Chapitre XXI : Un appel du passé

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Sa soirée fut sinistre. Incapable de lire, de travailler, elle se morfondit dans un fauteuil pendant deux heures avant de se résoudre à monter se coucher. Elle aurait dû sauter de joie après cette journée, nager en plein bonheur. Elle avait enfin atteint le but qu'elle s'était fixée quatre ans auparavant avec Athéna, puis un autre, poursuivi depuis trois ans avec Shaw. Et, là ? Pff, elle se sentait déprimée. Elle s'enfonça la tête sous les couvertures et s'efforça de ne plus penser à rien. Root avait oublié combien sa journée avait drainé son énergie. En à peine douze heures de temps, elle avait appris que Samaritain assassinait et torturait des gens qui avait compté pour Shaw, elle s'était vue gratifiée d'une balle, de cinq orgasmes et d'un coup poing qui lui avait brisé le nez. Elle avait codé pendant sept heures, plongé et nagé dans une eau à moins de quatorze degré, manqué de se faire écraser par un puissant pick-up et elle se retrouvait seule dans son lit comme une âme en peine. Épuisée. Elle s'endormit dès qu'elle ferma les yeux.

Shaw ne se portait pas mieux que Root. Elle n'avait pas supporté de devoir donner des noms, de se confronter à l'idée que des gens comptaient pour elle, qu'elle comptait ou avait compté pour ces mêmes gens. Des gens qu'elle avait fini par abandonner, par laisser derrière elle. Shaw s'était toujours targuée d'être loyale. Ces gens l'avaient aidée d'une manière ou d'une autre et en remerciement, elle leur avait offert son indifférence, sa morgue. Une mort atroce. Et la seule personne qu'elle n'avait pas encore laissé tomber comme une merde, elle venait de lui exploser le nez. Shaw se haïssait... et se sentait responsable. De tout. De la mort atroce que Samaritain avait infligée à Janet, à Éphrem, au docteur Furlong, à Chouvaloff et à Korotkov, de la peine d'Anna Borissnova, de la mort de sa famille, de la mise en danger de personnes innocentes, de ses trahisons, de son égoïsme, de son sale caractère. Comment rattraper ces désastres ? Comment se faire pardonner ? Méritait-elle seulement d'être pardonnée ? Elle n'avait pas le droit de glisser encore une fois. Elle supplia Athéna de l'aider. C'était inutile. Inutile de la supplier, Athéna l'aimait, si Shaw l'acceptait, elle se tiendrait toujours à ses côtés, elle ne l'abandonnerait jamais.

Leur séance oscilla entre désespoir, fureur et renoncement, jusqu'à ce que Shaw peu à peu cessât de se complaire dans la culpabilité et la haine d'elle-même, qu'elle portât un regard plus lucide sur son histoire, sur ses choix, sur ses erreurs, qu'elle acceptât de les assumer et de reconnaître que parfois, elle avait judicieusement agi et qu'on ne pouvait pas toujours exercer un contrôle total sur sa vie. Athéna dut enfin régler avec elle un dernier point. Son altercation avec Root. Shaw ne se pardonnait pas de l'avoir frappée, de lui avoir intentionnellement voulu du mal et d'en avoir conçu du plaisir.

— Sameen, tu te conduis comme une enfant. Cela ne sert à rien de ruminer ta culpabilité, va la voir et excuse-toi. Root ne t'en voudra pas, d'ailleurs elle s'est vengée, elle n'avait pas besoin de te frapper, vous êtes à égalité.

— C'est...

— Tais-toi, règle ce problème avec elle et ne cherche pas à m'impliquer. Pas pour ce genre de différend et surtout pas si cela vous concerne toutes les deux.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant