Il pleuvait.
Une pluie douce et tiède, qui emplissait le jardin de vapeurs et le cœur de Jimin de mélancolie.
Il était debout, enfin, depuis quelques minutes. Quelques minutes si courtes, mais qui faisaient déjà trembler ses jambes, qui l'obligeaient à s'agripper à la fenêtre de toutes ses forces, de toute sa volonté.
Non, il ne faiblirait pas. Non, il ne s'assiérait pas tant que quelqu'un ne serait pas arrivé. Un pari contre lui-même, un pari contre son corps.
Qui serait ce quelqu'un ?
Maîa ou sa mère.
Taehyung, bientôt.
Yoongi, peut-être.
Et Jimin faisait le compte des visites, au plic ploc de la pluie. Pour effacer l'ennui, museler ses pensées morbides, ses pensées de vide. Combler son coeur.
Taehyung, chaque jour. Pendant des heures. À discuter de tout, à discuter de rien. De ces petites choses qui font l'amitié, qui permettent de continuer, malgré tout. À discuter de tout, sauf de la boxe. Sauf du combat. Taehyung n'aimait pas, encore moins maintenant. Malgré tout, Taehyung, toujours là. Taehyung, son seul ami.
Yoongi. Quatre fois. Chaque jour, lui aussi. Viendrait-il aujourd'hui ?
Lui préparerait-il des fruits, comme la veille ? Le pousserait-il à manger ? Lui ferait-il encore faire quelques pas, appuyé à son bras, à trembler sur ses jambes, à trembler de ses doigts à peine posés sur le tissu rêche du manteau. Il avait à peine osé s'appuyer, la veille, infiniment perdu de cette proximité, de ces gestes nouveaux, de ces gestes qui liaient.
Avait-il pardonné à Yoongi ? Réellement pardonné ?
Cette question qui revenait, souvent, jour et nuit.
Elle revenait sans réponse pourtant, sans que Jimin ne puisse ou ne veuille réfléchir plus avant.
Sa tête avait compris les explications de Yoongi mais doutait un peu, encore.
Son cœur était meurtri, mais avait tant besoin de lui.
Besoin de ces gestes inédits, de ce regard, ferme, posé sur lui. De ces mots qui portaient, patients, de cette expérience partagée. De cette douleur connue et vaincue.
Yoongi savait le chemin et Jimin le suivait.
Car aurait-il pu continuer, seul ?
Yoongi était ce bras patient qui emmenait.
Et les doigts de Jimin se serraient plus encore, de volonté, d'envie de prouver, à lui et à Yoongi, qu'il réussirait.
Se serraient de honte, aussi, d'un pardon trop facilement donné.
Mais qu'il était bon de se laisser aller.
La pluie redoubla, éclaboussant légèrement le manteau de Jimin en rebondissant sur le rebord de la fenêtre ouverte. Ses mains étaient trempées, déjà.
Mais Jimin tenait, droit, le plus droit possible. Comme au combat.
Comme contre Lion.
La douleur qui le heurta à cette simple pensée le fit vaciller un instant, chercher du regard le fauteuil tout près.
Mais non. Il n'allait pas céder, pas à nouveau, pas face à lui. Il se raidit, s'affermit. Penser à autre chose.
Jungkook.
Jungkook, pas une seule fois.
Jimin sourit de ce goût d'amertume. Pourtant rien d'anormal. Qu'est-ce qu'un rustre tel que lui aurait fait par ici ? Dans ce quartier, dans cette villa ?
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À corps perdus [yoonminkook]
أدب الهواةAthènes, Ve siècle avant JC Jungkook découvre qu'il aime la boxe, même s'il déteste ceux qui en font. Jimin veut comprendre d'où il vient à force de coups de poings. Et Yoongi s'est perdu en route, après un combat de trop. Une chronique de la décou...