Chapitre 4

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A Drancy, les gens furent en surpopulation et dépouillés de leurs papiers. On les nourrit avec du pain et une soupe sans légume qu'ils devaient partager à plusieurs. Les gens mourraient de faim. Ils dormaient sur des lits superposés avec paillasses et couvertures par chambrée. Ils eurent froid. Il manquait de chauffage. Leurs sorties furent réduites à une heure par jour et l'appel se déroula au moins deux fois dans une journée. Des rumeurs circulaient comme quoi on les emmènerait dans une zone de repeuplement juive à l'Est où ils pourront refaire leurs vies. Sarah retrouva de l'espoir.

- Tu pourras rejouer de la guitare, maman refera les boutiques et papa redeviendra médecin, murmura-t-elle à l'oreille de son frère.

- Trop bien ! répondit-il avec le sourire.

Sarah avait hâte de partir de Drancy pour retrouver sa vie d'avant. La famille Dreyfus restèrent trois jours avec des milliers de personnes dans ce camp avant que la police française les emmènent vers la gare la plus proche.


A la gare, ce furent des officiers SS qui s'occupèrent des déportés. Ces derniers ne se retrouvaient plus entre les mains de la police française et cela les effrayait davantage. Pris de panique, un homme d'une vingtaine d'années tenta de s'échapper, mais malheureusement il fut rapidement fusillé sous les yeux écarquillés de la foule. Les gens n'avaient pas intérêt de se rebeller. Ces allemands étaient armés et dangereux. Alexandre et Sarah pleurèrent à chaudes larmes.

- Allez dépêcher vous ! Montez dans ce train ! ordonna un officier SS de sa voix menaçante.

Les déportés hésitèrent à monter dans ces wagons à bestioles. Ils se regardèrent d'un air horrifié. On les prenait vraiment pour du bétail. Voyant qu'ils ne montaient toujours pas dans le train, les allemands perdirent patience et tirèrent de tous les côtés pour les effrayer.

- Montons tous ensemble, dit David Dreyfus. Nous sommes en famille. Nous ne risquons absolument rien.

- Si on veut une meilleure vie à l'Est, il faut bien voyager, ajouta Sarah reprenant de l'espoir.

Les gens suivirent la famille Dreyfus, puis montèrent dans les wagons et les portes se refermèrent derrière eux. Ils étaient tous entassés. Il n'y avait ni la place de s'asseoir, ni la place de se coucher. Les déportés devaient faire leurs besoins dans un seau à la vue de tout le monde. Ils n'avaient ni à boire, ni à manger. Il faisait une chaleur étouffante. Ce voyage marquera la vie de Sarah à jamais. Il dura plusieurs jours. Au moins trois jours. Sarah vit les gens mourir de fatigue et de faim. L'odeur devenait de plus en plus insupportable. Alexandre pleura dans les bras de sa mère. Le train marqua plusieurs arrêts. Certains ne durèrent que quelques minutes et d'autres plusieurs heures. Dont aucun ne se fit dans des villages ou dans des villes. C'était trop contraignant pour les allemands. Ils laissèrent boire les déportés quelques gouttes d'eau avant de reprendre le voyage.

- A votre avis, dans quel pays va-t-on ? Ça fait plusieurs jours que nous sommes dans ce train, fit remarquer une mère de famille.

- Je ne sais pas, soupira un homme à la longue barbe.

- Nous allons dans une zone de repeuplement juive à l'Est où on pourra retrouver nos vies d'avant, répondit Sarah avec le sourire.

- Nous allons en Pologne pour y travailler dur à mon avis, suggéra un vieillard.

- Du moment qu'on est en famille, ça m'est complètement égale, fit une jeune femme de vingt-cinq ans.


Tous les déportés furent d'accord avec elle. C'était la seule chance qu'ils avaient encore.

Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant