Chapitre 39

27 1 2
                                    


Sarah fut surprise de trouver une lettre d'Alexander dans sa boîte aux lettres. Nous étions maintenant au mois d'octobre, quatre semaines s'étaient écoulées depuis l'envoi de son courrier et elle avait perdu tout espoir de recevoir une réponse de sa part. Elle rentra chez elle en vitesse, enleva son manteau et s'installa confortablement dans un fauteuil. Elle ouvrit ensuite l'enveloppe et se lança dans la lecture.


Chère Sarah,

Je suis désolé de te répondre aussi tard. J'avais besoin de temps pour réfléchir. Je t'en veux encore un peu de m'avoir caché ta grossesse. Mais je vais quand même te pardonner. Je suis loin d'être irréprochable.

Je veux bien que tu me présentes Vincent. Je veux rattraper le temps perdu avec lui.

Toi aussi, tu me manques énormément. Et j'éprouve encore des sentiments pour toi.

J'espère bientôt te revoir.

Alexander


La lettre était courte, mais Sarah fut plutôt satisfaite de son contenu. Il lui pardonnait et il était encore amoureux d'elle. Elle passa le restant de la journée à s'occuper de ses enfants et à se faire jolie. Elle s'exerça sur de nouvelles coiffures, s'acheta de nouvelles robes et se maquilla le visage. Au final, elle eut l'impression de ressembler à une Cendrillon qui s'apprêtait à danser avec son prince charmant. Sauf qu'elle était brune contrairement au personnage de Disney. Pour finir, elle enleva sa robe bleue et défit son joli chignon. Elle mit un pull noir accompagné d'un simple pantalon à rayures noires et blanches. Les cheveux étaient détachés au vent. Une fois prête, elle se rendit chez Alexander avec le bébé. Ce dernier était sorti de l'hôpital depuis deux semaines. Il vint l'accueillir devant sa porte. Aucun mot ne sortit de leurs bouches, ils avaient l'air gêné, on aurait dit deux adolescents qui s'apprêtaient à sortir ensemble pour la première fois. Puis le regard d'Alexander se posa sur son fils, il fut heureux de constater qu'il lui ressemblait.

- C'est un magnifique bébé ! lâcha-t-il les larmes aux yeux, chargés d'émotion.

Il les invita à entrer dans son appartement. Il offrit d'abord un verre devin à Sarah. Ensuite, il berça tranquillement le bébé dans ses bras en lui murmurant des mots tendres. Il lui donna le biberon et le rechangea avant de le coucher. Sarah fut émue de le voir s'occuper de leur fils. On aurait dit qu'il avait fait ça toute sa vie. Son rôle de papa lui allait comme un gant. Après avoir couché Vincent, Alexander et Sarah purent enfin discuter. Ils se remirent très vite en couple. Leurs lèvres se collèrent pour un long baiser et leurs langues s'entortillèrent ensemble.

- Tu m'as terriblement manqué, murmura Alexander.

Il lui retira ses vêtements, dévora ses seins et titilla son clitoris avec son pénis.

- Alex, gémit Sarah. Ne me fais pas attendre !

Il la pénétra jusqu'à l'envoyer au septième ciel. Après avoir fait l'amour, Sarah sombra dans un sommeil. Alexander prit soin de la border. Il veilla aussi sur son fils qui dormait profondément.

Le couple se vit en cachette pendant cinq semaines avant de le dire à David. Ce dernier fut un peu réticent au départ à cause du passé de nazi d'Alexander. Puis après réflexion, il finit par l'accepter. Sa mère lui avait pardonné et elle semblait heureuse avec lui.

Courant décembre, la famille trouva rapidement un appartement, assez grand pour accueillir quatre personnes. Les anciens propriétaires n'étaient plus de ce monde. Ce spacieux appartement lumineux offrait à ses occupants une magnifique vue sur la Tour Eiffel. Cela rappelait à Sarah son premier domicile. Elle en fut vraiment heureuse. Cet appartement comprenait quatre chambres, un salon, une cuisine ainsi qu'une salle de bain pourvue d'une baignoire sur pieds. Un parquet en chêne recouvrait le sol, les murs et les plafonds étaient blancs. Le couple y installa du mobilier en bois. David adorait s'asseoir sur le balcon. Alexander dressa une bibliothèque dans le salon. La famille se plut dans l'appartement dès le premier jour. Y compris Vincent qui dormait mieux la nuit. Sarah n'avait plus besoin de se lever pour lui. Les soirées se faisaient autour de la cheminée du salon. Soit ils discutaient, soit ils lisaient ou soit ils regardaient la télévision. Leur premier Noël dans l'appartement se passa merveilleusement bien. David eut droit à un jeu de cartes, à un livre et à des vêtements. Le petit Vincent à un nounours, à des cubes et à un hochet. Pour les parents, ils s'étaient offerts des bijoux et des vêtements. Une fois que les enfants furent couchés, Alexander marqua le coup en s'agenouillant devant Sarah au milieu du salon. Quand il sortit une petite boite de sa poche, la jeune femme comprit rapidement qu'il s'agissait d'une demande en mariage.

- Sarah, veux-tu devenir ma femme ? lança Alexander le regard rempli d'espoir.

Prise de panique, cette dernière repoussa sa demande.

- Je ne veux pas me remarier, se justifia-t-elle. Je l'ai déjà fait deux fois et je n'en ai plus la force.

Alexander fut déçu mais il ne lâcha pas l'affaire pour autant.

- On fera un petit mariage. Je te le promets, lui dit-il. On n'est pas obligé de faire la fête. Juste la cérémonie avec les témoins.

- Je ne veux pas me remarier, répéta Sarah les larmes aux yeux. Je t'aime Alex. Je veux vivre toute ma vie avec toi. Mais avec moi, le mariage ne dure jamais longtemps, donc autant rien faire.

Louis l'avait quittée, Lucas était mort. Alexander comprit qu'elle avait juste peur de se retrouver seule une troisième fois. Pour elle, le mariage lui avait assez porté la poisse. Alors il prit le temps de la rassurer là-dessus. Il essaya de la convaincre par tous les moyens. Au bout d'une heure, Sarah capitula et accepta de se marier avec lui. Il avait raison, elle ne pouvait pas y renoncer tout simplement parce qu'elle avait fini seule lors de ses précédentes unions. Elle devait laisser une chance à leur bonheur et pour les enfants, c'était la meilleure chose qu'ils pouvaient faire. Ils annoncèrent la nouvelle à David une semaine après Noël.

- Cool, lâcha simplement David.

Son sourire ne semblait pas sincère. Sarah attendit d'être seule avec lui pour l'interroger. Elle le fit au moment du coucher.

- Es-tu vraiment heureux qu'on se marie ? demanda-t-elle sur un ton inquiet.

-Mouais, répondit David l'air triste.

- Dis moi ce qui te chagrine mon poussin.

- Tu ne seras plus mariée à papa.

- Ton père est décédé. Dans ma tête, je resterai mariée à lui jusqu'à ma mort. Mais j'ai maintenant le droit de refaire ma vie et de me remarier. Sache que je n'oublierai jamais ton papa. Et j'aurais aimé qu'il soit encore là avec nous.

David sourit. Elle l'avait rassuré. Il avait eu peur qu'elle efface complètement son père de sa vie une fois mariée. La mère et le fils se firent des bisous et des câlins avant de s'endormir. L'année 1968 se termina merveilleusement bien.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant