⚠️ Certaines passages contiennent des scènes à caractère violent et sexuel et peuvent de ca fait heurter la sensibilité ⚠️
Roza
Dix-sept. Dix-sept ans. Dix-sept ans de vie dans ce monde. Dix-sept ans de souffrance parmi ces ordures. Dix-sept ans de vie à l'orphelinat San Pedro situé dans la banlieue de La Paz, au Mexique. J'étais orpheline de naissance. On m'avait déposée au pied de la porte principale avec seulement un collier en forme de rose en guise de bagage. Ce fut ainsi que j'avais grandi ici. Les gens qui s'occupaient de cet endroit étaient aussi horribles les uns que les autres. Des personnes sans cœur qui n'étaient motivées que par l'argent que leur versait l'État pour chaque enfant recueilli.
Cet endroit n'avait rien d'un endroit chaleureux où vivaient des enfants sans parents. Non. Mais, nous étions notre propre famille, tous les autres enfants qui vivaient ici et moi. On se devait de se donner l'amour qu'on méritait. L'amour d'une famille. J'étais la plus grande. Il y avait des personnes plus âgées que moi. Mais, elles étaient parties à leur dix-huitième anniversaire et n'étaient jamais revenues. Je leur en avais voulu pendant un moment, puis je les avais comprises. Qui souhaiterait revenir ici un jour ?
Les enfants qui vivaient ici n'avaient rien eu d'une enfance normale. Nous étions adultes avant l'heure. Bien trop mature pour notre âge. Entre travail forcé et maltraitance, même Marco qui n'était âgé que de 14 ans était beaucoup plus mature qu'un jeune adulte normal.
Nos journées ne se rapportaient qu'à aller à l'école, rentrer, faire tourner l'orphelinat, éviter les coups et essayer de ne pas s'endormir le ventre vide. On ne mangeait pas à notre faim. La plupart du temps, on ne se contentait que d'un repas par jour. Deux, lorsqu'on était chanceux. Parfois, qu'un bout de pain et de la soupe pour toute la journée. Et s'il fallait que les plus grands se sacrifient pour que les plus petits mangent à leur fin, on le faisait sans hésiter. Il m'arrivait de faire deux jours sans manger. Mon record était de trois jours. Mais ce n'était pas grave.
− ROZA !
Cette voix me fit sortir de mes pensées. C'était Dame Maria, la femme de Monsieur Alejandro. Les propriétaires de l'orphelinat. Je descendis les escaliers à pleine vitesse. Je trouvai Dame Maria dans l'entrée. Elle était avec Sofia. Elle lui tirait les oreilles. À force d'être tirée, Sofia était devenue particulièrement sensible des oreilles. Elle souffrait. Dame Maria le savait, mais ça ne l'empêchait pas de le faire.
− Oui, Dame Maria ?
− Comment se fait-il que la lessive ne soit toujours pas faite et que cette petite fainéante soit en train de lire au lieu de travailler ?
− J'allais justement la faire. Et c'est moi qui lui ai dit de se reposer.Ce n'était absolument pas vrai. Mais je voulais la protéger. Je préférais qu'on s'en prenne à moi plutôt qu'à elle. Après dix-sept ans ici, je pouvais largement endosser. Pas elle. Pas encore.
− Et pour qui te prends-tu pour dire aux gens de se reposer dans mon orphelinat ?
− Je suis désolée. Ça n'arrivera plus.
− J'y compte bien. Tu te passeras de diner ce soir.
− Très bien.
− Quant à toi, en s'adressant à Sofia, que je ne t'y reprenne pas.Elle lui asséna un coup à la tête avant de s'en aller. Je pris directement Sofia dans mes bras. Elle explosa en sanglot. Cette dame était la femme du diable en personne. Mais comparer à son mari, elle n'était rien. Ils étaient à deux les personnes les plus méchantes et malveillantes que je connaissais.
− Allez viens. On va aller mettre un peu de glace sur ces petites oreilles et faire cette foutue lessive.
Je l'emmenai avec moi dans la buanderie en passant d'abord pas la cuisine. J'ai essayé de prendre un peu de glace du congélateur. Le frigo et le congélateur étaient fermés avec un cadenas pour que nous évitions de voler de la nourriture. Évident puisque que nous n'étions que de simples vauriens. Mais en 17 ans d'existence ici, on avait trouvé des failles. Après avoir récupéré un petit morceau de glace, je le passai à Sofia pour qu'elle le mette sur ses oreilles afin d'atténuer la douleur.
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C'était inévitable
General Fiction"Maintenant, toi et moi, c'est à vie" Difficile à croire lorsque que ça sort de la bouche d'un psychopathe qui n'hésite pas à bafouer les lois pour obtenir ce qu'il veut. Qui plus est, dire ça à une avocate ? Et pourtant, l'amour fait bien les chose...