Chapitre 1

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Le Dr David Dreyfus fut le plus populaire des médecins généralistes de la capitale française. Tout le monde l'enviait grâce à son professionnalisme et à son physique. Ses cheveux bruns frisés et ses yeux verts faisaient son charme. Il rencontra Rachel Cohen à un grand gala dont il tomba très vite amoureux. Il l'épousa en 1928, puis le couple s'installa dans un grand appartement lumineux et luxueux avec vue sur la tour Eiffel. De cette union, naquit la petite Sarah. Cette dernière n'hérita pas des cheveux noirs et des yeux marrons de sa mère, mais elle prit tout de son père jusqu'à son caractère. Ils étaient tous les deux têtus. Cette famille juive rencontra à nouveau le bonheur avec la naissance d'Alexandre en 1931. Cette fois-ci, Rachel eut droit à son sosie.


Sarah et Alexandre grandirent dans la joie et dans le bonheur jusqu'en 1939. La jeune fille faisait souvent du shopping, elle allait à la patinoire ou à la piscine. Elle restait rarement chez elle et trouvait toujours une activité à faire à l'extérieur par peur de s'ennuyer. Les amis de Sarah l'enviaient beaucoup et l'adolescente ne pouvait pas s'empêcher d'exposer ses richesses aux yeux de tout le monde. Elle avait besoin qu'on sache qu'elle était la fille du Dr David Dreyfus. Il était à la fois son idole et son modèle. Elle rêvait de devenir médecin comme lui. Non seulement pour avoir un si bel appartement lumineux et luxueux comme ses parents, mais aussi pour sauver de nombreuses vies. Elle voulait être à son tour un héros. Et pour cela, il fallait qu'elle travaille dur. Elle revenait souvent de l'école avec de très bonnes notes contrairement à son petit frère qui n'apprenait jamais ses leçons. Il voulait juste être musicien. Pour lui, il n'avait pas besoin d'apprendre les mathématiques et le français. Il jouait de la guitare à longueur de journée, et cela avait le don d'énerver leur père qui aurait voulu qu'Alexandre fasse autre chose de ses dix doigts. Leur mère Rachel était moins autoritaire que lui. Elle passait son temps à essayer de nouvelles robes et à prendre soin de son corps. Elle se moquait totalement si Alexandre allait devenir riche ou pas. Selon elle, il était bien libre de faire ce qu'il voulait. Au final, le père de famille n'avait pas son mot à dire. De toute façon, il n'était jamais à la maison, il passait sa vie au travail. En semaine, sa famille le voyait juste le soir pour dormir et manger. Autrement, il se consacrait au golf le Week end. Son épouse et son fils ne cessèrent de lui reprocher ses absences contrairement à Sarah qui n'y voyait aucun défaut parce qu'il était médecin.


- Papa ne peut pas être partout à la fois, fit-elle remarquer sur un ton sec.


- Il travaille trop, lui rappela Alexandre. Et le peu qu'il est là, il nous délaisse pour jouer au golf. Il ne pense même pas à sa famille !


- Papa sauve des vies. C'est normal qu'il travaille beaucoup. Et il a le droit de jouer au golf pour se détendre. Ce n'est pas un crime !


- Ce n'est pas une vie de passer son temps au travail, même pour soigner des gens, grommela la mère désespérée. Et le golf devrait passer après sa famille !


Sarah qui ne supportait pas les critiques envers son père, ne put s'empêcher de les traiter d'égoïstes, de jaloux et de rageux, puis elle s'enferma dans sa chambre pour calmer ses nerfs. Décidément, ils ne connaissaient rien à la vie. Ils ne pouvaient pas s'empêcher de se plaindre alors qu'ils avaient de l'argent. C'était pour elle le plus important dans la vie. Son père était pas mal absent, mais il leur offrait quand même tout. Sans lui, ils ne seraient pas grand-chose à part être de pauvres mendiants comme sa meilleure amie Rose dont la famille était toujours au bord de la faillite. Sarah se rappela très bien de leur conversation au téléphone le mois dernier.


- Tu as de la chance d'avoir une famille comme la tienne, fit remarquer Rose.


- Pourquoi dis-tu cela ? demanda Sarah intriguée.


- Parce que vous êtes riches contrairement à nous. Vous pouvez vous acheter tout ce que vous voulez. Nous, on ne peut pas. Mon père accumule deux boulots parce qu'il ne s'en sort pas financièrement. Ma mère dit tout le temps qu'on va finir à la rue.


Sarah avait été choquée par ses paroles. Il était évident qu'elle ne voudrait pas vivre dans la famille de sa meilleure amie. Elle pensait même qu'elle en mourrait si ça avait été le cas. Pour elle, on ne pouvait pas avoir une vie heureuse sans argent. C'était impossible. Elle se promit du fond du cœur qu'elle resterait riche jusqu'à sa mort.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant