Chapitre 8

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Plusieurs semaines passèrent. La vie de Sarah devenait très monotone. Elle n'avait pas revu sa famille et ses journées étaient bien remplies avec son travail au Canada. Elle avait perdu plusieurs kilos. Elle était devenue légère comme un plume. Trente deux kilos exactement. Par miracle, depuis son arrivée au camp, elle n'avait pas eu ses règles. Elle ne s'imaginait pas les avoir sans aucune protection hygiénique. Autour d'elle, il eut de plus en plus de départs. Beaucoup de femmes subissaient un triste sort qui les amenait vers la mort. Soit elles tombaient malades, soit elles succombaient à leurs blessures ou soit elles étaient sélectionnées pour les chambres à gaz. Le système du camp était conçu pour que les gens finissent tous dans la cheminée du four crématoire. Seuls, les plus forts restaient. Et pour s'en sortir, il fallait avoir un moral d'acier et trouver quelques astuces pour assurer sa survie le plus longtemps possible. Sarah réalisa enfin que les allemands étaient devenus fous.


Sarah se mit à piquer de la nourriture dans le kommando Canada et elle en ramenait sous ses vêtements dans sa baraque. Si elle se faisait choper, elle risquerait de lourdes sanctions. Au départ, elle gardait de la nourriture pour plus tard, mais à force de se la faire voler, elle la mangeait aussitôt. Il lui arrivait aussi de la partager. Car contrairement à son ancienne vie de riche, elle avait dû apprendre à être généreuse.


Un jour, une kapo finit par prendre Sarah la main dans le sac. Elle l'envoya dans un autre kommando pour la sanctionner. Celle-ci allait devoir transporter d'énormes blocs de pierre d'un côté du camp à l'autre. Un travail qui demandait beaucoup de forces physiques. Sarah avait de moins en moins de chance de survivre. Si elle n'allait pas assez vite pour transporter ces blocs de pierre, on la frappait avec la crosse d'une arme et on la battait à coups de poings et de pieds. La jeune adolescente devenait encore plus maigre.


Certaines femmes étaient tellement au bout du désespoir, qu'elles décidèrent de mettre fin à leur vie en se jetant sur les fils des barbelés électrifiés. Le taux de suicides s'éleva de jour en jour dans le camp. Parfois, il était arrivé à Sarah d'y penser. Mourir aurait mis fin à ses souffrances.Quand il pleuvait, les femmes se retrouvaient à marcher dans la boue. C'était vraiment désagréable. Elles n'avaient même pas un abri pour s'abriter. Elles travaillaient par tous les temps. Les hivers diminuaient leurs heures de travail à cause de la tombée de la nuit, mais le froid rendait leurs conditions de travail extrêmement difficiles. Elles se caillaient même dans leurs baraques. Sarah se voyait mourir avant l'arrivée du printemps.


La nuit, Sarah voyait défiler ses souvenirs d'enfance. Il y avait de quoi déprimer. Mais pas une seule larme ne coulait. Elle aurait tant aimé revenir en arrière et retrouver sa vie d'avant. Sa famille aurait pu partir en Amérique pour éviter la guerre. Si seulement elle avait su avant ce qui allait leur arriver.... Sa famille lui manquait terriblement et pour la première fois de sa vie, Sarah envisagea le pire pour elle. Elle ne voyait pas son petit frère survivre aux coups. Il était trop jeune pour subir tout ça. Elle espérait juste qu'il obéisse aux ordres et qu'il fasse correctement le travail demandé. Quant à ses parents, elle pria pour que son père ait le droit de travailler à l'hôpital. Mais vu comme les Juifs étaient traités dans ce camp, elle en douta fort. Sa mère n'avait pas les nerfs solides pour affronter tant de morts. Sarah avait peur qu'elle se jette contre les files de barbelés.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant