Chapitre LXVI : Liaisons sous haute tension

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Les Mebêngôkres agitaient les mains en direction de l'appareil qui s'élevait prudemment au-dessus du village

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Les Mebêngôkres agitaient les mains en direction de l'appareil qui s'élevait prudemment au-dessus du village. Dans moins d'une minute, Root d'un coup de manche, aurait légèrement penché l'appareil et il disparaîtrait derrière les grands arbres, emportant les cinq Blancs et Meikâre qui avait exigé de partir avec eux.

Djyti pensait déjà au départ. Les femmes Blanches les avaient mis en garde et leur avaient conseillé d'abandonner le village, de se disperser. Le village se situait pourtant à un bon emplacement, les cultures promettaient d'être abondantes et une bonne part des récoltes ne devait avoir lieu que dans plus d'un mois. Tout ce travail pour rien. Mais les femmes avaient promis de publier les résultats de leurs enquêtes. Maria de rendre un rapport qui atterrirait non seulement sur le bureau de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme, mais aussi sur celui de Miguel Obrigas, son ami délégué par l'OIT à Altamira, sur celui d'honnêtes députés brésiliens, sur celui de non moins honnêtes membres du Congrès américain et d'un tas d'ONG qui travaillaient dans la région. Root et Sameen avaient de leur côté promis de publier un dossier complet, illustré par les nombreuses photos qu'elles avaient prises au cours de leur séjour. Illustré par les photos que Shaw du haut de son arbre-observatoire avait prises. Celles de mercenaires Blancs prenant en otage la population d'un village. Qui les menaçaient de leurs armes. Ses photos seraient aussi versées comme pièce à conviction dans le rapport présenté par la jeune Mexicaine.

Na et le chaman pensaient aux trois femmes que le destin leur avait amené. Elles étaient toutes trois venues remplies de bonnes intentions et la violence était née sous leur pas. Elle avait menacé de les emporter, non seulement elles, mais aussi tous les Mebêngôkres. Une alliance improbable entre deux Blanches et deux guerriers du Peuple des Eaux, entre deux hommes et deux femmes, avait sauvé le village, écarté la menace. Mais la paix avait été brisée. Il faudrait du temps aux Mebêngôkres pour la ramener dans ces lieux, dans le cœur de ceux qui avait subi la violence de l'occupation. Les trois jeunes femmes emportaient avec elles le danger, pour l'affronter ailleurs.

L'esprit contre lequel elles se battaient n'avait pas été vaincu malgré la victoire remportée.

Na pensa à Root et souhaita que la source de son dévouement ne se tarît jamais, qu'elle trouvât à jamais la force d'en faire jaillir les flots, de soutenir ceux qu'elle aimait, ceux pour qui elle était prête à tout donner, sans jamais compter ni jamais rien demander en retour.

Jabouti retenait ses larmes, Alma lui manquerait. Le départ de la petite fille pour une destination incertaine dans un monde que la jeune fille soupçonnait rempli d'ombre lui avait brisé le cœur.

Mayalú chantait doucement pour Shaw. Elle s'était prise d'affection pour son modèle. Si seulement ses peintures pouvaient être permanentes. Mais celles-ci s'effaceraient et dans quelques jours, elles ne seraient plus qu'un souvenir. Mayalú priait pour que ses peintures ne disparaissent pas, qu'elles s'enfoncent dans les profondeurs du corps de Shaw. Que sous sa peau, elle perdurent éternellement, qu'elles la protègent des mauvais esprits et lui apportent force, courage et sérénité.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant