La cérémonie d'ouverture des Jeux d'Athènes avait été grandiose. La fête qui avait suivi, le soir, puis la nuit, encore plus.
Le mal de crâne de Seokjin était là pour en témoigner.
Trop de vin, trop de ces délicieuses pâtisseries. Trop d'une musique entêtante qu'il lui semblait encore entendre. Trop de corps et de rires, aussi.
Il disait rarement non.
La vie n'était-elle pas là pour être dégustée ?
Mais ce mal de crâne...
Et ce mal de cœur, plus lancinant encore. Les lendemains de fête étaient toujours si tristes.
Seokjin s'ébroua alors que le palanquin venait de stopper, chassant l'amertume, préparant le sourire. Une main soulevait déjà le rideau, le nouveau domestique l'aidait à descendre. Comment s'appelait-t-il déjà ? Seokjin fit un bref effort pour s'en souvenir puis renonça.
— Attendez-là, je n'en ai pas pour longtemps.
Le gymnase était silencieux, comme souvent en temps de fête. Les uns profitaient des compétitions, les autres y participaient. Seul Hoseok devait s'y trouver, et c'était lui que Seokjin cherchait : il manquait son sceau sur un document pour l'inscription aux épreuves de pugilat, la preuve que Jimin combattait sous l'égide du Soleil d'or. Tout serait bon pour faciliter son passage devant les magistrats : Seokjin craignait que le corps plus fluet du garçon ne leur fournisse une excuse pour lui refuser le droit de combattre. "Trop dangereux" argueraient-ils, pour ne pas avouer rejeter sa non-citoyenneté. Depuis les lois de Périclès, les magistrats prenaient à coeur de durcir chaque formalité pour les métèques.
Seokjin savait que Jimin s'effondrerait en cas d'interdiction.
Il avait déjà pris les devants, s'était "par hasard" retrouvé aux mêmes fêtes que certains magistrats, avait déjeuné avec le père de l'un d'entre eux, facilité un échange commercial à un autre. Il serait là, bien sûr, soutiendrait Jimin, ferait un scandale mémorable s'il le fallait. Et Jimin combattrait, oui.
Mais ce document serait tout de même bien utile.
Seokjin allait rejoindre le corridor qui menait au bureau d'Hoseok lorsqu'il s'arrêta et tendit l'oreille : des bruits assourdis, quelques rires même, semblaient provenir de la palestre.
Etait-ce Jimin ? Avec Jungkook ? Ces derniers temps les deux s'entendaient bien, étrangement, beaucoup trop bien. Seokjin craignait que Jimin, s'il se rapprochait trop de Jungkook, en vienne à hésiter à réellement frapper s'ils étaient amenés à s'affronter lors des Jeux. Tandis qu'il savait bien que Jungkook, lui, n'hésiterait jamais. Il avait en lui trop de rage, trop de bestialité à peine contrôlée pour se perdre dans des considérations comme l'amitié. C'était même à se demander si tout cela n'était pas un coup monté, ce rapprochement étonnant. Pas par Jungkook, bien sûr, le gamin était bien trop simple, bien trop inculte pour avoir imaginé une telle chose.
Mais Namjoon...
Seokjin fronça les sourcils et se décida à aller voir ce qui se tramait sur la palestre, pour y mettre le hola si nécessaire. Pourtant Jimin avait dit aller voir Taehyung ce matin-là, c'était étrange. Et, si proche de la compétition, il savait bien qu'on ne s'entraînait plus, qu'on gardait l'énergie intacte.
Deux jours encore, et les premiers combats commenceraient.
Seokjin émergea finalement du corridor mais s'immobilisa immédiatement dans l'ombre des colonnes, surpris.
Sur le sable, nulle trace de Jimin.
Mais Jungkook. Et Namjoon.
Les deux venaient visiblement de s'affronter, leurs corps luisaient de sueur et la poussière y avait laissé de larges traces brunes. Tous deux haletaient, fatigués du combat, mais se souriaient, alors que Namjoon aidait Jungkook à se relever. Ils commencèrent à rejoindre l'ombre, dénouant leurs cestes en discutant. Ils ne l'avaient pas vu.
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À corps perdus [yoonminkook]
FanfictionAthènes, Ve siècle avant JC Jungkook découvre qu'il aime la boxe, même s'il déteste ceux qui en font. Jimin veut comprendre d'où il vient à force de coups de poings. Et Yoongi s'est perdu en route, après un combat de trop. Une chronique de la décou...