Chapitre XC : La naissance d'une vocation

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Il s'était écoulé à peine un quart d'heure depuis qu'Anna Borissnova Zverev avait ouvert les hostilités

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Il s'était écoulé à peine un quart d'heure depuis qu'Anna Borissnova Zverev avait ouvert les hostilités. Exactement quatorze minutes et cinquante et une secondes. Les probabilités de survie de l'équipe baissaient à une vitesse inquiétante.

Athéna avait pris des dispositions de sécurité. Elle n'en avait informé ni Root ni Shaw.

Elle savait que Root n'eût formulé aucune objection et eût plutôt approuvé sa prudence, mais Root n'eût pas compris qu'Athéna lui demandât de ne pas en parler à Shaw, de garder le secret. Elle eût voulu savoir pourquoi et quand Athéna lui eût expliqué, Root eût alors émis des réserves. Par égard pour Shaw. Pas pour les dispositions prises, mais pour la mise à l'écart de Shaw.

Les simulations avait montré que, si jamais les dispositions d'Athéna s'avéraient nécessaires, Shaw n'apprécierait pas de devoir s'éclipser, de se voir obligée d'abandonner son équipe à un moment où se compétences médicales seraient certainement utiles, parce qu'il était improbable qu'aucun membres de leur équipe ne fût blessé à la fin de l'assaut, à un moment où Shaw estimerait qu'il était son devoir de soigner. Shaw se sentait responsable aussi bien de Root que de Maria Alvarez, de Lionel Fusco, des deux militaires comme des Russes, de Sanders même si elle ne la connaissait pas. Shaw n'était pas seulement une combattante, elle était médecin et si elle veillait sur ses coéquipiers au milieu des combats, elle veillait aussi sur eux après.

Reese avait souvent bénéficié de ses compétences, et si Root n'avait que très rarement fait appel à ses talents, Shaw n'avait pas apprécié qu'elle ne la consultât pas quand elle avait eu besoin de soins, parce qu'à ses yeux cette attitude révélait que Root ne lui faisait pas confiance et doutait de ses compétences. Jamais elle n'eût imaginé que Root n'avait pas voulu s'imposer, qu'elle avait craint de ne pas pouvoir résister à ses élans. Qu'importait si Shaw était resté professionnelle et distance, Root avait eu peur. Peur de ce qu'elle eût fait si elle avait eu trop mal, si elle s'était retrouvée sous l'influence de calmants ou d'analgésiques, si Shaw avait posé ses mains sur sa peau nue, si elle s'était montrée trop attentionnée, trop douce. Root n'avait pas voulu jouer avec le feu, courir le risque de commettre une bévue et d'essuyer un rejet net et cassant. Flirter, plaisanter, était une chose qu'elle maîtrisait, qu'elle contrôlait. Faire de grandes déclarations, dévoiler ses sentiments et se laisser aller à des gestes tendres qu'elle ne contrôlait pas en était une autre. Bien trop dangereuse. Car si ensuite Shaw ne la fuyait pas définitivement, Root savait qu'elles se verraient toutes les deux obligées de mentir. Root prétendrait que la tendresse qu'elle éprouvait n'existait pas, Shaw ferait semblant de la croire et Root ferait semblant de ne pas savoir que Shaw savait exactement ce que Root attendait d'elle. Voilà pourquoi Root avait préféré se rendre dans des hôpitaux ou chez des médecins accommodants. S'abandonner des mains qui l'indifféraient.

Depuis février, Athéna avait enregistré beaucoup de changement dans le comportement de Shaw. La jeune femme n'avait pas fondamentalement changé, mais elle avait prêté plus d'attention à ses sentiments et elle avait arrêté de fuir systématiquement les émotions auxquelles elle se retrouvait confrontée. Les siennes comme celles des autres. Elle avait recueilli gentiment Genrika en pleurs contre elle, apporté du réconfort aussi bien à la jeune fille, qu'à Root, Alma ou Maria Alvarez qui la déstabilisait pourtant. Elle s'était montrée plus amicale et plus proche de ses coéquipiers, attentionnée et très psychologue avec Anna Borissnova Zverev et Élisa Brown. Elle n'avait pas repoussé ses émotions face à Ian Lepskin et elle avait adouci les derniers instants du soldat martyrisé. Elle avait surtout étonné Athéna quand elle avait cherché à savoir si Root souffrait psychologiquement de son passage entre les mains de Gabriel Hayward. Athéna savait que Shaw s'inquiétait, mais qu'elle était aussi très pudique et très réservée et que, malgré elle, parce qu'elle détestait qu'on lui posât des questions sur sa vie privée, qu'on cherchât à connaître son passé, à savoir ce qu'elle ressentait, elle attribuait ces mêmes sentiments aux autres. Shaw aimait sincèrement Root et elle pouvait s'inquiéter pour elle, Root la connaissait et savait répondre à ses attentes tout en préservant sa sensibilité. Parce que Shaw était dotée d'une grande sensibilité et que Root respectait celle-ci. Elle avait su rassurer Shaw, lui expliquer honnêtement ce qu'elle avait vécu. Shaw l'estimait et lui accordait une confiance quasi aveugle. Avec elle, elle osait s'aventurer sur des terrains qu'elle ne maîtrisait pas. Root avait un don pour les relations humaines et elle l'aimait. Elle savait aller la chercher quand Shaw ne savait plus où diriger ses pas et l'amener là où elle voulait aller sans que Shaw ne se prît les pieds dans des chausse-trappes. Shaw avait souvent pleuré, avec elle, dans les bras de Root et même une fois dans ceux de Reese. Elle avait aussi su se confier. À elle, évidemment, au cours de leurs séances de méditation, mais aussi à Root à qui elle avait avoué des peines et des souffrances très profondes. Plus incroyable encore, elle avait confié une partie de ses peurs à Maria Alvarez. Elle avait su s'ouvrir à des personnes étrangères au trio très soudé que formaient Shaw, Root et Athéna. Elle avait parlé à Maria Alvarez.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant