Chapitre 48

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Sarah ne se remit pas de la mort d'Alexander et d'Emma. Elle tomba dans une grosse déprime. Elle maigrissait, ses joues se creusaient et ses côtes se voyaient à travers ses habits. Elle ne mangeait pratiquement plus. Elle ne dormait plus et ne sortait plus de la maison. Elle faisait croire à ses fils qu'elle faisait des activités dans le village pour s'occuper. Elle ne voulait pas les inquiéter et les faire venir en Franche Comté. Elle avait besoin d'être seule avec ses sombres pensées. Je n'en peux plus de perdre mes proches depuis Auschwitz. J'ai l'impression de leur porter la poisse. Je suis un oiseau de malheur. Je suis une sale Juive comme dirait Hitler. Je vais refaire une tentative de suicide et cette fois-ci, je ne me louperai pas. Je ne verrai plus personne mourir. Elle broya un moment du noir avant de se décider. Puis elle prit son courage à deux mains et avala plein de somnifères. Ses yeux se fermèrent et ses bras tombèrent contre le matelas. Sa respiration se fit de plus en plus difficile. Elle sombra directement dans un coma. La sonnette de la porte retentit. Lucie Robert, la voisine de Sarah, âgée de quatre vingt ans, attendit tranquillement qu'on lui ouvre. De petite taille et de forte carrure, elle se tint appuyer contre la porte. Cette dernière finit par s'ouvrir toute seule. Surprise, la vieille dame aux cheveux blancs et aux yeux bleus, avança tranquillement dans la maison.

- Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle en remettant correctement son chignon.

Elle fit le tour de toutes les pièces. Son cœur battit la chamade. Il se passait quelque chose d'étrange dans cette maison. Personne ne répondait à sa question et il n'y avait aucun bruit de pas. Elle eut rapidement une intuition qui lui disait que Sarah avait besoin d'aide. Elle se précipita à l'étage et se rendit immédiatement dans la chambre de sa voisine.

- Oh mon dieu ! lâcha-t-elle choquée.

Son cœur fut sur le point de s'arrêter. Elle vit une scène d'horreur. Sarah était allongée sur son lit avec la mine d'un cadavre. Sa cage thoracique ne bougeait pratiquement plus. Il y avait une boite de somnifères sur la table de nuit. Paniquée, la voisine appela sans perdre de temps les secours. Elle leur décrit la tentative de suicide de Sarah. Un quart d'heure plus tard, des ambulanciers arrivèrent dans la maison avec une civière. Ils emmenèrent Sarah à l'hôpital. Après le départ de l'ambulance, Lucie s'apprêtait à rentrer chez elle quand elle croisa les deux fils de sa voisine dans le jardin.

- Bonjour Mme Robert. Comment allez-vous ? interrogea David.

- Bonjour. Pas trop bien. Je suis venue apporter un gâteau à votre mère et je l'ai retrouvée inconsciente dans sa chambre.

Elle leur raconta toute l'histoire. Affolés, les deux frères se rendirent à l'hôpital.

- Nous aurions dû faire notre visite surprise beaucoup plus tôt, regretta Vincent les larmes aux yeux.

Un quart d'heure plus tard, ils poussèrent la lourde porte pour pénétrer à l'intérieur de l'hôpital et se dirigèrent vers le comptoir où se tenait une secrétaire aux cheveux roux. Ils lui demandèrent des nouvelles de leur mère. Après avoir obtenu quelques renseignements sur l'identité de la patiente, la secrétaire leur indiqua la salle d'attente. Un médecin viendra vers eux dans un moment. L'attente fut interminable pour les deux garçons. Vincent pleurait sur son fauteuil, tandis que David tournait en rond dans la pièce, comme un fauve dans une cage.

- Bonjour Messieurs, êtes-vous les enfants de Mme Sarah Muller ? questionna une voix d'homme.

Vincent et David furent à la fois soulagés et angoissés de voir apparaître ce médecin aux cheveux gris et aux grosses lunettes noires. Ils s'attendaient à ce qu'il leur annonce une très mauvaise nouvelle.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant