CHAPITRE 53 : Une vie

30 1 0
                                    

Elle était là. Elle était endormie. Entourée de ces draps de soie noirs, elle rêvait. Mais étais-je dans ce qu'elle imaginait ?
Sa respiration me berçait. Ses doigts, glissés contre sa joue et effleurant la pulpe de ses lèvres, m'émerveillaient. Et ses cils, ses cils refermés contre ses paupières embrassaient sa peau et ne pouvaient que me brûler.

C'est ce feu qui vous consume, qui crépite dans chaque petite bulle de votre corps et qui manquerait presque de les faire éclater. Leur unique but étant de reprendre ce liquide méconnu des filaments de votre âme afin de vous calciner.

C'était de l'or.
L'admirer était un privilège, la regarder était un péché.

Elle était là devant moi, traversant tous les mondes pour parvenir à son paradis.
Elle était paisible et je la jalousais pour sa tranquillité. Elle dévalait ces fleuves si aisément, aucune perle d'eau ne pourrait un jour éclabousser un tel éclat.
Elle était irréelle, elle incarnait ce mirage, et dès que je pensais la percevoir, elle disparaissait dans les nuages de mon esprit.

Ses cheveux me montraient le chemin vers sa passion enfermée. Elle était la signification et la symbolique de ce qui s'apparentait à l'illusion.

Elle était à la fois trop merveilleuse pour être dans mes songes et incroyablement gracieuse pour s'en échapper.

Mais avant tout, elle parvenait toujours à se reposer dans le creux de la montagne.

Dans le pli de la chair qu'elle chérissait. Dans les bras de son bien aimé.

La fin de son parcours prenait place dans mon coeur de mari. Et je l'emmenais toujours pour une dernière ballade.

Je me penchais sur le côté et cherchais mon téléphone dans le tiroir de ma commode de chevet.

Je vis un carnet lui appartenant et me rappelais que l'on avait inversé les côtés du lit. Elle n'avais pas récupéré ses affaires.

J'allumais ma lampe de chevet et pris le carnet. Il était quatre heures du matin et je savais qu'elle ne se réveillerait pas de sitôt.

Je pris le carnet et l'ouvris. J'avais auparavant eu la chance de pouvoir lire plusieurs de ses écrits. Elle ne partait jamais quelque part sans un carnet. Et je sais qu'elle avait écrit. Car dès qu'elle était triste, écrivait.

Je pris ce fameux carnet et me permis de lire. Je savais que d'elle-même elle ne me le ferait jamais lire et elle m'avait fait comprendre par le détour d'une conversation que j'en avais le droit car cela pourrait me faire comprendre certaines choses à son égard.

Alors je lis.

Je fus surpris de trouver un poème écrit en anglais. Elle l'avait sans doute écrit pour que je puisse ressentir les sentiments qui l'avaient étreignes sur le moment.

"Harassment destroys. It scratches. It forges you. She was trying to live as much as she could. But those girls from her middle school never left her alone. She didn't ask for anything, she just wanted to work and bring home good grades to her parents. But the boys and girls were jealous. So she suffered. Child, from 6 years old, but also as a teenager from 11 to 14 years old. Despite that, she stayed. She managed to achieve her goals. She survived. And from her 15 years to now she is happy. Because it was her friends who helped her. She was very helpless, and she almost got lost. The harassment did not finish her but touched her. She has changed. But she SURVIVED... "

Je savais qu'elle parlait de son vécu. Elle m'en avait déjà vaguement parlé mais à chaque fois elle ne développait pas, comme si elle espérait que ça ne soit jamais réellement arrivé. Je sais que ça m'a marqué. Et seules les personnes qui l'ont vécu peuvent témoigner et ressentir sa douleur. Moi je ne peux qu'essayer de comprendre. Je sais pertinemment qu'il y a pleins de choses qui se sont passées qu'elle tente toujours de cacher. Je sais qu'elle ne me dira sans doute jamais tout. Mais ce que je sais c'est que jamais, jamais je ne laisserai des filles lui faire autant de mal. Et jamais je ne laisserai les garçons l'approcher... Je sais que sa peur des hommes vient de là. Je sais que sa peur de se confier et sa manière de toujours afficher un sourire qu'importe la situation est à cause de cela. Je déteste ces filles et ces garçons qui ont enlevé une partie de son innocence et de sa gentillesse. Aucun enfant n'aurait du avoir à faire face à ce genre de chose. Le harcèlement est une chose noire qui pourrit l'âme à n'importe quel âge. Elle est devenue tellement dure, elle était froide quand je l'ai rencontré. La première fois que je l'ai étreinte elle m'a mis une gifle.

SCARLETTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant