Chapitre LII : Le dossier Belo Monte

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Shaw serrait les dents. Elle se sentait vidée par trois jours de voyage presque ininterrompu. Elle avait repoussé l'idée de passer une nuit à Amsterdam, et après trente-sept heures de vol, une escale de trois heures à Rio de Janeiro, écarté l'idée de se poser une journée dans un hôtel confortable de São Luis. Root n'avait émis que des suggestions et au plus vite répondu à son empressement à arriver à destination. Elles avaient à peine attendu une heure avant d'embarquer à Amsterdam et un 4x4 les attendait à la sortie de l'aéroport de São Luis.

Elle avait cependant refusé de se rendre d'une traite à Redenção dans la province de Para. Il leur faudrait dix-sept heures de route poussiéreuse à parcourir pour rejoindre la ville et Shaw n'était pas en état de conduire. Le décalage horaire ne manquerait pas non plus de faire sentir ses effets et de toute manière, Root ne pouvait pas rester éveillée dix-sept heures au volant d'un 4x4 sans dormir. Elle avait annoncé à Shaw qu'elles feraient une halte à mi-chemin à Grajaú, et que c'était non négociable. Shaw avait hoché la tête, consciente qu'il ne lui eût servi à rien de discuter.

Root les avaient conduites dans un petit hôtel, plus luxueux si on pouvait le dire, que ceux qu'on pouvait trouver dans la petite ville. Elle avait monté les bagages et était ressortie aussitôt prétextant aller chercher à boire et à manger.

Shaw s'était affalée sur un des lits et avait allumé la télévision. Après avoir vainement cherché des chaînes de divertissements, de sport ou de cinéma, elle s'aperçut qu'elle devrait se contenter de deux unique chaînes locales et, contrariée, elle éteignit la télévision. Elle avait envie de dormir et se sentait la bouche pâteuse. Il faisait chaud et humide. Heureusement, la climatisation fonctionnait et ne se montrait pas trop bruyante.

Elle se releva, attrapa sa trousse de toilette, une serviette et un change. Quand elle était sortie de la douche coincée derrière les toilettes de la minuscule salle d'eau, elle s'était retrouvée face à son reflet dans la glace et elle avait serré les dents.

Ce n'était pas tant sa tête de boxeuse qui avait provoqué cette réaction, mais ses cheveux, ou plutôt, son absence de cheveux. Les Français lui avaient rasé l'arrière de la tête pour soigner les plaies qu'elle portait sur le derrière de celle-ci. Puis, sans rien lui demander, ils lui avaient rasé le reste. Elle avait l'esprit occupé à tout oublier à ce moment-là et elle n'avait pas réagi. Personne ne lui avait non plus fait de remarques plus tard, pas même Root. Elle lui avait seulement tendu une casquette en arrivant à Rio de Janeiro.

Shaw n'avait pas voulu voir à quoi elle ressemblait et elle avait, depuis son départ d'Erbil, évité de se regarder dans une glace. Elle venait de se faire surprendre. Elle avait une tête de repris de justice, de prisonnier de guerre, d'esclave. Elle donna un violent coup de poing et le miroir se fendilla au point d'impact.

— Sam ? fit aussitôt la voix inquiète de Root derrière la porte.

Shaw expira lourdement.

— Sam ? Ça va ? Je peux entrer ?

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant