CHAPITRE 51 : Je la protègerai de tout

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"Une heure trente, samedi 31 janvier 2022. La nouvelle année prendra place dans moins de vingt-quatre heures. Et j'ai le cœur en vrac.

J'ai l'impression que l'on m'a poignardée puis que l'on a retourné le couteau plusieurs fois dedans, jusqu'à me transpercer le dos. J'ai l'impression d'avoir aussi contribué à cet assaut.

J'ai l'impression d'avoir aussi cette part de responsabilité... Dans tellement de choses que j'accepte de reconnaître.

J'aurais dû prendre en compte les conseils que l'on m'a donné, j'aurais dû être davantage vigilante et prendre les ruptures pour des choses beaucoup plus complexes qu'elles en ont l'air. J'aurais dû mettre cette naïveté, cette innocence et ce désir de toujours réparer les choses. Afin qu'elles puissent rentrer dans l'ordre. Car actuellement, c'est moi que l'on devrait réparer.
Je suis désarticulée, plus aucun rouage n'est en place, comme un réel automate qui devrait être réparé par Sara Crew.

J'ai le coeur en mille morceaux et c'est affreux. Je ne suis même pas encore sûre de ce que je veux faire mais il est clair que je ne peux plus me remettre dans des situations pareilles, c'est-à-dire à avoir envie de rendre mes tripes pour une amitié. J'ai suffisamment encaissé et pris sur moi dans tout cela. J'ai essayé d'oublier et de pardonner. De me rendre responsable de ce qui s'était passé car, peut être que tout le monde le digèrerait mieux.

Mais non, le rendu est catastrophique. C'est un caillou de sang dont on ne peut pas se débarrasser. C'est un problème qui est enraciné à une source bien trop profonde et incassable.

Je suis depassée par les évènements qui se sont déroulés durant cette journée qui aurait due se passer autrement.

Je n'ai pas les mots pour décrire exactement la souffrance psychologique dont je suis victime. Et pourtant c'est mon être tout entier qui tremble et qui pleure.

Il pleure. Je sens mes larmes dévaler mes joues, elles s'écrasent contre la parure de mon lit. Je sens mon cœur taper contre ma cage thoracique, j'ai l'impression de perdre pied et d'avoir tout perdu.

Et j'en ai marre de pleurer pour la même personne toujours, j'en ai marre que le schéma se reproduise et que la source de tout cela soit de la jalousie. J'en ai marre d'être le bouc émissaire.

Je n'arrive pas à me dire qu'une si belle amitié va prendre fin, que tant de souvenirs ne resteront pas et qu'ils disparaîtront avec le temps car il n'y aura pas la possibilité de les entretenir, à part si je suis suicidaire et décide de me planter des centaines de clous dans le ventre. Il n'y a même pas cinq minutes je regardais mes souvenirs de 2022 et j'avais envie de laisser couler mes poumons dans mon lit. J'avais envie de me taper, de me blâmer moi pour trouver une excuse à ce qui allait se dérouler. "

Je ne lirai pas la suite car je n'en avais pas la force. Pas la force du tout.

J'avais envie de retourner en arrière mais parfois lorsque l'on veut trop bien faire les choses on se blesse.

Ça avait été ma première amitié, ma première vraie amitié et jamais de la vie je ne pourrai arriver à l'oublier. Je crois que je n'ai jamais de chance. Je trouve une amie géniale et je dois m'en séparer car les circonstances toxiques l'y obligent. Concrètement, je sais avec du recul que ce n'est pas de ma faute. Qu'elle a changé et que je ne pouvais rien y faire et que surtout elle était complètement jalouse. Qu'elle ne voulait pas que je sois autant amie avec Victoire. Mais là, là quand je rentre en France et que je dois voir toutes mes amies, je ne peux pas faire abstraction face à tout ce qu'il s'est autrefois passé. Ce serait hypocrite envers mon fort intérieur que de vivre comme si elle n'avait jamais existé. J'aurai aimé pouvoir la revoir mais je sais que je mérite mieux, je ne dois pas oublié ce qui a été fait et de toute manière Ayden ne me laisserait pas faire.

SCARLETTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant