Partie 05

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A ce moment précis, je me suis tellement retenue d'ouvrir les yeux. Il fallait que je reste dans la peau du personnage. Puis j'ai senti un souffle près de mon visage, près de mon visage plus précisément. Même avec les yeux fermés, ç a m'a fortement déstabilisé.


— DEBOUT !


J'ai tout de suite reconnu la voix de Monsieur X. Il m'a littéralement explosé le tympan. Ce mec est clairement un malade mental.


— Il y a deux secondes, tu étais en face de moi donc arrête de faire semblant.


Imperturbable. C'était mon état actuel. Je n'avais pas bougé d'un poil.


— Laisse-la, peut-être qu'elle dort vraiment, dit la voix qui m'était inconnue.
— Elle ne dort pas, c'est du cinéma pur et dur.
— C'est vrai que tu es un grand acteur pour le dire.
— Bon si elle dort, c'est plus la peine qu'on aille chez elle. On rentre.


Attendez, quoi ?! Je pense que mon rôle avait assez duré. J'ai donc fait mine de me réveiller doucement, en baillant. Ce n'était vraiment pas crédible.


— Bizarrement, c'est maintenant que tu te réveilles toi, pile au moment où on allait partir.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, dis-je.


C'est officiel, je suis née pour être actrice. Il m'a lancé un regard noir avant de me dire :


— Passe derrière, on va aller chez toi.
— Et les « s'il te plaît », c'est pour les chiens ?
— Me provoque pas.


Franchement, je n'avais pas envie de voir Monsieur X en colère. J'ai donc exécuté ce qu'il m'a dit comme un fidèle petit chien. Je suis passé derrière pour laisser la place à l'autre homme qui était avec nous. Il est monté derrière et Adams a démarré. Dans la voiture, Adams et son ami parlaient, et puis il y a moi, qui les regardait comme une psychopathe. Puis, son ami a vu que je les regardais et il m'a dit :


— Salut, moi c'est Djibril.
— Moi, c'est Sarah.
— La fameuse avocate ?
— La seule et l'unique.
— Arrête de gratter l'amitié avec mon frère, tu n'es pas là pour ça, dit Monsieur X.


Je vous jure que tôt ou tard, je vais le frapper. Il y a un coup qui va partir instinctivement. Je le sens et je le sais. Je ne le supporte pas. Mais bon, actuellement, je ne pouvais rien faire, je me suis donc contentée de lui lancer mon regard le plus noir avant de regarder par la fenêtre. On a roulé pendant un moment. Adams et son ami parlaient sans faire attention à moi. Au bout d'un moment, j'ai commencé à reconnaître la rue dans laquelle on était. On était tout proche de chez moi, mais vraiment tout proche. Du coup, je savais où était le commissariat depuis où on était. Il y a dix mille idées qui se sont bousculées dans ma tête. À tout moment, je sautais de la voiture pour courir jusqu'au commissariat, à tout moment... Est-ce que je me prenais pour dans un film de James Bond, probablement. Mais dans le feu de l'action, j'étais beaucoup trop tentée. C'est décidé, je vais le faire. Dans un élan, j'ai voulu ouvrir la portière, mais là, grosse surprise. Elle était fermée. Instinctivement, j'ai levé les yeux et j'ai croisé ceux d'Adams dans le rétroviseur intérieur. C'est bon, c'est officiel : je vais mourir ce soir.

C'était inévitableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant