Les oiseaux chantèrent, les insectes volèrent autour d'eux. Autrement, ce fut le grand silence. Sarah eut du mal de croire que cet endroit ait retrouvé la paix. Elle se tenait devant la barrière principale du camp d'Auschwitz où était inscrite la phrase ARBEIT MACHT FREI (le travail rend libre). Son corps trembla de nervosité. Elle sentit la petite main de David se poser contre la sienne. Ce simple geste de soutien lui redonna du courage, puis elle avança tranquillement à l'intérieur de l'enclos. Les bâtiments en brique étaient toujours là, mais son environnement ressemblait plutôt à du décor. Il n'y avait plus d'odeur de brûlé, la cendre ne tombait plus sur leurs têtes. Sarah voyait de la pelouse partout, les chemins étaient propres. Elle n'en revint absolument pas.
- Vous voyez, dit-elle aux collégiens. Vous marchez sur des graviers. Mais à l'époque, c'était de la boue. Les gens couraient et tombaient. Vous piétinez sûrement un mort. Il y en avait vraiment partout.
Le groupe regarda le sol avec des yeux horrifiés. Ensuite, il entra dans les bâtiments et se retrouva devant les vitrines où étaient stockées les affaires des déportés : cheveux, vêtements, chaussures, cannes, brosses, valises dont les noms figuraient encore... On avait aussi exposé leurs tenues de prisonnier et leurs gamelles. Le groupe de visiteurs ressentit un léger pincement au cœur lorsqu'il aperçut les boites du Zyklon B.
- Les nazis utilisaient ce gaz pour pouvoir tuer en masse. Mais c'était un instrument de torture. Les gens agonisaient pendant quinze minutes. Certains disent même vingt cinq minutes, leur apprit Sarah. Mon frère l'a malheureusement vécu.
- Il y a beaucoup de boites, constata David impressionné.
- Suffisamment pour tuer des millions de personnes.
- Entendez vous les victimes de la chambre à gaz crier dans le camp ? demanda soudainement Patrice, un élève aux lunettes rondes.
- Non. On se les imaginait juste. Mais on ne pouvait pas les entendre, à part ceux qui travaillaient dans les chambres à gaz. Les allemands faisaient du bruit à côté pour que personne ne s'en rende compte. Ils ne voulaient pas que les déportés qui arrivaient à Auschwitz spécialement pour être gazés se posent des questions. Ils faisaient tout pour éviter un mouvement de panique et de résistance. Les allemands aimaient l'ordre et le calme.
Le groupe regarda maintenant les photos des déportés. Des larmes coulèrent sur la plupart des visages. Sarah leur montra celles de sa famille. Ensuite, les élèves et les adultes ouvrirent le grand livre sur lequel étaient imprimés les noms des victimes. Ce qui les bouleversa encore plus. A peu près 11 millions de personnes avaient péri à Auschwitz. A la sortie du bâtiment, ils marchèrent entre les blocks, puis ils s'arrêtèrent devant le mur de la mort où avaient été fusillés des milliers de détenus. Certains visiteurs y déposaient des fleurs. Il eut comme un silence de mort, personne n'osa dire quelque chose. Il y avait aussi un autre endroit de recueillement dans le camp où se dressaient quatre stèles en marbre gravées. Celles-ci rappelaient que les cendres des victimes des fours crématoires reposaient dans cette marre. Le groupe de Sarah avança vers le camp de Birkenau. Il ne restait plus grand-chose des baraques en bois, à part leurs emplacements et leurs cheminées en briques. Les polonais les avaient démontées pour la reconstruction de leur pays.
- Il y avait cent cinquante cinq structures de briques et de bois à Auschwitz-Birkenau, indiqua Sarah.
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Survivre après Auschwitz
Historical FictionSarah Dreyfus, jeune juive, se fait déporter à Auschwitz après dénonciation. Dans ce camp, elle va y vivre l'enfer. Sa vie ne tient qu'à un fil et elle n'en sortira pas indemne. A sa libération, elle devra continuer à vivre avec toute cette horreur...