Chapitre 17

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Jimin ne viendrait pas aujourd'hui.

Une histoire de visite à la fabrique de sa mère, si Yoongi avait bien compris. Jimin l'avait informé la veille sans même le regarder dans les yeux, de ce murmure distant qu'il utilisait désormais pour s'adresser à lui.

Où était le jeune homme rayonnant qui le saluait d'un "Yoongi!" bien trop enthousiaste?

Il ne le regardait plus dans les yeux, ne lui souriait plus. Ne brillait plus.

Yoongi aurait dû en être satisfait: plus de lumière, plus de danger. Mais c'était faux, c'était pire: il était toujours autant subjugué par Jimin, mais se sentait en plus coupable.

Jimin n'avait rien dit, mais Yoongi se doutait que c'étaient ses mots. Ce maudit "ton visage m'insupporte". Jimin s'était silencieusement effondré ce jour-là, n'avait longtemps plus tenu qu'à un fil.

Heureusement, Jimin était bien plus tenace que Yoongi ne l'aurait pensé. Il avait continué à venir aux entraînements, avait continué à progresser.

Mais il s'était terni de tristesse.

Alors, Yoongi faisait tout pour ne pas en être touché, pour se dire que Jimin était grand, devait apprendre à être fort, à résister aux attaques en tout genre. Se dire que c'était mieux ainsi.

Il n'en était pas moins tourmenté, n'en revenait pas moins épuisé chez lui.

Heureusement que la relation entre Jimin et Jungkook s'était, elle, passablement améliorée. Après leur combat, après la défaite de Jungkook. Yoongi ignorait par quel mécanisme, mais les deux avaient recommencé à se parler du bout des lèvres, puis à s'envoyer des piques.

"Comme avant", avait dit Seokjin.

C'était bon pour l'entraînement. Ils ne manquaient plus de se jeter l'un sur l'autre à la moindre remarque, mieux, ils progressaient bien plus vite en s'observant mutuellement.

Exactement comme Yoongi l'avait espéré en les réunissant.

Il se permit un petit sourire satisfait, vite effacé à la vue de la palestre toujours vide.

Jimin ne venait pas, et Jungkook était en retard. Comme toujours.

Yoongi détestait attendre.

Lorsque Jungkook arriva, plus de 30 minutes après l'heure prévue, des cernes énormes sous les yeux, le teint cireux, les yeux plissés de celui qui souffre le martyr, et la démarche un peu hésitante de celui qui a encore des restes de boisson dans le sang, Yoongi vit rouge.

Il avait certainement encore passé la nuit dehors. Il avait certainement encore bu plus que raisonnable, encore joué, encore joui, tout ce que les athlètes devaient éviter s'ils voulaient atteindre un certain niveau.

Or, chez Jungkook, c'était tous les jours. La fatigue se voyait, la gueule de bois se sentait, et Jungkook, malgré un corps, une force et un instinct du combat plus que prometteurs, ne décollait pas.

- Jungkook, interpella Yoongi, alors que l'intéressé, après l'avoir salué d'un signe de tête, se préparait le plus vite que son esprit certainement encore brumeux lui permettait de le faire.

Jungkook releva la tête, tiqua devant les sourcils froncés.

- Pardon pour le retard, s'empressa-t-il de dire, j'ai été retenu au travail et...

- Non, le coupa Yoongi. Ne mens pas.

- Je ne mens pas!

Mais il se tut et baissa la tête, continuant maladroitement à s'enduire d'huile.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant