P R O L O G U E

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− Tu penses qu'il va mettre combien de temps à arriver ?
− Je ne sais pas Juan. Tu sais, il y a des accouchements qui durent plus de 24 heures.
− Tu penses qu'il va mettre plus de 24 heures ?
− Je ne sais pas Juan, dis-je en souriant.
− C'est long.
− Je sais, mais toutes ces heures d'attente en vaudront la peine.
− Tu es magnifique.
− Si tu essayes de me séduire, sache que c'est déjà fait.

Il prit ma main et y déposa un baiser. Voilà cinq heures que le travail avait commencé. Petit à petit, mon col se dilatait pour donner la vie. La péridurale faisait que je ne sentais rien. Plus que quelques heures, et mon merveilleux prince sera là. Juan était tout excité. Moi aussi, mais un côté de mon cerveau ne pouvait s'empêcher de penser à eux. Je ne savais pas quelle vie j'allais offrir à mon fils. Une vie de cavale ? Une vie où l'on fuirait nos bourreaux jusqu'à la fin. Ce n'est pas ce que je voulais. Je voulais que mon fils ait une belle vie, qu'il soit heureux. C'est tout ce qui m'importait.

− J'aurais aimé que ton frère soit là.
− Oui, moi aussi. Il me manque.

Il déposa un baiser sur mon front. Il ne me restait plus de famille. Tous anéantis. Morts. Aucun survivant. Et tout ça, par ma faute. Tout ça parce que j'avais rencontré Juan. Tout ça parce que j'avais rencontré l'homme de ma vie. Je ne regrettais pas une seule seconde notre rencontre. Je ne regrettais pas le fait de m'être levée et d'avoir demandé le numéro de ce canon, qui est actuellement mon mari.

Une sage-femme entra dans ma chambre. Juan descendit de mon lit.

− Alors, comment ça va ?
− C'est long, lança Juan.

Je me contentai de sourire à son commentaire.

− On va vérifier le col.

Je hochai la tête. Je plaçai mes pieds sur les étriers. Elle introduit par la suite ses doigts en moi pour constater la dilatation de mon col.

− Oh ! Mais vous êtes complètement dilatée. Je vois la tête. Je vais chercher mes collègues et on va se mettre en place.
− Très bien.

Elle sortit ensuite de la chambre, en me laissant seule avec mon mari.

− C'est l'heure.
− Oui ! Pas trop stressé ?
− C'est moi qui devrais dire ça. Mais oui, ça va. Fin' je suis tout excité. Dans quelques minutes, notre fils sera avec nous.
− Oui !

La sage-femme rentra à nouveau dans la chambre accompagnée de trois collègues.

− Prête ?
− Oui.
− Très bien, quand je vous le dirai, vous prendrez une grande inspiration et vous pousserez vers le bas.
− Ok.
− Allez-y, prenez une grande inspiration et poussez.

J'exécutai ce qu'elle me dit. Je poussai le plus fort possible. Je voulais être la plus efficace possible. Juan était à mes côtés, tout aussi stressé. Il me tenait la main, m'encourageait. Il me montrait que je pouvais compter sur lui. Et c'était tout ce qui me fallait. Je poussai encore et encore. Il fallut une vingtaine de minute avant d'entendre les cris du bonheur. Ces fameux cris qui nous faisaient nous sentir comme les plus heureux du monde.

− Félicitation, c'est une merveilleuse petite fille. Monsieur, vous voulez couper le cordon ?
− Pardon ?!
− Le cordon, vous voulez le couper ?
− Non, mais vous avez dit que c'était une fille ?
− Oui, c'est exact.
− Mais ça devait être un garçon.
− Ah ! Elle a manifestement bel et bien un organe reproducteur féminin.

Avec Juan, on se regarda dans les yeux, partageant toute notre incompréhension. Mais elle ne dura pas. Nous avions un enfant en bonne santé. Que demander de plus ?

C'était inévitableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant