Chapitre 50

16 1 0
                                    


L'année 2000 venait de commencer. A l'âge de soixante douze ans, les cheveux de Sarah avaient blanchi, mais William la trouvait toujours aussi belle. Il aurait bien voulu se marier contrairement à elle, qui ne voulait pas en entendre parler. Ses précédents mariages lui avaient assez porté la poisse. Malgré ce désaccord, les deux tourtereaux s'aimaient toujours autant. Ils se plaisaient à Thonon-Les-Bains. William continuait de travailler à l'âge de soixante cinq ans. Il ne se voyait pas vieillir et il adorait son métier. Quant aux enfants de Sarah... David avait maintenant quarante cinq ans. Il grisonnait un peu vers les tempes. Il était toujours médecin à Paris. Il vivait heureux avec son épouse et ses deux enfants. Lucas avait quatorze ans. Il travaillait dur à l'école pour devenir un jour médecin comme son père. Tandis que Marie, âgée de six ans, se passionnait pour la danse. Vincent, le deuxième fils de Sarah venait d'avoir trente deux ans. Il était toujours célibataire. Il n'arrivait pas à trouver la femme de sa vie. Soit elles étaient immatures ou soit elles avaient un autre défaut qui ne convenait pas au jeune homme. Du côté professionnel, il travaillait encore chez Air France, mais il était maintenant commandant de bord. Aujourd'hui, il se préparait pour le prochain vol à destination de New York. Il vérifia son poste de travail. Sam Petroski, son copilote, entra seulement dans le cockpit. Il avait une carrure athlétique, ses biceps et ses abdominaux ressortaient sous son uniforme. Il mesurait un mètre quatre vingt cinq. Ses yeux étaient marrons et ses cheveux tiraient sur le roux.

- Tu aurais pu te lever plus tôt ce matin, grommela Vincent. Tu savais qu'on décollait de bonheur.

- Je me suis couché très tard, désolé, s'excusa Sam.

- Tu as encore fait la java ! Tu as de la chance que je ne te dénonce pas. Ce n'est pas du tout recommandé avant un vol !

Malgré leurs désaccords, les deux pilotes s'entendaient merveilleusement bien. Ils aimaient rire. Ils étaient tous les deux de très bons professionnels. Ils arrivaient à ramener des avions à l'aéroport avec des soucis mécaniques et ils savaient traverser des zones de turbulences.

- Combien sommes-nous au décollage ? interrogea Sam.

- Cinq cents passagers, plus les vingt quatre membres de l'équipage, répondit Vincent. Nous avons une hôtesse de l'air qui fait son premier vol.

- Tu l'as déjà vue ?

- Non.

Les passagers furent tous dans l'avion. Des employés retirèrent les passerelles qui reliaient l'avion au sol, puis verrouillèrent les soutes. Les moteurs commencèrent à tourner. Vincent contacta la tour, ils pouvaient enfin décoller. Il souhaita un bon voyage à ses passagers au micro. L'avion se dirigea maintenant vers la piste, puis il s'élança dans le ciel. Une fois que le décollage fut terminé, le commandant de bord put enfin se détendre. Il s'apprêtait à faire son tour dans l'avion quand il entendit une voix de femme se présenter derrière la porte du cockpit. C'était la nouvelle hôtesse de l'air.

-Entrez donc ! ordonna Vincent sur un ton chaleureux.

L'hôtesse les rejoignit dans le cockpit. Son allure de mannequin ne passait pas inaperçue, elle mesurait un mètre quatre vingt deux. Ses cheveux blonds dorés brillaient sous la lumière, ses magnifiques yeux verts hypnotisaient le regard des autres.

- Bonjour commandant, bonjour messieurs, salua-elle avec le grand sourire aux lèvres.

- Bonjour, répondirent les deux pilotes un peu perturbés par sa beauté.

- Je m'appelle Mathilde Rousseau. J'ai vingt deux ans et je fais mon premier vol.

Vincent fut captivé par le ton de sa voix. Cette femme lui plaisait. Ellelui paraissait douce, et sa beauté lui coupait le souffle. Les deux pilotes se présentèrent à tour de rôle. Depuis ce jour-là, Vincent passait beaucoup de temps avec l'hôtesse de l'air. Ils se mirent rapidement en couple. La jeune femme fut aussitôt présentée à sa belle-famille. Mathilde plut immédiatement à Sarah et à Williams. Ils rayonnaient de bonheur de voir Vincent avec une femme. Quant à David, il fut plus réticent. Il avait peur que son frère se soit mis en couple avec elle uniquement parce qu'elle ressemblait à un mannequin. Il ne parlait que de ça. Mais par politesse, David fit semblant d'être heureux pour eux.

En 2003, Vincent et Mathilde s'apprêtèrent à se marier. Sarah et William arrivèrent à la mairie. Il y avait déjà beaucoup de monde. En plus de la famille, Vincent et Mathilde avaient invité des amis et des collègues d'Air France. Des bouquets de fleurs décorèrent la mairie. Le maire prononça son discours, puis mariales deux amoureux. Vincent était séduisant. Il portait un pantalon noir, une veste noire et une chemise blanche, accompagnée d'un petit papillon noir. Quant à Mathilde, elle fut la plus jolie des princesses avec sa grande robe blanche en tulle. Le bustier formait un cœur et le voile cachait à moitié son visage. La cérémonie civile se termina, il y eut des cris de joie et des acclamations. Les mariés suivirent ensuite leurs invités. Ces derniers entrèrent les premiers dans l'église. Le son de l'orgue se fit entendre. Sarah accompagna Vincent jusqu'à l'autel. Peu de temps après, Mathilde rejoignit son amoureux aux bras de son père. Le couple se regardait avec amour et tendresse. Le curé commença son discours. A la fin de la cérémonie, les amoureux se firent la promesse de s'aimer pendant toute une vie. Vincent prit l'alliance. Mathilde le fixa avec adoration, tandis qu'il faisait glisser l'anneau sur son doigt. Lui aussi, la considéra avec passion lorsque ce fut son tour de procéder au geste consacré. Ils échangèrent le baiser. Sarah versa sa larme. Après la messe, les invités sortirent de l'église. Ils acclamèrent les mariés et leur balancèrent du riz. Tout le monde monta dans les voitures. Le cortège démarra, les bruits de klaxons se firent entendre dans Paris. Puis les mariés accueillirent leurs invités dans la salle des fêtes pour un apéritif et un grand repas. Au menu, ils mangèrent du foie gras, un bouillon de légumes, un poulet à la sauce forestière, accompagné de pommes de terre et en dessert, de la pièce montée. Et pour terminer ce mariage, ils dansèrent toute la nuit. David fut soulagé de voir son petit frère très amoureux. Il avait eu tort de s'inquiéter pour ça.

L'année2004 arriva. Vincent et Mathilde annoncèrent à la famille qu'ils allaient être parents. Ils poussèrent tous des cris de joie. Lucas et Marie attendirent l'arrivée de leur cousin avec impatience. Cela dura encore sept mois. Le début de grossesse se passa merveilleusement bien, Mathilde n'eut pas beaucoup de nausées. Elle en bavait plus vers la fin. Elle se déplaçait avec difficulté et les contractions étaient assez précoces. Ce soir, elle eut quelques douleurs à table.

- Je monte m'allonger. Mon dos me fait souffrir, grimaça Mathilde.

- Va te reposer mon cœur, l'encouragea Vincent.

Mathilde se leva de sa chaise, mais elle lâcha brusquement le verre qu'elle tenait encore dans ses mains en poussant un cri de surprise. Une douleur aiguë venait de naître au creux de ses reins. Un liquide tiède et abondant ruissela entre ses cuisses.

- Oh mon Dieu ! Je perds les eaux. Je vais accoucher ! constata-elle angoissée.

Vincent l'emmena rapidement à l'hôpital. Les contractions se succédèrent à un rythme régulier.

- Respire bien, conseilla Vincent.

Une demi-heure plus tard, Mathilde se retrouva dans un lit. Une douleur plus forte lui coupa le souffle. Un gémissement lui échappa. La sage-femme l'examina. Elle écouta le cœur du bébé, palpa le ventre et vérifia l'ouverture de l'utérus.

- Tout va bien, informa-t-elle. Le bébé va arriver.

L'accouchement dura malheureusement plusieurs heures. Mathilde fut à demi inconsciente à force de pousser et de souffrir. La douleur déserta enfin son corps lorsqu'elle entendit les cris du bébé.

- C'est une magnifique petite fille ! s'écria Vincent les larmes aux yeux.

La sage-femme coupa le cordon et déposa le bébé quelques secondes contre la poitrine gonflée de Mathilde. Cette dernière fut incapable de détourner ses yeux du nouveau-né à la peau très rose, la tête couverte d'un duvet brun. On devinait deux prunelles d'un bleu profond. Elle tomba immédiatement sous le charme de sa fille.

- Notre petite Chloé ! Je l'aime déjà très fort, murmura-t-elle.

Vincent versa encore des larmes de joie. Il fut tout ému de voir sa fille contre la poitrine de sa femme. Il réalisa qu'il avait une chance inouïe de les avoir auprès de lui. Il espérait juste que ce bonheur dure.  

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant