Chapitre LXXX : La faille

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Trois heures plus tard, Shaw naviguait dans les méandres de sa pensée et de ses souvenirs

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Trois heures plus tard, Shaw naviguait dans les méandres de sa pensée et de ses souvenirs. En seiza, au pied de son lit, le visage inondé par la sueur, elle luttait avec acharnement contre la colère, le désespoir et la culpabilité.

.

La soirée l'avait battue en tous sens. Les vidéos et les titres salaces. Alvarez au bout de son bras. Brown, le visage et les avant-bras tuméfiés par les coups qu'elle lui avait assenés. Les soins donnés ensuite. Elle s'était retrouvée au bord du précipice, à deux doigts de s'effondrer. Une nouvelle fois, deux nouvelles fois. Quand d'abord, elle avait défait le pansement d'Alvarez sur son abdomen, qu'elle avait vu s'étaler le « S », qu'il lui avait une nouvelle fois sauté au visage. Maria l'avait doucement appelée quand elle n'avait plus senti ses doigts sur elle.

— Sameen...

— Maria, avait soufflé Shaw.

— Il y a quelque chose ? demanda Alvarez craignant une complication.

— Non, non, s'était reprise Shaw.

Elle avait lavé le sang qui coulait, retiré les points arrachés et doucement restauré la plaie, luttant contre le désespoir.

— Vous avez les mains douces, avait soudain déclaré Alvarez.

Shaw avait serré les dents. En temps normal, elle eû vertement rabroué Alvarez pour s'être fendue d'une telle déclaration. Elle s'était sentie horriblement oppressée, coupable d'avoir entraîné la jeune femme dans cette aventure. Le « S » lui agressait les yeux, clamant haut et fort sa responsabilité, sa culpabilité. Quand elle se fut assurée que Maria bénéficiait de tout ce dont elle avait besoin, après avoir réglé sa perfusion, appelé un infirmier et lui avoir donné des instructions, elle avait quitté la chambre sans même saluer la jeune femme. Elle ne voulait pas l'entendre la remercier, lui exprimer sa reconnaissance.

Elle allait fuir au hasard quand un homme qui visiblement l'attendait lui annonça que le docteur Chakwass la demandait au bloc opératoire et que le lieutenant Brown lui avait donné l'ordre de l'escorter jusqu'au bloc. Shaw avait tout d'abord rechigné. Elle s'apprêtait à partir quand le garde lui déclara :

— Le lieutenant Brown m'a ordonné de prononcer un mot au cas où vous refuseriez de me suivre.

— Tant mieux pour elle, avait répliqué Shaw en s'éloignant.

— Root.

Le mot, le nom, s'était répercuté contre les murs du couloir. Shaw s'était figée. Root. Elle s'était retournée.

— Je vous suis.

.

Les deux heures suivantes avait fini de briser Shaw.

Root était déjà sous anesthésie quand elle avait rejoint le bloc. L'examen, les conclusions de celui-ci, l'opération. Shaw s'était montrée professionnelle, Chakwass lui avait souvent jeté des coups d'œil pour s'assurer qu'elle restait efficiente. Élisa Brown était elle aussi présente. Elle surveillait Shaw. Shaw n'avait pas protesté, l'officier n'était pas là pour jouer au garde chiourme, mais pour lui apporter un soutien moral. Elle s'était montrée discrète et Shaw lui fut reconnaissante d'être venue, d'être l'officier responsable, d'avoir été choisie pour cette mission. Quand Root fut conduite en salle de réveil, Shaw avait demandé à Brown de l'accompagner jusqu'à sa chambre. L'officier avait hoché la tête et marché silencieusement à ses côtés. Elle n'était pas rentrée avec Shaw dans sa chambre. Elle lui avait seulement déclaré :

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant