Chapitre 54

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L'année 2020 restera gravée dans la mémoire de la famille. David venait de prendre sa retraite à l'âge de soixante cinq ans. Lucas exerçait toujours le métier de médecin dans le cabinet médical de son père. Il avait trente quatre ans et s'était mis en couple en 2017 avec Manon Aubry, une de ses consœurs. Ils venaient d'avoir un bébé au mois de janvier, Mathis, le premier arrière-petit-fils de Sarah. Âgée de vingt six ans, Marie était devenue professeur de danse. Du côté de la famille de Vincent, Chloé jonglait entre ses cours du lycée et sa passion. L'adolescente de seize ans s'était lancée dans le dessin depuis 2018. Vincent l'admirait énormément. Il venait d'avoir cinquante deux ans. Il avait changé de métier. Il ne pilotait plus les avions, mais il dirigeait un aéroport. Quant à Sarah et à William, ils menaient une vie tranquille dans leur maison de Thonon-les-Bains. A quatre vingt douze ans, Sarah arrivait à vivre normalement avec son handicap et William avait juste des douleurs musculaires. En même temps, il n'était plus tout jeune. Il avait quatre vingt cinq ans. En ce moment, les deux amoureux suivirent les informations à la télévision. Depuis plusieurs semaines, les journalistes parlaient du nouveau virus en Chine, le coronavirus ou Covid 19, qui faisaient des morts.

- Ça fait vraiment peur ! Les chinois sont obligés de se confiner chez eux. Ça se propage partout, constata William épouvanté.

- Ça me rappelle l'épidémie de typhus à Auschwitz, confia Sarah. On se contaminait tous.

- J'espère que ce virus ne passera pas les frontières. Nos poumons ne résisteront pas. Nous sommes trop vieux.

Sarah en eut les frissons. Elle se rappela de sa peur de mourir quand elle avait eu le typhus à Auschwitz. Dans aucun cas, elle voulait revivre ça avec un autre virus.

Quelques semaines plus tard, William et Sarah angoissèrent encore plus quand un journaliste annonça à la télévision qu'il y avait plusieurs cas Covid en France. Et encore en plus, pas très loin de chez eux. Ils décidèrent donc de prendre quelques précautions en limitant les sorties et en se désinfectant régulièrement les mains. Peu de temps après, la situation se dégrada en France. Le gouvernement arrivait de moins en moins à ralentir l'épidémie. Le nombre de malades et de morts montèrent en flèche. Les services de réanimation dans les hôpitaux furent de plus en plus surchargés. On n'avait pas affaire à une simple grippe. Certains mourraient de pneumonie. Paniqués, les gens commencèrent à faire n'importe quoi dans les magasins. Ils achetaient des cadis de rouleaux de papier WC, de pâtes et de farine. Ils sentaient venir les restrictions et avaient peur de manquer de quelque chose à la maison. Le gouvernement finit par prendre une décision importante pour le pays. Les français furent amenés à se confiner à partir du 17mars jusqu'au 10 mai inclus. Les écoles, les restaurants, les cinémas, les musées et d'autres établissements de loisirs fermèrent leurs portes.

- Cette fois-ci, il n'y a pas que les Juifs qui sont interdits de ces lieux, ne put s'empêcher de dire Sarah.

Les gens avaient l'obligation de porter un masque dans les établissements publics et dans les rues des villes. Ils devaient présenter une attestation de sortie pour faire leurs courses, aller chez le médecin ou emmener leur voiture au garage. Ils étaient autorisés à sortir leurs animaux de compagnie et à faire du jogging pendant une heure.

- Comme c'est étrange, fit remarquer William en regardant par la fenêtre. Avant les restrictions, les gens ne couraient pas autant. Il n'y avait guère de promeneurs avec leur chien.

- Que veux-tu ! Maintenant, ils se croient en prison chez eux ! grommela Sarah.

Elle fut écœurée d'entendre les gens se plaindre du confinement alors que d'autres avaient connu pire à Auschwitz avec le manque d'hygiène et de confort. Ils étaient loin d'être malheureux dans leur maison ou dans leur appartement. On ne les frappait pas, on ne les privait pas de nourriture et on ne les empêchait pas de dormir. Ils pouvaient encore vivre en se faisant plaisir. Sarah ne put s'empêcher de haïr ce genre de personnes égoïstes.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant