Chapitre 51

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L'été 2005 s'écoula. L'orage se déchaîna. Une pluie diluvienne s'abattit sur Paris, suivie d'une averse de grêle. De grosses rafales de vent firent trembler les vitres. Les coups de tonnerre s'enchaînèrent. Ce fut le grand déluge. Je ne peux pas rentrer chez moi, se dit mentalement Vincent. Je dois attendre que le temps s'améliore. Abrité sous le toit de l'aéroport, il ne risquait absolument rien. Il venait de revenir de Sydney quand le ciel s'était assombri. Il eut soudainement une grande détonation. La foudre venait de tomber à proximité du bâtiment. Les murs tremblèrent et une fumée rouge apparut de l'autre côté des vitres. L'orage fut de plus en plus violent. Je ne suis pas prêt de rentrer, pensa Vincent sans aucun signe de déception. Il n'était pas pressé de retrouver sa vie de famille. Il se lassait surtout de Mathilde. Il faisait tout pour l'éviter. Il ne supportait plus ses caresses. Son corps de femme le dégoûtait. Il trouvait une excuse à chaque fois qu'elle lui proposait de faire l'amour. Il ne comprenait absolument pas ce qu'il lui arrivait. Mathilde avait pourtant le profil de la femme idéale. Elle lui offrait tout son amour et s'occupait bien de la maison et de leur petite fille âgée d'un an. Vincent aurait dû en être heureux, mais au lieu de ça, il en déprimait. Il se sentait pris au piège dans ce mariage qui n'avait rien pour être désastreux. Il devait sans doute avoir un problème à l'âge de trente sept ans. Faisait-il une crise de la quarantaine avant l'heure ? Il sortit de ses pensées lorsqu'il réalisa que l'orage s'éloignait. Il allait pouvoir rentrer chez lui. Il mit plus de temps sur la route à cause de la pluie qui avait du mal de se calmer. Arrivé à la maison, il se fit accueillir par Mathilde. Chloé dormait déjà. Il embrassa en vitesse sa femme sur la bouche, tout en essayant de camoufler son dégoût.

- Tu m'as énormément manqué, lui murmura-t-elle à l'oreille.

Vincent déposa sa valise dans leur chambre. Il se rechangea sous l'œil admiratif de Mathilde.

- Tu es trop beau. J'ai envie qu'on fasse l'amour.

- Pas maintenant, protesta Vincent. Je suis fatigué.

- Repose-toi mon ange. On le fera à l'aube. J'ai envie d'un bébé.

Vincent en eut la nausée. Il était hors de question qu'il fasse un autre enfant avec cette femme qu'il n'aiment plus comme avant.

- Je ne veux pas d'un autre bébé, lui dit-il. Chloé me suffit. Je suis tout le temps absent pour le travail.

- Ce n'est pas grave, insista Mathilde. Je suis à la maison. Je peux m'occuper de deux enfants.

Elle avait arrêté de travailler pour pouvoir élever Chloé. Vincent ne céda pas à son caprice. Le couple se disputa pendant une bonne heure. Vincent finit par y mettre fin en s'enfermant dans la salle de bain.

Trois mois plus tard, le jeune homme s'absenta encore plus longtemps qu'avant. Il avait demandé à sa compagnie de lui attribuer les plus grands vols. Cela lui permettait d'éviter le plus possible sa femme. Malheureusement, il avait dû changer plusieurs fois de copilotes pour différentes raisons : maladie, indisponibilité et congés payés. Ce matin, il fit la connaissance de Benjamin Maillet, celui qui le secondera au pilotage de l'avion. Dès son arrivée dans le cockpit, Vincent tomba immédiatement sous son charme. C'était un homme séduisant aux cheveux dorés et aux magnifiques yeux verts. Il était musclé et il avait trente cinq ans. Il mesurait un mètre soixante dix huit. Vincent eut envie de le toucher et de le caresser. Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Son copilote n'était pourtant pas un jouet. Vincent essaya de se concentrer sur sa voix afin d'oublier cette envie. Mais ce fut l'effet inverse. Il voulait encore plus se rapprocher de lui. Sa voix douce l'hypnotisait et faisait battre son cœur encore plus fort. Il perdait complètement pied lorsqu'il se trouvait dans la même pièce que lui. Il en rêvait la nuit. Les jours passèrent et il se rendit compte qu'il était tombé amoureux d'un homme. Il n'aimait plus Mathilde. Il n'avait jamais pu garder de petite amie longtemps. Le corps des femmes le dégoûtait à chaque fois. Aujourd'hui, il en connaissait enfin la raison. Il était homosexuel. Libéré de ses angoisses, il finit par quitter sa femme en lui demandant le divorce.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant