis, il y avait eu l'après-bataille, son rôle d'interprète auprès de Shaw, l'intervention chirurgicale opérée sur Anna Zverev.

Le temps définitivement suspendu.

Il lui semblait que la jeune Russe avait chanté le répertoire complet des chants traditionnels Russes. Brown l'entendait encore fredonner dans l'oreillette qu'elle ne s'était pas encore décidée à retirer. Ensuite, le capitaine Shaw avait encore extrait le traqueur que portait le flic d'Anchorage et l'hélicoptère les avait emmenées au Walter Reed. Shaw s'était endormie à ses côtés. Elle lui avait demandé de veiller sur elle...

L'arrivée à Bethesda l'avait brutalement rejetée du monde parallèle dans lequel elle se mouvait depuis le premier coup de feu tiré par Anna Zverev. Le temps s'était brusquement emballé, douloureusement contracté. Les blessés avaient été évacués, Shaw avait donné des ordres, des soldats étaient venus en prendre auprès d'elle. Elle avait préparé l'arrivée du deuxième hélicoptère, s'était assurée de la sécurité des quartiers qui leur étaient réservés, avait passé en revue la composition du personnel, organisé la mise au secret et la surveillance de Lambert quand il débarquerait. Elle avait aussi vérifié que ses hôtes ne manqueraient de rien et pris des dispositions pour loger les deux flics d'Anchorage. Les autres réintégreraient les chambres qu'ils occupaient auparavant, aménagées ou pas, selon ce que nécessiterait leur condition physique. Enfin, elle s'était retrouvée seule dans son bureau et s'était affalée sur le dossier de sa chaise. Shaw l'avait contactée via son oreillette, Brown avait écouté sa requête et quand Shaw avait coupé la communication, Élisa avait sorti un téléphone de l'un de ses tiroirs et l'avait allumé.

Une heure vingt-sept PM.

Comment était-ce possible ?

Elle calculait et recalculait les heures de départ, les temps de trajets entre Charleston et le chalet, entre le chalet et Bethesda et il lui restait, au maximum, un trou de trente-cinq minutes. Trente-cinq minutes entre le premier tir et le décollage de l'hélicoptère qui les avait ramenés, elle, le capitaine Shaw et les blessés.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant