II

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Tous les jours, je me levai la première, puis, je levai les grands. Même si ça avait été fait la veille, il fallait nettoyer l'orphelinat avant d'aller en cours. Voulant laisser les petits profiter au maximum de leur sommeil, nous les grands, nous nous en occupions. Monsieur Alejandro et Dame Maria n'étaient même pas encore levés. Après avoir astiqué l'ensemble de la maison, nous remontâmes dans le dortoir. Tout le monde était debout. On rangea le dortoir, fit des aller-retours vers les salles de bain, nous nous habillâmes pour pouvoir partir à l'école.

À moins que Dame Maria se levait, nous nous passions tous du petit déjeuner. Une fois sortie de l'orphelinat, chacun prenait son chemin. Moi, j'allais d'abord déposer les plus petits aux jardins d'enfants. Il n'était que deux : Sandro et Sandra, des jumeaux. Ils avaient quatre ans. Une fois fait, je me dirigeai vers la primaria (l'école élémentaire) pour déposer les moyens. Une fois que tout le monde était à l'école, je pouvais enfin aller au travail. Normalement, j'avais cours, mais me faire de l'argent était actuellement le plus important. Je rattraperai mon retard cette nuit.

Je travaillais dans une petite épicerie dans le centre-ville. Je n'avais jamais vu une personne aussi bienveillante que Monsieur Pedro, le gérant. C'était un homme de la soixantaine. Il avait accepté de m'embaucher sans le dire à Dame Maria et Monsieur Alejandro. Il me payait tous les mois. Parfois, j'avais même droit à une petite prime. Il était au courant de mes projets futurs, une fois que je serai majeure. Il m'avait même aidée avec mes papiers administratifs. Il savait ce qui se passait à l'orphelinat. Mais il ne faisait rien. Je ne lui en voulais pas. Qu'est-ce qu'il aurait bien pu faire ? M'employer était déjà quelque chose d'énorme pour moi.

− Bonjour Monsieur Pedro !
− Roza ! Comment vas-tu ?
− Bien merci.
− Tu as passé une bonne nuit ?
− Oui, merci.
− Ne me dit pas que tu sèches encore les cours ?
− Je rattraperai mon retard plus tard, ne vous inquiétez pas.



Il n'était pas convaincu de ma réponse, mais ce n'était pas grave. Je me mis au travail. Il fallait nettoyer, mettre en ordre les rayons, déballer les nouveaux produits. J'étais la seule employée de l'épicerie. Ça m'arrangeait. Vers midi, je me mis en direction de mon lycée. J'allai en salle de cour. Je sortis mes affaires et j'ai attendu que le prof commence son cours.

Je n'avais pas d'ami. Je n'en avais pas besoin. La solitude ne m'effrayait pas. Ce n'était pour autant que je l'aimais. Mais dans mon contexte, se faire des amis était totalement inutile. Entre mon travail et l'orphelinat, toute amitié aurait été impossible. Donc, je me contentais de ma solitude. Je faisais ce que j'avais affaire au lycée, puis je partais directement. Je n'étais pas comme la plupart des élèves ici. Après le lycée, je ne pouvais pas trainer dans le centre-ville. Je ne pouvais pas sortir le samedi pour aller au cinéma ou centre commercial, ou même aller à la plage. Je ne connaissais pas tout ça. Mais peut-être qu'aux États-Unis, je pourrais le faire. Je l'espérai. J'attendais ce moment avec impatience.

Mais je le redoutai également parce que j'allais les abandonner en quelque sorte, mes dix-sept frères et sœurs. Ne pas savoir comment l'orphelinat allait tourner sans moi me terrifiait. En réalité, j'en savais quelque chose. Luca allait devenir le plus grand de tous les enfants. C'était sur lui que tout le monde compterait. C'était lui qui devra endosser pour protéger les plus petits. Andrea allait devenir la plus grande des filles. Elle deviendra donc le nouvel esclave sexuel de Monsieur Alejandro. Et sans doute, le nouveau souffre-douleur de Dame Maria. Elle n'oserait pas s'en prendre un Luca. C'était un homme. Pas très docile, mais il savait cacher la douleur, et ça avait le don d'énerver Dame Maria, elle s'en prendra de ce fait à Andrea. Elle n'avait que quinze ans. Elle était intelligente et mature pour son âge. C'était une brave petite.

C'était inévitableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant