Chapitre 47

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L'année 1990 arriva. Sarah et Alexander avaient acheté une maison de campagne près de Besançon en Franche Comté. Elle était faite de pierre et de bois. A l'intérieur, il y avait une cuisine aux murs orangés, une salle à manger au papier peint rouge avec divans et télévision, une salle de bain de couleur bleu et trois chambres à l'étage avec lit, armoire et bureau. Le mobilier de la maison était en bois et du carrelage blanc recouvrait le sol. Dehors, le jardin était entouré d'arbres. Le couple pouvait profiter paisiblement de leur retraite. Sarah avait soixante deux ans et Alexander soixante cinq. Vincent ne vivait plus avec eux, il habitait toujours Paris. A l'âge de vingt deux ans, il travaillait à l'aéroport en tant que copilote. Quant à Emma, elle avait dû suivre ses parents en Franche Comté. Alexander avait eu peur qu'elle recommence à traîner en ville pour boire et coucher avec tout le monde. Il n'avait toujours pas confiance en elle. Il s'était dit que la campagne lui ferait du bien et changerait complètement son caractère. Il lui avait même trouvé du travail dans une boulangerie. Agée de vingt ans, la jeune fille aurait voulu retrouver la vie qu'elle avait avant le pensionnat où les règles étaient trop strictes. Elle enviait ses deux frères d'être restés sur Paris. David venait d'avoir trente cinq ans. Il était devenu un des meilleurs médecins de sa génération. Les gens se le déchiraient. En dehors du travail, il profitait de sa famille. Lucas avait maintenant quatre ans. C'était un petit garçon adorable et affectueux. Tout le monde tombait sous son charme. Emma était la seule à l'éviter. Elle ressentait de la jalousie envers lui, elle ne supportait pas qu'il soit devenu le centre de l'attention. Elle refusait d'être une fille banale que les gens délaissent. Pourtant, elle ne faisait aucun effort pour que ça change. Elle se laissait dépérir. Sa vie lui paraissait ennuyante et sans intérêt. Aujourd'hui, elle partit au travail un peu déprimée. Elle vendit son pain comme un automate. Mais quand les clients lui cherchèrent des noises, elle ne put s'empêcher de leur crier dessus. Ses nerfs lâchèrent complètement. Son patron dut la renvoyer.

- Non ! Je vous en supplie ! lâcha-t-elle désespérée. Mes parents vont encore plus me mépriser.

- Je ne changerai pas d'avis. Vous me faites perdre mes clients ! gronda-t-il.

Emma sortit de la boulangerie comme si on lui avait broyé les os. Elle s'assit sur un grand rocher à quelques mètres de là et fondit enlarmes. Elle eut des envies de se jeter dans le Doubs. Un jeune homme de vingt cinq ans gara sa voiture Citroën XM à côté d'elle. Il avait les cheveux blonds et les yeux bleus. Quand il retira ses lunettes de soleil, Emma tomba rapidement sous son charme.

- Pourquoi pleurez-vous comme ça Mademoiselle ? demanda-t-il inquiet.

- Le patron de la boulangerie m'a renvoyée. Je n'étais pas assez bien pour lui, se plaignit-elle. Mes parents vont me tuer.

- Une jolie demoiselle comme vous ne devrait pas travailler. Il faut plutôt vous marier.

- Ah bon ? Mais avec qui ? Je ne vois personne. Je m'ennuie dans ce patelin pourri.

- Avec moi par exemple, proposa le jeune homme.

- Je ne vous connais pas, protesta Emma. On ne peut pas se marier.

- On va d'abord faire connaissance. On va s'éclater ensemble. Vous ne trouverez plus l'ennui.

Cette fois-ci, Emma céda. Il l'invita dans sa voiture pour une grande balade. Ensuite, ils s'arrêtèrent à proximité d'un bois pour faire l'amour sans protection. A partir de ce jour-là, Emma retrouva la vie qu'elle avait avant le pensionnat. Elle passa ses soirées à boire, et à coucher avec tout le monde derrière le dos de son petit ami infirmier, Florent Tournier, qui travaillait toujours de nuit. A sa plus grande joie, elle redevint le centre de l'attention. Au bout d'une semaine, ses parents s'aperçurent qu'elle ne travaillait plus. Ils avaient beau la punir, Emma n'en faisait qu'à sa tête. Elle partit même s'installer chez Florent.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant