IV

88 3 0
                                    

Durant les derniers jours de lycée, personne ne travaillait. Il n'y avait pas cours. Les seules activités étaient d'organiser la cérémonie de remise de diplôme et de faire signer nos albums de fin d'année. Je n'avais personne de concret à qui le faire signer. La seule personne qui méritait de le signer était Madame Rodriguez. J'allai donc à sa rencontre. Je la trouvai dans l'une des salles de classe, entourée d'autres élèves. J'attendis qu'elle finisse et je m'approchai d'elle.

− Roza ! Comment vas-tu ?
− Bien, merci.
− Je voulais vous demander si vous accepteriez de signer mon album.
− Avec grand plaisir ! À vrai dire, j'attendais que tu arrives.

Je le lui tendis et elle commença à écrire. Tout en me parlant.

− C'est bientôt le grand départ ?
− Oui, je suis impatiente.
− Tu verras les États-Unis sont très différents du Mexique, mais tu t'y habitueras.
− Oui.
− Tu as déjà tout prévu ?
− Je compte prendre mon billet d'avion, le jour de même. Quant au logement, je verrai une fois là-bas.
− Tu n'as toujours pas prévu ton logement ?!
− Non.
− Mmh, c'est assez embêtant. J'ai une amie qui est professeure à l'université. Je vais essayer de me renseigner sur les possibilités de logement, et je te tiendrai informer.
− Merci beaucoup !

Cette femme était un véritable amour. Elle était une personne incroyable. Elle avait tant fait pour moi. Et même aujourd'hui, elle me venait encore en aide.

− Il n'y a pas de quoi voyons. Tu sais Roza, tu pars dans un nouveau pays. Tu vas quitter le pays pour la première fois. Tout sera différent. Tu vas rencontrer de nombreux obstacles sur ta route. Tu vas même peut-être tomber en cours de chemin. Mais n'abandonne jamais. Trouve toujours le moyen de te relever, de surmonter ces épreuves. Bats-toi, pour toi-même, pour les gens que tu aimes, pour ceux qui t'aiment en retour. Va au bout du chemin. Donne-toi les moyens de réussir. Tu en es largement capable. Tu as les épaules pour. J'ai foi en toi.

Son discours m'émut au point d'avoir les larmes. Ça faisait tellement de bien de voir que quelqu'un te soutenait dans tes projets. Elle me tendit mon album rempli et se leva pour me prendre dans ses bras. J'acceptai son câlin avec grand plaisir.

− On se revoit demain pour la remise des diplômes.
− Oui, à demain Madame.

Je quittai ainsi la classe. Je partis du lycée en direction de l'épicerie. C'était mon dernier jour de travail. La cérémonie avait lieu un jour avant mon anniversaire. Je ne pourrai pas sortir entre temps. Mais ce n'était pas la dernière fois que j'allais voir Monsieur Pedro. On allait se revoir le jour de mon anniversaire.

J'arrivai à l'épicerie. Monsieur Pedro était là.

− Roza ! Comment vas-tu ?
− Bien merci. Je voulais vous demander si vous accepteriez d'écrire dans mon album. Ça me fera un souvenir une fois là-bas.
− Bien sûr, tu as un stylo ?
− Oui, tenez.
− C'est bien demain ta remise de diplôme ?
− Oui.
− Très bien, je viendrai alors.
− Merci beaucoup.
− Ne me remercie pas, c'est normal.

Ce n'était absolument pas normal. Tout comme Madame Rodriguez, il avait tant fait pour moi. Une grande partie de mon projet n'aurait pu se réaliser sans lui. Il était l'une des seules personnes avec Luca qui viendrait à ma remise. Les autres voulaient également venir, mais ils avaient école. S'il manquait une heure de cours, Monsieur Alejandro et Dame Maria allaient être au courant et ils allaient passer un mauvais quart d'heures. Je ne le voulais pas. Alors, je leur avais dit que ce n'était pas grave.

Une fois rempli, Monsieur Pedro me tendit mon album. Il me laissa la boutique pour l'après-midi. J'effectuai mon travail. Le moment venu, Monsieur Pedro revint et j'allai chercher les petits. Sur le chemin, ils me racontèrent leur journée que j'écoutais attentivement. Nous arrivâmes à l'orphelinat en même temps que tout le monde.

C'était inévitableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant