Chapitre 56

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Le voyage dura 8 jours.

8 jours, 8 nuits, à pied ou en chariot, en bateau parfois.

Des jours et des nuits qui finissaient par se ressembler.

Mais des jours et des nuits qui, sans cesse, émerveillaient Jungkook.

Il n'était jamais sorti d'Athènes.

Toujours son quartier ou le port du Pirée. Puis un jour, le Soleil d'Or. Les promenades au cœur de la cité avec Jimin. Le Lykeion. L'Agora, parfois, le théâtre de Dionysos, une fois.

Et maintenant, ça.

Ce voyage qui lui semblait interminable, fatigant, exténuant, mais qui lui faisait prendre conscience de l'au-delà.

L'au-delà des murs de la cité.

Qui lui faisait prendre conscience de la beauté du monde, de son immensité.

A ses côtés, Jimin et Yoongi semblaient presque blasés, parlaient boxe et stratégie alors que lui, Jungkook, ne voulait que recevoir par tous ses pores le monde nouveau qui s'offrait à lui.

Alors il oubliait Jimin, il oubliait Yoongi, et se gorgeait du bleu de la mer et du ciel, du blanc des maisons le long des chemins. De la végétation, légèrement différente à mesure qu'ils se dirigeaient vers le sud. De l'observation des gens rencontrés, curieux de les voir passer, admiratifs dès qu'ils savaient qu'ils allaient à Olympie.

On félicitait, on insistait pour les recevoir "rien qu'un instant", à offrir le peu ou le trop selon les gens, selon l'argent. Jimin et Yoongi acceptaient de bonne grâce, chaque fois, se montraient aimables, reconnaissants, parfaits. Jungkook aimait ne pas trouver chez eux deux le dédain pour le trop peu parfois offert, pour le manque évident de confort, qu'il aurait forcément vu chez les autres, ceux du Lykeion, dans une telle situation.

Dans tous ces moments, Jungkook, lui, suivait.

Souriait quand il le fallait, acquiesçait souvent, sans vraiment écouter ce qui se disait, calquant son attitude sur celle de Yoongi ou de Jimin. Il passait son temps ailleurs, avec les paysages ou les choses, bien plus qu'avec les gens. Son chemin de découverte, c'était de détailler chaque objet, humer chaque odeur et effleurer discrètement les murs.

Jimin et même Yoongi le surprenaient parfois, souriaient d'un air entendu, sans moquerie.

Alors Jungkook continuait son voyage si personnel, le cœur apaisé de se savoir un peu compris, et se gorgeait de ce qui le rendrait plus riche, une fois rentré à Athènes : savoir ce qui existait, ailleurs. Savoir la beauté du monde et le miracle des Dieux.

La nourriture était bonne, aussi. Un peu différente mais on retrouvait la base : galette ou pain, huile d'olive, figues et fruits. De la viande aussi, pour continuer à préparer le corps, surtout lorsque la famille qui invitait était riche. Car Seokjin, même absent, faisait des miracles. Combien de magistrats des cités traversées s'étaient portés à leur rencontre et avaient insisté pour être leur hôte pour la nuit.

— Seokjin nous a écrit, expliquaient-ils, c'est un honneur pour nous de vous recevoir.

Jungkook appréciait ce luxe qui reposait des autres jours, de la poussière des chemins et des orages imprévisibles.


Car c'est bien trempés comme des soupes qu'ils arrivèrent un soir dans la seule auberge d'un petit village. Il ne restait qu'un jour de voyage, on approchait d'Olympie et surtout d'Elis, la petite ville où ils passeraient les deux semaines de préparation et de sélection. À ce stade, nulle certitude encore de pouvoir participer aux Jeux.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant