Chapitre 7

63 1 0
                                    


A la fin de la quarantaine, les SS répartirent les nouveaux arrivants dans les différents kommandos. Sarah se sentit anxieuse. On allait décider de leur sort. Son cœur battit à fond lorsque les officiers s'arrêtèrent devant elle pour lui dicter le mot Canada. - Tu en as de la chance, fit une kapo. C'est un kommando très demandé. Sarah ignora sa remarque, elle se rendit compte qu'on avait attribué un autre travail à sa mère. Rachel irait à l'usine. Ce qui voulait dire qu'elles allaient devoir se séparer. Ce fut un véritable drame pour la jeune adolescente. Elle pleura et supplia le SS de la mettre avec sa mère, mais ce dernier ne céda pas et lui colla un coup de crosse dans le dos. Sarah se retrouva au sol la tête dans la boue.


- Oh non pitié ! implora Rachel horrifiée.


Sarah se redressa en se tenant le dos.


- Je t'aime maman, lâcha-t-elle sur un ton faible.


- Je t'aime ma chérie.

La séparation entre la mère et la fille fut très éprouvante. Elles pleurèrent chacune de leur côté comme si c'était la fin du monde, puis elles suivirent leur file sans aucun geste de résistance. Sarah et son groupe quittèrent le camp sur une marche militaire, précédés par un orchestre. Ils étaient tous bien vêtus pour faire croire aux paysans voisins qu'ils étaient bien traités. Une fois arrivée au Canada, Sarah se rendit compte que c'était un énorme enclos à ciel ouvert, comprenant des baraques. Ces dernières abritaient le butin provenant des convois qui avaient transporté les déportés vers Auschwitz. Il y avait d'énormes piles de vêtements, de chaussures et d'objets. Le travail de Sarah et des autres femmes consistaient à faire le tri. On leur distribua à chacune une paire de ciseaux. Sarah défit la doublure des manteaux pour chercher des bijoux, de l'or ou de l'argent. A chaque fois qu'elle trouva de la nourriture, elle grignota. Elle faillit pleurer lorsqu'elle tomba sur des photos de famille. La sienne lui manquait terriblement. La journée de travail se termina avant la tombée de la nuit. Sarah et son groupe rentrèrent au camp sur une marche militaire, au rythme de l'orchestre. L'appel dura deux longues heures et lorsque celui-ci prit fin, Sarah ressentit l'absence de sa mère. Elle ne fit que de pleurer. Elle se passa même de manger. Les autres femmes tentèrent de la consoler, mais cette dernière ne bougea pas de sa couchette et pleura encore plus fort. Plus rien ne pouvait lui redonner le sourire. Elle crut qu'elle ne s'en remettrait jamais de cette séparation.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant