Chapitre 19

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L'année 1955 venait d'arriver sous un temps enneigé. Lucas et Rose se balancèrent des boules de neige, tandis que Sarah se reposa sur un banc. A peine âgée de vingt sept ans, la jeune femme se sentait fatiguée et affaiblie. Pourtant, elle avait cru que ça irait mieux après les fêtes de fin d'année, or son état continuait encore de se dégrader. Cette fatigue chronique lui semblait insurmontable, Sarah s'endormait partout et à n'importe quelle heure de la journée. La voyant piquer du nez sur le banc, Lucas interrompit la bataille de boules de neige avec la fillette de cinq ans.


- Tu devrais aller voir un médecin, conseilla-t-il inquiet. Cela fait un mois que ça dure.


- Je passerai à son cabinet demain matin, promit-elle.


- En attendant, tu vas te reposer. Rentrons à la maison.


Sarah se leva du banc, prête à partir, mais son corps lâcha immédiatement et s'effondra au sol. Rose se mit à hurler de terreur, tandis que Lucas garda son sang-froid, rassura la petite fille, tout en s'occupant à la fois de son épouse. Celle-ci ne tarda pas à rouvrir les yeux, le regard perdu et interrogateur.


- Tu viens de tomber dans les pommes, lui dit Lucas. Je vais t'emmener chez le médecin. As-tu mal quelque part ?


- Euh... Non, répondit Sarah sur un ton faible. Je me sens juste vaseuse.


Lucas fut rassuré qu'elle n'ait eu aucune blessure liée à sa chute. Il l'aida à se redresser tout doucement sur ses jambes, puis il la transporta dans ses bras jusqu'à la voiture. Rose les suivit sans dire un mot. Elle pleura juste un peu lorsqu'elle se rendit compte que son beau-père la déposait chez un de ses collègues.


- Je reviendrai te chercher après, c'est promis, lui dit Lucas sur un ton affectueux. On regardera un dessin animé ce soir.


Ravie, la petite fille cessa de pleurer, et partit s'amuser avec d'autres enfants. Lucas put s'en aller l'esprit tranquille. Il rejoignit son épouse dans la voiture, prit le volant et s'engagea sur la route dans une circulation totalement fluide. Il ne mit pas longtemps pour arriver jusqu'au cabinet du médecin. Une fois garé, il descendit de la voiture, puis ouvrit la portière à son épouse.


- Je peux marcher, lui dit-elle le visage pâle.


Lucas ne l'écouta pas, il la porta comme si elle était une princesse, et l'emmena jusqu'à la salle d'attente du médecin. La pièce sentait un peu le renfermé, le plafond était haut, il y avait une vieille moquette noire au sol et les murs blancs faisaient ressortir la vieille étagère en bois contenant une collection de voitures. Les fauteuils étaient disposés en forme de U et au milieu, se tenait une table où étaient empilées des revues. Pour s'occuper, Lucas jeta un coup d'œil sur les annonces immobilières. Une maison attira rapidement son attention.


- Oh tu as vu ça ! s'enthousiasma-t-il. Cette maison se situe en pleine campagne. Il y a une belle véranda. Cinq chambres. Avec grande bibliothèque et salle de sport. Le grand luxe ! Et tout a l'air lumineux. On devrait se l'offrir, tu ne crois pas ? Il y aurait de la place pour nos enfants.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant