À corps perdus [yoonminkook]

Chapitre 22

— Ce sale métèque !

Les mots avaient sonné, écorchant la quiétude de Yoongi.

Il releva la tête du sol qu'il contemplait en attendant Seokjin et dévisagea les deux jeunes pugilistes qui sortaient du corridor, déjà rhabillés et corbeilles à la main. Des serviteurs les attendaient, Yoongi les avait vu faire les cent pas dans le vestibule. Ils prirent les corbeilles des mains de leurs maîtres en s'inclinant puis restèrent de côté, attendant qu'ils se décident à quitter le gymnase.

— Je peux pas croire qu'il m'ait encore battu ! continuait celui qui était le plus remonté, visage meurtri et un linge rougeâtre appliqué contre la tempe.

— Il est fort, observa l'autre d'un ton ennuyé.

— Oui mais c'est un métèque ! Il n'est pas d'ici ! Il ne devrait même pas s'entraîner avec nous, je ne comprends pas pourquoi Hoseok...

— Hoseok quoi ?

Le propriétaire venait justement d'apparaître, sourire plaqué sur les lèvres mais les yeux sombres.

— Bonjour ! L'entraînement s'est bien passé ? continua-t-il d'un ton désinvolte qui ne trompa pas Yoongi. Oh, tu es blessé, ça a dû être difficile de perdre encore une fois... As-tu besoin de soins ? D'un petit remontant ?

Yoongi sourit : les deux jeunes boxeurs se faisaient soudain plus petits, assaillis sous l'avalanche de paroles et l'insistance d'Hoseok à pointer la défaite.

— Bon je vous laisse, j'ai à faire, ajouta soudain ce dernier face au mutisme des deux athlètes. Mais qu'est-ce que vous vouliez me demander ?

— Non, rien, tout va bien...

Le blessé affichait un sourire presque contrit, faisant déjà signe à son serviteur pour quitter les lieux.

— D'accord, tant mieux alors. Allez, pensez plutôt à essayer de progresser plutôt qu'à dire des sottises.

Et Hoseok s'en alla gaiement, non sans avoir fait au passage un clin d'œil à Yoongi.

Les pugilistes restèrent quelques instants interdits à l'observer s'éloigner, puis se regardèrent, à nouveau furieux.

— Mais pour qui il se prend, ce petit propriétaire de gymnase miteux ? Est-ce qu'il sait au moins qui est mon père ? Je pourrais lui faire ravaler son...

— En attendant, c'est dans ce gymnase miteux que tu t'entraînes. Pourquoi donc ?

Les deux se retournèrent, surpris, vers Yoongi qui approchait.

Il fallait bien qu'il se lève, ils lui cassaient les oreilles à râler aussi fort. Ils s'inclinèrent devant lui (ou devant le souvenir de l'ancien boxeur qu'il était ? Yoongi ne savait jamais), le blessé tenta de bredouiller une explication :

— C'est pour Seokjin, il n'exerce qu'ici.

— Ah. Alors respecte le lieu que ton entraîneur a choisi. Et respecte ceux qui, même s'ils sont métèques, sont bien meilleurs que toi. Incline-toi et apprends.

— Jimin n'est pas meilleur, il est juste...

— Juste quoi ? Juste celui qui vous bat tous ici ? Juste le seul qui soit sûr de participer aux Jeux ?

— Il ne va jamais gagner, marmonna l'autre. Il ne peut pas gagner, il est trop...

— Tu en es sûr ? demanda Yoongi en le fixant. Pourquoi crois-tu que j'aie accepté de l'entraîner ?

Ces gamins commençaient à lui porter sur les nerfs.

— Je ne sais pas.

— Alors tais toi, arrête de dire des bêtises et va t'entraîner. Métèque ou pas, Jimin vaut plus que vous tous réunis !