Chapitre 20

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Ce 24 juin 1956, Sarah, âgée de vingt huit ans, était en train de préparer le gâteau d'anniversaire de son mari avec sa fille de six ans, un délicieux moelleux au chocolat. David, étant trop jeune pour y participer, se contenta de les regarder depuis son fauteuil avec ses voitures à portée de main. La mère de famille jeta un sourire à son bébé, puis elle eut un léger pincement au cœur lorsqu'elle se rendit compte qu'il grandissait trop vite. Il avait déjà un an et sa ressemblance avec son père devenait de plus en plus flagrante ; même cheveux bruns, même yeux marrons couleur noisette et même traits fins au visage.


- Maman, appela Rose. Quel âge va avoir papa ?


- Euh... Quarante trois ans, répondit Sarah un peu perdue dans ses pensées.


- Il est vieux.


- Mais non, c'est encore jeune, quarante trois ans !


Peu convaincue, la fillette fit la moue. Sarah n'y prêta pas attention, elle prit le gâteau dans ses mains, puis le glissa dans le four. Il ne restait plus qu'à attendre la fin de la cuisson. En attendant, elle nettoya son plan de travail. Rose partit s'amuser avec ses poupées dans sa chambre, laissant sa mère seule avec son frère.


- Heureusement que tu es là pour me tenir compagnie, fit remarquer Sarah.


- Maman ! Gâteau ! réclama David.


Sarah lâcha un soupir de désespoir. Son fils restait avec elle uniquement pour manger.


- Pas maintenant, gros gourmand. Il n'est pas encore cuit, lui dit-elle.


La jeune femme sursauta lorsqu'elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elle eut le réflexe de regarder l'horloge murale en bois. Il était encore trop tôt pour que ce soit Lucas qui rentre du travail. Intriguée, elle sortit de la cuisine, prête à affronter ce visiteur tant inattendu. En même pas trois secondes, elle se retrouva pétrifiée sur place, sous l'effet de surprise.


- Lucas, lâcha-t-elle sur un ton faible.


- Oui c'est moi, répondit l'intéressé. Je me sentais fatigué. J'ai préféré rentrer de bonheur.


Il enleva son manteau qu'il suspendit dans la penderie, ensuite il se déchaussa sous le regard inquiet de son épouse.


- Cela ne t'était jamais arrivé avant, fit remarquer Sarah. Tu es sûr que ça va ?


- Tout va bien, ma chérie, lui dit Lucas en l'embrassant sur les lèvres. Je me sens juste fatigué ces derniers mois. C'est sans doute la vieillesse !


- Tu as maigri aussi.


- Oui. Mais je reprendrai vite les kilos perdus. Ne t'inquiète pas.


Lucas entra dans la cuisine, embrassa son fils sur la joue, puis appela Rose pour qu'elle vienne lui dire bonjour. Cette dernière ne tarda pas à rappliquer et se jeta aussitôt dans ses bras. Lucas la fit tourner dans les airs, provoquant des éclats de rire. Mais cela ne dura pas aussi longtemps que la dernière fois. Il tenta de masquer sa douleur, quand il déposa sa belle fille au sol.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant