Chapitre 40

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Nous étions au mois d'août 1969. Sarah se prépara pour son mariage. Agée de quarante-et-un ans, la jeune femme portait une longue robe blanche à dentelle. Elle avait opté pour un chignon. Elle se sentit soudainement stressée. Elle voulait que son mariage soit parfaitement réussi. Elle allait épouser l'homme de sa vie. Dans la pièce voisine, Katharina s'occupa des enfants. Vincent venait d'avoir un an et David avait maintenant quatorze ans. Ils furent habillés d'un chemisier blanc et d'un pantalon noir. Une fois prête, Sarah les fit entrer dans sa chambre.

- Vous êtes trop mignons, tous les deux, complimenta-t-elle le grand sourire aux lèvres.

- Tu es magnifique aussi maman. Tu ressembles à une princesse, constata David le regard admiratif.

- Merci mon chéri.

Pendant ce temps-là, Alexander, âgé de quarante quatre ans, se tenait devant le maire en costume noir. Il se sentait un peu stressé. Il avait peur de bafouiller pendant la cérémonie. Les invités entrèrent dans la salle. Il y avait des amis, des collègues et des voisins. Il manquait juste les deux familles. Alexander ne leur parlait plus et Sarah n'en avait plus. Une demi-heure plus tard, les gens se retournèrent vers la porte d'entrée, la mariée venait d'arriver. Elle remonta l'allée centrale en tenant le bras de son fils aîné. Alexander en fut tout ému. Une larme coula sur sa joue. Sarah était très jolie et elle affichait son plus beau sourire. Il faillit se jeter sur elle quand elle arriva vers lui.

- Nous sommes aujourd'hui réunis pour célébrer cette union, commença le maire.

Sarah n'écouta pas grand-chose de son discours. Elle tint la main d'Alexander et le regarda dans les yeux. Elle eut l'impression d'être sur une île paradisiaque avec le plus beau garçon de la planète.

- Alexander Muller, voulez-vous prendre pour épouse Sarah Dreyfus ici présente ? poursuivit le maire. Jurez-vous de lui rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, de l'aimer et de la chérir tous les jours de votre vie jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

- Oui, je le veux.

- Et vous, Sarah Dreyfus, voulez-vous prendre pour époux Alexander Muller ? Jurez-vous de lui rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, de l'aimer et de le chérir tous les jours de votre vie jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

- Oui, je le veux, répondit Sarah un peu rêveuse.

David s'avança vers sa mère et son beau-père en tenant dans ses mains un petit coussin rouge. Puis les deux amoureux enfilèrent leurs alliances. Ils furent officiellement déclarés mari et femme. Ils s'embrassèrent sous les applaudissements. A la fin de la cérémonie, ils sortirent de la mairie et furent arrosés de riz. L'apéritif se passa merveilleusement bien dans la salle de réception. Ils enchaînèrent très vite avec le repas ; bouchées à la reine, gigot d'agneau, légumes, pièce montée... Ensuite, les mariés ouvrirent le bal. L'ambiance de fête dura toute la nuit. Sarah mit une semaine pour se remettre de ce magnifique mariage. A la fin dumois, elle reprit son travail à la librairie. Elle reparla même de son passé dans des écoles. Elle fut heureuse d'avoir retrouvé cette activité. Elle se sentait appréciée et écoutée par les élèves. Elle vivait un grand moment de partage avec eux et son témoignage continuerait d'être transmis aux générations suivantes. Cela lui fit énormément de bien au moral.

- Tu devrais faire pareil, conseilla-t-elle à son mari un soir en rentrant du collège.

- Ah bon ? Pourquoi ? interrogea Alexander surpris.

- Pour que tout le monde sache ce que tu as vécu et pour te libérer la tête !

- Mouais, répondit Alexander peu convaincu. Si je parle de mon passé aux enfants, ils ne voudront plus de moi. Ils me détesteront. Je te rappelle que j'ai été nazi.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant