Chapitre 27

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Il avait vu Jimin tomber, brutalement, s'écraser sur le sol dès le premier coup.

Il avait souffert, avec lui.

Son adversaire avait ri, d'un long rire rocailleux, tandis que Jimin peinait à se relever, secouait la tête pour chasser le sable et les étoiles d'étourdissement. Jungkook l'avait vu fermer les yeux, plisser fortement les paupières à plusieurs reprises.

Celui qu'ils appelaient Lion était fort, puissant, cruel. Il n'avait même pas fait semblant, même pas observé, avait juste attaqué, dès la première seconde. Un coup déjà final, comme s'il voulait assommer Jimin et déjà repartir.

Jungkook en avait frissonné.

Pourtant Jimin s'était relevé, s'était replacé correctement et avait ajusté sa garde. Une détermination identique dans le regard, comme si le coup n'avait rien entaché.

Mais nul ne pouvait ignorer la trace rouge qui mangeait la pommette, le sang qui gouttait encore du nez. L'œil gauche un peu plus fermé.

Combien de temps allait-il tenir ?

Jungkook se reprit, s'en voulut de penser déjà en défaite. Jimin pouvait gagner, peut-être. Il était toujours si plein de ressources, si imprévisible.

Si surprenant, que ce soit sur le sable ou...

Jungkook revit brusquement la chambre, minuscule, ces murs sales et écaillés qui laissaient des traces sur les doigts. L'odeur de renfermé qui flottait dans l'air, la fenêtre si petite qu'on ne voyait rien du dehors.

Et ces ombres, sur les murs, leurs ombres qui ondulaient aux flammes des bougies, entrecroisées. Proches puis perdues tour à tour. Le corps de Jimin paré de ces ombres, sa nudité si différente ce soir-là. Beau, toujours, superbe sous le plaisir.

Jimin, qui avait voulu tout goûter, tout toucher. Tout essayer. Tout ressentir. Insatiable et naïf, curieux, sans honte tout à coup. Comme s'il savait que Jungkook n'allait pas rire, ne pouvait plus rire sous le désir.

Car Jungkook s'était fait muet, pur observateur d'un Jimin qui parcourait lentement son corps, en prenait connaissance, comme d'une machine au fonctionnement complexe. Pourtant, tout était simple, si simple avec lui, si simple face à lui. Jungkook lui aurait tout donné, tout laissé faire. Le moindre frôlement devenait cascade de sensations qui roulaient en lui, intenses, si intenses qu'il n'en avait jamais connu de telles.

Jungkook n'avait pas compris, n'avait rien compris à ce qui lui arrivait, à cet effet que les mains de Jimin provoquaient en lui. Comme si sa peau lui appartenait. Comme si c'était lui qui découvrait le sexe, et non Jimin.

C'était comme si son corps avait pris seul cette décision, appartenir à Jimin, ne plus appartenir qu'à lui. Car qui d'autre pourrait éveiller de telles intensités ?

Maintenant encore, assis à regarder le combat, à regarder Jimin qui reculait, tombait, et tombait encore, à le voir tenter de se protéger, Jungkook ne pouvait s'empêcher de revenir à ça : à cette ardeur en Jimin, à cet éveil du corps, de leurs corps, à ce passage à une autre dimension.

Et ce Lion, qui risquait de lui prendre ce corps, qui risquait de tuer Jimin !

Jungkook se leva, incapable tout à coup de se contrôler, il se mit à crier, à hurler pour déborder la foule, pour porter sa voix aux oreilles de Jimin.

Mais Jimin restait là, immobile dans le cercle de cordes, penché en avant à tenter de reprendre son souffle. Sourd aux cris de la foule, à ceux, soudains, de Jungkook. Aux conseils de Seokjin, même.

Pas un instant Jimin n'avait regardé autour de lui.

Depuis le début du combat, il s'était contenté de fixer Lion, d'ancrer son regard à sa silhouette, et d'y revenir chaque fois qu'un coup rompait le contact.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant