Chapitre 7

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Cela faisait plus d'un mois que Jungkook avait commencé le pugilat.

Un mois qu'il boxait l'après-midi et bossait le matin.

Car, oui, un autre patron l'avait finalement accepté et Jungkook travaillait à nouveau au port du Pirée. Il se tenait à carreaux, évitant au maximum altercations et problèmes. Lorsqu'il avait reçu sa première paie hebdomadaire, lourde et tintante dans sa main, et qu'il l'avait tendue à son père, il avait bien vu la fierté dans ses yeux et s'était promis de la lui faire garder.

Et c'était bien plus facile, maintenant qu'il pouvait venir au gymnase, y retrouver la fraîcheur et cogner tout l'après-midi. Le sac d'entraînement recevait ses coups sans broncher et Jungkook s'en sentait mieux, après. Il évacuait la frustration et la rage contre le cuir et le sable, à défaut de pouvoir le faire contre les autres. Car il aurait bien frappé ce Haemon à nouveau, lui qui ne savait pas fermer sa bouche ni contrôler ses mimiques moqueuses! Mais Namjoon l'avait à l'œil et Jungkook, à sa grande confusion, s'était aperçu qu'il n'avait pas envie de risquer de se faire virer.

C'était pour l'argent, bien sûr, cette rente faramineuse que Namjoon lui avait fait miroiter. Mais aussi autre chose. La satisfaction d'avoir le corps fatigué le soir, autrement que par le travail au port. Le bien-être de travailler son corps, de le pousser à bout, de sentir la sueur couler, comme si elle le lavait de tout. Le plaisir de cogner légitimement, sans crainte des conséquences. Et aussi, un peu, le regard de fierté dans les yeux de Namjoon lorsqu'il le félicitait de ses progrès.

Car, quoi qu'en marmonne Haemon un peu trop fort, quoi que semble en penser Jimin qui trouvait la moindre occasion, la moindre rencontre, pour lui rappeler combien il était débutant et malhabile, Jungkook progressait.

L'entraînement d'aujourd'hui le montrait bien.

Il avait compris l'échauffement de base, gérait mieux le ballet des poings et des jambes et, pour la première fois, n'avait pas eu besoin de copier les autres pour comprendre ce que Namjoon venait de demander. Il était là, à exécuter parfaitement ces nouveaux mouvements, et se sentait désormais à sa place.

Restait à mener un vrai combat, contre un autre élève, mais Namjoon lui répétait qu'il n'était pas prêt: il n'avait pas encore assez assimilé les techniques de bases pour ne pas retomber dans la bagarre de rue au bout d'une minute. Jungkook savait qu'il avait raison mais cela n'éteignait pas l'envie.

Surtout quand il croisait un Jimin provocateur, qui le traitait avec un paternalisme d'autant plus rageant que Jungkook le savait faux. Il ne comptait plus les fois où Jimin lui avait donné de petits conseils lorsqu'ils se croisaient entre son entrainement et celui de Jungkook, conseils qui ne servaient qu'à pointer l'infériorité technique de Jungkook et le long chemin qu'il lui restait encore à parcourir avant d'atteindre son niveau. Et ce petit sourire en coin, moqueur, qui ne le quittait jamais. Jungkook devait se contrôler pour ne pas le lui faire ravaler.

Le pire était que les conseils étaient utiles. Et adaptés.

A croire que Jimin l'observait en cachette s'entraîner.

Mais c'était impossible, pourquoi quelqu'un comme Jimin irait le regarder lui, Jungkook, s'entraîner? Il devait avoir tant d'autres choses plus intéressantes à faire! Dépenser des milliers en achats faramineux, discuter tout l'après-midi avec son groupe d'amis, déambuler sur l'Agora...

La seule fois où Jungkook s'y était rendu, pour accompagner son père faire une démarche pour la cité, il avait été troublé par tous ces gens qui marchaient nonchalamment en discutant, ou se reposaient à l'ombre. Ils n'avaient pas l'air pressés, pas l'air fatigués. Encore moins malades ou affamés. Tout le contraire de ce qu'il voyait au quotidien dans son quartier, chez lui.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant