Deux versions.

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Ayaka Kohaku, a toujours eu une intelligence hors du commun quand il s'agit d'élaborer des plans infaillibles. Elle l'a toujours su et tous ceux qui la côtoient ne peuvent que confirmer.

La nuit est presque là, quand elle a fini avec les autres membres du gang de mettre en place ce stratagème.

Dans les espaces communs, prend place une scène que personne ne croirait. Ayaka est allongée dans un des canapés, le bras en travers des yeux et Sanzu est dans la même position, sur le canapé d'à côté.

Aucune dispute, aucun reproche, uniquement leur respiration semble déranger cet apaisant silence.

Sans lever son bras de ses yeux, Sanzu rompt définitivement le silence.

- Tu sais. Commence t'il, un peu hésitant. Moi aussi... j'ai eu un grand frère de merde.

- Hm ? Fait Ayaka, sans se relever.

- Je veux dire... je crois que je comprend un peu ce que tu ressens. Un grand frère ou une grande sœur... c'est censé être un modèle. Quelqu'un sur qui on peut compter. Qui nous portègera. Quand on se rend compte que c'est pas le cas du tout... c'est un peu comme si tout ce en quoi en croyait s'écroulait.

C'est en partie ce qu'elle ressent. Reconnaît interieurement Ayaka. Elle ne savait pas que Sanzu avait ce genre d'histoire. A part pour se disputer, ces deux là ne se sont jamais vraiment parlés.

Pourtant, ayant entendu l'histoire d'Ayaka et de sa sœur, Sanzu a pensé que peut être, ils avaient plus en commun que ce qu'ils voulaient bien le reconnaître.

- Ton frère était mauvais ? Lui demande t'elle, à présent intrigué par ce qu'il pourrait lui révéler.

- Ouais... égoïste surtout. Quoi qu'il puisse se passer, c'était toujours ma faute. On a une petite sœur aussi. Il s'en est toujours servit pour s'en faire de l'argent. Un enfoiré ce vieux. Il ne s'est jamais vraiment occupé de nous. Je m'occupais de ma petite sœur et il m'engueulait quand je ne le faisait pas bien. J'étais un gosse pourtant. Je crois... qu'il ne voulait pas être le grand frère de quelqu'un. J'étais comme un boulet à sa cheville sur lequel il se déchargeait quand il en avait envie. Je l'admirais pourtant. Je l'admirais vraiment.

Elle comprend un peu mieux ce qu'il veut dire. Quand elle a confronté Mako pour la première fois depuis qu'elle était sortie de prison. Mako lui a dit que tout était de sa faute. Ce n'était pas justifié ni même vrai. Mais c'était blessant. Sanzu a dû vivre dans un état de stress permanent étant enfant. Ça ne devait pas être facile.

- Je crois... Reprend Sanzu. Que toi et moi on est devenu les deux versions de ce qu'on devient dans ces cas là. Toi... tu as décidé de vivre pour toi. Uniquement pour toi. Moi... j'ai décidé...

- De vivre pour quelqu'un d'autre. Termine Ayaka, une pointe de compassion dans la voix. Tu crois qu'on devient... soit l'un soit l'autre ?

- Je pense oui. Affirme Sanzu, dans un soupir.

- Tu n'as pas l'impression... de t'oublier ? Ne le prend pas mal, hein ? Mais... ta dévotion pour Mikey... je ne pensais même pas que c'était possible d'être loyal à ce point.

- Mikey est... mon seul repère. Je n'ai plus que lui. Alors... je fais tout ce que je peux pour qu'il ne lui arrive rien. C'est vrai que par moment... je me dis que je ne vois que par lui mais... je ne sais pas faire autrement.

- Tu sais... je ne peux pas vraiment te juger. Moi... je n'avais plus aucun repère. Alors, j'ai décidé d'être le mien. Mais étrangement, j'en ai trouvé d'autres alors que je ne pensais pas ça possible..

- Lesquels ? S'étonne Sanzu.

- Vous.

- Même moi ? Rit un peu Sanzu.

- Oui. Même toi. Quand tu cris sur moi... j'ai presque l'impression d'être à la maison. Rit elle aussi.

C'est ce rire qu'ils partagent qui est le plus étrange. Le premier depuis qu'ils se connaissent. Dans ce rire ils se font pour eux même, un constat. Ils ne se détestent pas. Ils sont juste une part de ce que l'autre voudrait être et c'est assez compliqué à gérer pour eux. Alors, se crier dessus semble être devenu leur seul moyen de communiquer.

- Dans ce cas. Dit Sanzu. Je continuerai à te crier dessus.

- Et je continuerai à te répondre. Même si ça ne te plaît pas.

- Marché conclu. Sourit Sanzu.

C'est l'irruption des autres qui coupe court à tout échange.

- Il faut y aller. Déclare Mikey, à l'intention d'Ayaka.

- Bien. Fait elle, en se relevant difficilement. A plus tard. Dit elle à Sanzu.

- Oui. A plus tard. Sourit il un peu.

Voilà de quoi étonner les autres. Depuis quand sont ils si courtois entre eux ? En y réfléchissant, tous se disent qu'il ne vaut mieux pas trop se poser de questions. Ces deux là, sont tout aussi durs à suivre l'un que l'autre.

Dans la voiture les menant à leur destination, Mikey sait qu'il doit avoir une conversation avec Ayaka. Il prend donc la parole.

- Je... je te remercie de me faire confiance. Tente t'il, maladroitement.

- Oh... je t'en prie.

- Je voulais aussi te dire que ce n'était pas des paroles en l'air. La dernière fois. Je... je veux te récupérer. Je veux rester avec toi, te protéger et... t'aimer comme il faut. Est ce que... tu penses pouvoir me laisser une chance de le faire ?

Ayaka aurait sûrement répondu qu'elle ne savait pas il y a quelques temps. Pourtant elle y songe maintenant. Quand elle se demande qui pourrait essayer de partager sa vie, ce n'est pas le visage de Mikey qu'elle voit. Elle en voit un autre alors qu'il y a quelques semaines, elle n'en voyait aucun. Ça lui fait peur.

Cependant, elle pense que Mikey est beaucoup trop fragile après tout ce qu'il s'est passé pour qu'elle puisse lui dire ce genre de chose. Elle ne veut pas lui faire de mal. Elle ne veut pas faire de mal à Izana non plus en lui cachant plus longtemps qu'elle a fini par avoir des sentiments pour lui.

Que doit elle faire ? Un des deux va forcément être blessé. Est ce qu'elle doit juste se taire et faire comme si elle ne savait pas ? Nier ce qu'elle peut ressentir, quitte à souffrir à leur place. Un d'entre eux souffrira. Alors, pour le moment, elle préfère que ce soit elle.

- J'en sais rien Mikey. Mais... on peut en reparler plus tard si tu veux.

Elle se maudit. Elle se maudit de ne pas avoir le courage de lui dire qu'il pourrait tout essayer, mais que ça ne fonctionnerait pas. Comme elle se maudit de ne pas avoir le cran de dire à Izana qu'elle n'a pas besoin d'attendre que tous ses problèmes soient derrière elle, pour savoir ce qu'elle veut. Alors, elle fait l'autruche. C'est encore, le moins douloureux.

Her Cold Heart. [MikeyxOCxIzana]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant