Chapitre 6

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A Auschwitz - Birkenau, les nouveaux arrivants étaient automatiquement mis en quarantaine. On leur apprenait à vivre dans le camp sans vraiment leur expliquer les règles. Au moindre faux pas, ils recevaient des coups. Ils ne travaillaient encore pas. C'était le seul avantage qu'ils avaient. Mais ils devaient quand même se lever à trois heures et demie du matin. Ils firent leurs lits de manière à ce que ce soit vraiment parfait, avec aucun pli. Au moindre échec, on les frappait. Ensuite, ils durent se ranger pour l'appel. On comptait même les morts. Les détenus les tinrent debout. Les allemands ne toléraient aucune erreur dans le comptage. Sinon il fallait tout recommencer depuis le début. L'appel pouvait prendre des heures. Les personnes qui ne s'y présentaient pas, se faisaient automatiquement fusiller. Au petit-déjeuner, Sarah et les autres détenues eurent du café et un petit morceau de pain noir. Après avoir tout avalé, elles restèrent sur leur faim. Rachel et Sarah passèrent la journée à tourner en rond. Elles s'ennuyèrent un peu et elles n'eurent pas le droit de rejoindre leur famille. Rachel réclama juste des nouvelles de son fils à la kapo.

- Quel âge a-t-il ? demanda celle-ci.

- Il a douze ans, répondit Rachel avec fierté.

La kapo éclata de rire. La mère et la fille la regardèrent d'un air choqué.

- Vous ne le reverrez plus, leur dit-elle. Il est en train de cramer dans un four à l'heure actuelle.

Sa blague ne leur fit pas du tout rire, mais Sarah et Rachel ne préférèrent rien lui dire. Personne n'avait le droit de répondre à une kapo et à un SS.

La première journée ne passa pas vite, et Rachel et Sarah prirent de violents coups de soleils. Y compris sur leurs crânes. Le soir, elles mangèrent de la soupe. On aurait dit qu'elles avalaient de l'eau sale tellement que cette dernière était brune. Encore en plus, elles ne pouvaient pas avoir de couverts. Plus tard, elles pourront juste obtenir une écuelle en l'échangeant contre de la nourriture.

Les nouveaux arrivants restèrent en quarantaine pendant trois semaines. Sarah et Rachel passèrent encore des journées à tourner en rond. Elles n'avaient pas le droit de rentrer dans les baraques même par temps de pluie et d'orage. Elles se faisaient même dévorer la nuit par toute sorte d'insectes. Elles étaient devenues des animaux.

Pendant la quarantaine, Sarah fit la connaissance de Margot, une jeune fille de dix neuf ans. Elle était juive comme elle et elle venait du sud de la France. Sa famille avait été dénoncée par des voisins.

- Il n'y a que des balances en France, grogna Sarah écœurée. C'est à cause d'elles que les juifs se font arrêter.

- Non. Tu ne dois pas en vouloir à ces personnes. Si nous sommes ici, c'est à cause du Maréchal Pétain ! fit elle remarquer.

Sarah ne savait pas comment elle faisait pour ne pas en vouloir à ces français qui les dénonçaient. Personnellement, elle les mettait dans le même panier qu'Hitler et Pétain. Elle préféra changer de sujet. Elle ne voulait pas se prendre la tête avec elle. Elle lui raconta ce que la kapo leur avait dit sur son frère.

- C'est du grand n'importe quoi ! lâcha Margot horrifiée. Les allemands ne sont pas assez fous pour cramer les gens dans des fours. Elle vous a dit ça juste pour vous faire marcher.

- Nous n'y avions pas cru une seule seconde.

- Encore heureux !

Les deux filles passèrent leurs derniers jours de quarantaine à discuter. Sarah trouva moins le temps long et elle voyait la vie au camp différemment. Elle était persuadée que sa situation s'améliorerait une fois qu'elle travaillerait. Hélas, elle ignora à quel point elle se trompait.


Survivre après AuschwitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant