Chapitre 32

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L'année 1968 commença. Sarah avait maintenant quarante ans et vivait une belle histoire d'amour avec Alexander. Elle avait tout pour être heureuse. Elle ne manquait de rien. Âgé de quarante trois ans, son compagnon était romantique et attentionné. Il s'entendait toujours aussi bien avec David. Il l'aidait même à faire ses devoirs. Grâce à lui, l'adolescent de treize ans obtenait de très bonnes notes à l'école. Aujourd'hui, il fit un exercice de mathématiques.


- Je voudrais devenir médecin pour sauver des vies, avoua David.

- C'est un magnifique métier, constata Alexander impressionné.

- Mon grand-père l'était. J'aurais bien voulu le connaître. Et toi, as-tu des médecins dans ta famille ?

Sarah fut curieuse de connaître sa réponse. Alexander ne lui avait jamais parlé de ses parents. Elle ne savait même pas s'il avait des frères et sœurs.

- Non, répondit ce dernier un peu sèchement.

Le ton de sa voix surprit Sarah. C'était la première fois qu'il réagissait ainsi. David ne semblait pas l'avoir remarqué, il faisait comme s'il ne s'était rien passé. Il rangea ses affaires d'école, embrassa sa mère et Alexander, puis partit se coucher. Sarah profita de son absence pour discuter avec son compagnon.

- Tu ne m'as jamais parlé de ta famille, fit-elle remarquer. J'aimerais bien la rencontrer un jour.

- Je n'ai pas envie d'en parler. Fous-moi la paix avec ça ! explosa Alexander.

Il la foudroya du regard. Le cœur battant à cent à l'heure, Sarah n'osa plus bouger de sa chaise. A ses yeux, elle eut l'impression d'avoir commis un crime. Alexander ne prononça plus un mot, sa colère se dissipa petit à petit et il partit se coucher. Il avait un vol demain matin. Sarah resta un moment sur sa chaise à méditer. Sa réaction excessive prouvait bien qu'il lui cachait quelque chose au sujet de sa famille. Elle ne savait rien de sa vie en Allemagne. Il parlait uniquement de son vécu en France à l'âge adulte. Cela la perturba beaucoup. Elle avait besoin de connaître un peu plus l'homme avec qui elle partageait son lit. Elle prit donc la décision de fouiller dans ses affaires lorsqu'il partirait au travail. En attendant, il fallait qu'elle se repose. Elle se rendit dans sa chambre et se rechangea sans faire de bruit. Alexander dormait sur le côté gauche, à droite du lit. Elle se glissa sous la couette et se mit dans l'autre sens. Il lui fut impossible de dormir cette nuit. Ses pensées tournaient encore autour de la famille d'Alexander. Trop de questions lui restaient en suspens. Pourquoi ne voulait-il pas parler de sa famille ? Avait-il eu des soucis avec elle ? En avait-il honte ? Sarah angoissa toute la nuit. Elle fit semblant de dormir quand Alexander se leva pour prendre sa douche vers cinq heures du matin. Elle n'avait pas trop envie de lui parler. Il sortit de la douche, déjeuna à la cuisine en peignoir et retourna à la salle de bain. Il s'habilla avant de faire sa dernière toilette. Ensuite, Sarah l'entendit prendre sa valise dans le couloir et refermer la porte de l'appartement derrière lui. Il sera absent toute la semaine. Peu de temps après, Sarah se leva à son tour. Elle déjeuna tranquillement avec son fils. Une fois que ce dernier partit à l'école, elle fouilla dans les affaires d'Alexander. Tout passa au peigne ; armoire, pochettes, coffret. Mais au final, elle ne trouva aucun indice sur sa famille. Il avait sans doute laisser ses photos et ses souvenirs d'enfance dans son appartement. Désespérée, elle fut sur le point d'abandonner. Elle se posa quelques secondes sur le canapé, face au porte-clés mural, quand elle eut soudainement l'idée de regarder s'il n'y avait pas la clé de l'appartement d'Alexander. Bingo. Elle venait de la trouver. Elle s'habilla en vitesse et prit le métro. Le cœur battant à cent à l'heure, elle se demanda si c'était vraiment honnête de sa part de fouiller chez quelqu'un pendant son absence. Mais pour éliminer ce sentiment de culpabilité, elle se répéta dans sa tête qu'il ne l'était pas non plus en lui cachant ses secrets. Elle descendit du métro. Alexander habitait près de la cathédrale Notre Dame. A la grande surprise de Sarah, son appartement était plus petit que le sien. Il n'y avait que deux pièces ; la salle de bain et la chambre avec un coin cuisine. Les meubles étaient en formica et en bois. Un vieux parquet marron recouvrait le sol. Les murs et les plafonds blancs éclaircissaient les deux pièces. Il y avait une fenêtre qui donnait sur un petit balcon avec vue sur la cathédrale. Sarah resta un moment à contempler le paysage avant de se mettre à fouiller. Ensuite, elle ouvrit tous les meubles. Elle découvrit une collection de voitures, de camions et d'avions. Dans les tiroirs, elle trouva du papier, des montres, des stylos, des lunettes de soleil, des livres et d'autres objets de la vie courante. Elle chercha maintenant dans la grande armoire vers le lit. Il y avait des costumes, des chemises, des jeans, des vestes et des sous-vêtements. En bas de la penderie, Sarah repéra un coffre en métal blanc. Elle se dépêcha de l'ouvrir en tournant la clé dans la petite serrure.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant