Chapitre CI : Colère, ressentiment, peine et contrition

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 Le lendemain de l'accident, le bruit lancinant de la hache débitant du bois réveilla Root

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Le lendemain de l'accident, le bruit lancinant de la hache débitant du bois réveilla Root. Elle s'habilla et descendit. Elle trouva Lee à la cuisine occupé à préparer un plateau de petit déjeuner. Il l'accueillit aimablement.

— Gen et Alma sont en bas, expliqua-t-il. Shaw a installé le vidéoprojecteur. Elle nous a chargés de veiller sur Alma jusqu'à ce qu'elle revienne.

— Mmm, c'est bien. Tu peux me mettre de l'eau à chauffer ?

— On a été nuls hier, déclara piteusement Lee. Heureusement que toi et Shaw étiez là.

— On fait tous des erreurs Lee, le tout est de ne pas les répéter, et puis tout s'est bien terminé. De plus, si vous vous êtes montrés imprudents en laissant Alma sans surveillance, vous avez ensuite pris de bonnes décisions. Tu es resté, Gen est venue me chercher, c'était une bonne initiative. J'aurais juste aimé que vous ayez vos téléphones sur vous.

— Euh...

— Je sais... Une idée de Gen, elle ne voulait pas qu'on la trace. Tu veux un conseil, Lee ? N'écoute pas toujours les filles, surtout si elles sont en colère.

— Je n'oublierai pas.

Le garçon fila. Root se prépara un thé et partit le boire au bord de l'eau. Elle remonta ensuite à la villa et partit retrouver Shaw. Elle ne la trouva pas. La hache sonnait quelque part dans la forêt.

— Elle est partie quand elle a su que j'étais réveillée ? demanda Root qui connaissait déjà la réponse qu'allait lui donner Athéna.

— Oui, désolée, elle m'a demandé de la prévenir, je pensais qu'elle voulait te voir.

— Mauvais calculs ?

— Oui... Un de plus.

— Tu fais de l'humour ? Ou tu culpabilises ?

— Les deux.

.

Trois jours passèrent. Trois jours durant lesquels Shaw s'occupa jalousement d'Alma. Trois jours durant lesquels, elle esquiva toute autre compagnie que celle de la petite fille. Trois jours durant lesquels, elle refusa toute discussion et tout contact avec Root. Trois jours durant lesquels, si les enfants n'avaient pas été présents, Root eût pensé devenir folle. Sameen la fuyait et Khatareh, depuis que Root avait voulu lui parler, se montrait franchement hostile. L'entrevue, quand enfin Root avait pu en avoir une, avait été très courte. Elle avait attendu que l'universitaire fût seule pour venir s'asseoir en face d'elle sur la terrasse couverte. Un lieu qu'affectionnait particulièrement le professeur.

Depuis qu'elle avait terminé ses examens, Genrika n'y venait plus que rarement, en général pour disputer des parties d'échec. L'endroit était parfait pour réfléchir, on pouvait se couper entièrement du monde si on voulait. Les vitres étaient isophoniques et quand elles étaient fermées on n'entendait plus aucun bruit, qu'il vînt de l'intérieur ou de l'extérieur de la maison. L'universitaire pouvait y travailler dans le calme et le silence. Généralement, elle ouvrait les baies donnant sur l'extérieur. Elle jouissait alors de la brise, de l'air et des odeurs. Les bruits de la forêt ne la dérangeaient pas. Elle aimait aussi, quand elle faisait une pause, s'évader. Le paysage qui s'offrait à elle quand elle relevait les yeux, lui donnait cette possibilité. La forêt, les eaux du lac qui changeaient de couleurs au fil des heures ou au gré de la météo libéraient son esprit des tensions qui s'y accumulaient quand elle travaillait. L'irruption de Root la contraria et Khatareh l'avait accueillie avec suspicion. La jeune femme désirait lui parler. Elle ne savait d'elle que ce qu'elle en avait entendu lors conversations qu'avaient pu avoir les enfants et les deux hommes avant son arrivée. Peu de choses à la vérité.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant