Partie 98

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Je l'ai regardé en mode bouche grande ouverte, et elle me regardait en me montrant toutes ses dents.


- Sérieusement ?


Elle m'a fait un « oui » de la tête. Elle avait les larmes aux yeux. Alors là, c'était beaucoup trop pour moi. Je me suis levée et je lui ai roulé la galoche de sa vie. Genre, je vais être papa pour la deuxième fois ? Je n'y crois pas. Là, c'est même pas ma soirée qu'elle a refaite, c'est mon année. Genre une deuxième Amirah ? Je suis tellement content.


J'ai réglé l'addition et on est rentré à la maison. On était content tous les deux. Il n'y a rien qui pouvait gâcher notre bonheur, absolument rien. On s'est allongé dans le lit. On s'est fait un gros câlin, un bisou, deux bisous et c'est parti en cacahouète.


Kassy


J'étais à l'aéroport avec Safia. On allait à Paris rendre visite à ma mère puis à mon père. Ma petite princesse avait bien grandi. Elle avait désormais huit mois. À la maison, tout se passait bien. J'ai réussi à trouver un travail. De base, je voulais aller jusqu'au Master, mais à cause de ma grossesse, je n'ai pas pu. Quoi qu'il en soit, j'avais ma licence du coup, j'ai pu trouver un travail, même si ça n'a pas été facile.


Au début, Adams et Sarah m'aidaient un peu. Mais maintenant, je suis totalement indépendante. Rien de plus satisfaisant. Je m'étais « réconciliée » avec Brahim. Même si en vrai, il n'y avait rien à réconcilier. Je lui ai expliqué ce qui s'est passé. Il était dans un de ces états de colère. Je ne l'avais jamais vu comme ça.


Avec ma mère, tout allait bien. Elle m'appelle souvent pour avoir de mes nouvelles et celles de Safia. Elle veut carrément que j'aille m'installer à Paris. Mais il en est hors de question. Maintenant, je suis indépendante, majeure et vaccinée, et je décide moi-même de ma vie. Elle a été déçue au départ, mais bon... Je vais revenir là-bas juste pour son plaisir à la merci de l'autre fou furieux qui me sert d'ex.


D'ailleurs, je n'ai eu aucune nouvelle de sa part. Mais vraiment aucune. Je pense qu'il ne sait même pas que Safia est née. Et franchement, tant mieux. La dernière chose que je voudrais, c'est qu'il essaie de me mettre des bâtons dans les roues avec ma fille. Quand je venais juste d'accoucher, et que je suis rentrée chez moi, je devenais complètement parano. J'avais tellement peur. Puis petit à petit, cette peur s'est dissipée. Pas totalement, mais la plupart.


Bref, je venais actuellement d'embarquer. Safia dormait donc du coup ça allait. J'ai envoyé un message à Noah pour le prévenir. Qui est Noah ? Mon nouvel petit ami. Au début, je voulais réellement plus me mettre en couple. Pour moi, c'était fini tout ça. Mais il est arrivé, sorti de nulle part. Je l'ai bien fait galérer et il a su faire ses preuves, et voilà où on en est aujourd'hui.


Bon pour résumer, il s'appelle Noah. Il a 26 ans. Il en est à sa septième année pour devenir chirurgien. Ça ne le dérange absolument pas que je sois une jeune mère célibataire. Et j'ai envie de dire tant mieux.


Bref, les hôtesses sont passées dans l'allée pour donner les consignes de sécurité et tout. J'ai éteint mon téléphone et j'ai fermé les yeux.


[...]


Je venais d'arriver chez ma mère. C'est Adams qui était venu me chercher. Il m'a aidé à monter mes valises. Il est resté parler avec son père et il est parti. Tonton Bakary était tellement heureux de voir Safia. Je me suis installée dans mon ancienne chambre et je me suis allongée avec Safia sur mon lit. On a tapé notre meilleure discute.


[...]


J'étais en train de me préparer. Je me suis habillée. Safia avait un rendez-vous chez la pédiatre pour son vaccin. En faite, elle a un suivi à Paris et à San Diego. Fin' c'est bizarre mais bref. Je lui un mis mon manteau, j'ai pris la poussette et je suis descendue parce que mon Uber était là. Théoriquement, j'ai mon permis, mais les voitures de là-bas et ici sont trop différentes pour moi. Ça me stresse. Du coup, l'Uber c'est beaucoup plus sûr.


On est montée et on est arrivée pile-poil à l'heure. Il n'y avait pas trop de monde, genre de deux personnes avant moi. Donc du coup, je me suis assise et j'ai commencé à jouer avec Safia, avec les jeux qui étaient à notre disposition. Je n'ai même pas réalisé que le temps est passé, que c'était déjà à nous. On est entrée dans la salle de consultation. Bon, on lui a fait son vaccin. Elle a un peu pleuré mais ça fait. J'ai dit au revoir au médecin et j'ai pris Safia dans mes bras.


Elle m'a ouvert la porte pour que je puisse sortir avec la poussette. Je suis tombée nez à nez avec lui. Le père de ma fille, mon ex, mon violeur. Il m'a regardé, moi, puis Safia, puis moi à nouveau.


- C'est...
- Bonjour.
- Bonjour, allez-y entrer.


C'était sa copine ou sa femme, je ne sais pas exactement. Elle a pris un cosy avec un bébé dedans pour se diriger vers la porte. Puis ses yeux se sont posés sur Safia et moi.


- C'est la fille de Nassim ? Elle parait grande donc ça veut dire que tu as accouché, ça fait un moment. Tu l'as privée de son père et de sa belle-mère.


Ensuite, elle s'est approchée de moi. Sur la panique, je l'ai poussé et je me suis littéralement enfuie. J'ai pris un taxi. Je n'avais clairement pas le temps d'attendre qu'un Uber arrive. Mais bon toute cette panique m'a donnée faim. Donc, je suis allée à Starbucks. J'ai traîné un peu. En y repensant, cette femme est vraiment culottée. Je vais même pas m'attarder sur ça.


Je me suis levée et je suis rentrée à pied. Je n'étais pas très loin de la maison. Et en même temps ça nous faisait prendre l'air. Après 15 bonnes minutes, je suis enfin arrivée devant notre bâtiment. J'allais passer le badge pour ouvrir la porte, lorsqu'on m'a appelé par mon prénom. Instinctivement, je me suis retournée, et c'était lui, encore une fois. 

C'était inévitableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant