Chapitre 12

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Cela faisait une semaine que Jimin ne comprenait rien.

Depuis l'explosion de Jungkook à la fabrique, il avait sans cesse repassé les événements en boucle dans son esprit mais ne comprenait toujours pas. La morsure, le crachat, le "ordure", soudain, alors que tout semblait aller bien juste avant. Et puis ça, aussi, inattendu, perturbant.

Si on ajoutait que la mère de Jimin l'avait littéralement forcé à venir à la fabrique ce jour-là, comme elle le faisait régulièrement, la journée avait été bien horrible.

Jimin ne comprenait pas pourquoi sa mère s'entêtait ainsi à le faire venir, à lui parler de l'état des ventes, des difficultés rencontrées en fabrication ou, pire, à le faire aller discuter avec les employés. Tout ça, alors qu'il détestait cet univers et qu'il lui avait clairement dit qu'il n'avait nullement l'intention d'un jour reprendre la tête de la fabrique, encore moins de créer une autre affaire. Et, maintenant que Taehyung lui avait appris que sa mère était certainement entretenue par quelqu'un depuis toutes ces années, qu'un homme lui fournissait le logement en échange de... quoi? Jimin préférait ne pas y penser... Il avait encore plus de mal à la regarder dans les yeux désormais, à savoir comment agir en sa présence.

Mais sa mère continuait à lui parler normalement, à disserter de stocks, de matières premières, de gestion du personnel et autres sujets très ennuyeux, qu'il connaissait de plus déjà par les leçons qu'il avait reçues toutes ces années. Sa mère n'avait jamais lésiné sur les moyens pour l'éduquer et Jimin avait eu au moins autant de professeurs particuliers que Taehyung, si ce n'est plus. Tout cela en plus de l'éducation classique donnée à tout garçon de bonne famille. Il pensait en être libéré en atteignant l'âge adulte, pouvoir se consacrer à ce qu'il aimait, il s'était trompé.

Il en enviait presque ceux des basses classes, qui n'avaient pas besoin de se coltiner toutes ces heures barbantes. Jungkook par exemple, tout inculte qu'il soit, pouvait passer son temps librement, en dehors du travail. Boxer, courir, jouir de la vie...

Il s'interrompit soudain et se gifla mentalement. Comment pouvait-il encore penser à ce moins-que-rien, alors que Yoongi allait arriver d'une minute à l'autre et, il le savait, l'évaluer à la seconde même où il poserait le pied dans le gymnase. Il le soupçonnait de juger la cadence de ses coups à l'oreille avant même de parvenir à la palestre, si exigeant qu'il était!

La pensée de Yoongi fit éclore un sourire, le premier de la journée.

C'était toujours comme ça pour Yoongi, Jimin ne pouvait empêcher son cœur de battre plus vite, ses lèvres de former un sourire et ses gestes de devenir fébrile, à la moindre pensée pour l'ancien boxeur. Le changement radical entre le Yoongi des Jeux Olympiques et celui d'aujourd'hui n'y faisait pas grand chose, Jimin était totalement charmé par son nouvel entraîneur.

C'était étrange, c'était déroutant, mais Jimin avait bien réfléchi et s'était finalement dit que ce n'était pas "mauvais", même s'il n'avait pas encore osé en parler à Taehyung. Oui, il trouvait Yoongi beau, magnifique même, mais tout ce qu'il voulait c'était le voir, être avec lui. Qu'il lui parle, qu'il le voie, lui aussi, c'était suffisant pour former cette boule de bonheur qu'il ressentait chaque midi avant son arrivée.

Tout le contraire de ce qui s'était passé à la fabrique.

A cette pensée, Jimin perdit le rythme des coups contre le sac, rougit violemment et dût s'arrêter un instant pour respirer et reprendre ses esprits.

Car ce que Jungkook lui avait fait ce jour-là était si violent, si troublant que, non, Jimin ne comprenait décidément pas. D'instinct, il passa la langue sur sa lèvre, encore meurtrie de la morsure. Le crachat sur la joue était depuis longtemps essuyé, même si l'humiliation restait. Heureusement, personne ne les avait vus. Personne ne l'avait vu, lui, Jimin, se faire manquer de respect à ce point par quelqu'un de la plèbe. Un bref instant, après, l'idée lui avait traversé l'esprit de dénoncer la situation, de faire punir Jungkook. Cela aurait été si facile, les juges n'auraient pas même cherché à comprendre. Le privilège de l'argent.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant