Athènes était en effervescence.
Jimin abhorait les jours comme aujourd'hui mais il devait avouer que le spectacle autour de lui était fascinant: partout une foule grouillante, des hommes, en groupe ou seuls, fièrement drapés de blanc, qui se pressaient sur le chemin, des vendeurs et vendeuses de fruits, en-cas et autres douceurs, des orateurs affairés à convaincre les derniers hésitants.
C'était jour d'élections et Tae l'avait forcé à venir ici.
Ici, au pied de la Pnyx, la colline sur laquelle se réunissait l'Assemblée des citoyens, celle qui voterait tout à l'heure. Derrière lui s'étendait l'Agora, presque déserte maintenant, et un peu plus loin, la colline de l'Acropole et ses temples.
D'ordinaire, Jimin se terrait chez lui ces jours-là, ces jours où le monde entier lui rappelait que, lui, n'était pas comme les autres, que, lui, ne pouvait pas voter. Il fallait être citoyen athénien, lui n'était qu'un métèque.
L'Assemblée se réunissait en fait plusieurs fois par mois, et tout citoyen était supposé y participer, mais peu le faisaient en réalité. L'intérêt se réveillait les jours comme aujourd'hui, lorsqu'il fallait élire les magistrats et plus particulièrement les Stratèges, les dix hommes chargés de gouverner la Cité.
Les jours comme celui-ci, Athènes était en liesse, tandis que Jimin, lui, cuvait sa peine.
Mais cette fois Jimin se sentait une dette envers Taehyung, une dette qui l'avait finalement fait céder à ses supplications, et il se retrouvait ici, mal à l'aise, mais trop heureux que son ami lui pardonne.
Oh, Taehyung l'avait pourtant vertement sermonné, une fois la première surprise passée, une fois le choc surmonté.
Le trajet de retour du gymnase, ce jour funeste où Jimin s'était totalement laissé ensorceler par Jungkook, n'avait été que cris et larmes, citations et malédictions. Taehyung tonnait, menaçait, appelait auteurs et philosophes en renfort pour rappeler ô combien la chair était faible, combien elle mettait en péril l'entièreté de l'être. L'énergie devait être gardée intacte, pure, pour la perfection de l'esprit, Jimin le savait pourtant !
Et Jimin avait eu beau dire qu'il n'avait certainement pas épuisé de fluide corporel du peu qu'ils avaient fait, Taehyung ne voulait rien entendre : ce qu'avait fait Jimin, volontairement en plus, était une erreur fatale, monumentale, qui ne devait jamais se reproduire sous peine d'amener sa perte irrémédiable.
Jimin avait pris peur, plus de perdre son ami que de se perdre lui, avait acquiescé, fait pénitence. Promis de ne plus recommencer, de se tenir loin des corps, loin du corps de Jungkook. C'était ce qu'il voulait, oui, ce qu'il fallait vouloir.
Son corps pourtant, le soir dans son lit sculpté, lui disait autre chose. Lui rappelait la sensation de la peau de Jungkook sous ses doigts, sous ses lèvres. Ornait ses fantasmes de réalité.
Mais Taehyung avait pardonné, pour cette fois, l'avait pris dans ses bras et lui avait rappelé combien il l'aimait, combien il ne voulait que son bien. Jimin avait souri, trop heureux de s'en tirer à si bon compte, avait remis ses propres doutes à plus tard.
Pour sceller l'amitié non perdue, peut-être aussi faire acte de pénitence, il avait accepté d'accompagner Tae jusqu'à la Pnyx.
Il s'était paré de ses plus beaux atours, avait accroché son courage, et se retrouvait maintenant là, au milieu de la foule qui le bousculait et qui, heureusement, ne semblait pas percevoir ce que sa présence en ce jour de fierté citoyenne avait d'incongru.
Plus loin il apercevait sa mère, accompagnée de Phidias, qui se promenait, fière, seule femme de noblesse en ces lieux. Comment pouvait-elle être si sûre d'elle-même, femme et métèque, oublier les calomnies, marcher comme si le monde lui appartenait ?
VOUS LISEZ
À corps perdus [yoonminkook]
FanfictionAthènes, Ve siècle avant JC Jungkook découvre qu'il aime la boxe, même s'il déteste ceux qui en font. Jimin veut comprendre d'où il vient à force de coups de poings. Et Yoongi s'est perdu en route, après un combat de trop. Une chronique de la décou...