Chapitre 26

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La clameur.

Le bruit des coups, l'odeur des corps, de sueur, d'huile.

Les gens, autour de lui, assis, debout, hurlant, criant à chaque frappe, chaque touche. Des Oh et Ah sauvages, aussi brutaux que des poings.

Jungkook combattait.

Jungkook combattait, et Jimin regardait.

Et cette peur, ce cœur serré, pour lui, qui s'apaisait un peu maintenant, alors que Jungkook avait nettement pris l'avantage, étourdissait son adversaire de coups.

Il allait gagner.

Jimin sentait les muscles de son corps se relâcher, ses poings se desserrer peu à peu. Sa poitrine se libérait, même si le cœur restait fort, tambour régulier. Le stress, omniprésent depuis tant de jours déjà.

Jungkook allait gagner ce nouveau tour et, ensuite, ce serait à lui. De nouveau.

Il se lèverait, rejoindrait le bord du cercle, cordes disposées sur le sable. Remplacerait Jungkook. Puis combattrait.

Ainsi en avait décidé le sort.

Les magistrats avaient choisi à l'aveugle, en public, les jetons gravés de leurs noms à tous, pugilistes aux Jeux d'Athènes. C'était le sort qui avait composé ce tableau unique, ces fils à remonter pour atteindre la finale. Jimin et Jungkook avaient déjà combattu trois fois chacun. Quatre pour Jungkook, maintenant.

Le sort, les Dieux, avaient fait que leurs fils ne s'étaient pas encore croisés.

L'offrande que Jimin avait faite au temple, la veille du tirage au sort, avait porté ses fruits : Héraclès l'avait entendu, avait entendu ses prières et ses rêves.

Car c'était un rêve, de combattre ici, c'était un rêve de gagner. C'était un rêve plus grand encore, de ne combattre Jungkook qu'à la fin, de retarder au possible ce moment honni et voulu à la fois. Et c'était son rêve, de gagner, bien sûr.

Là, leurs rêves, à lui et à Jungkook, se séparaient : la victoire de l'un serait la perte de l'autre.

Mais pour l'instant, pour quelques jours encore, peut-être, le chemin de leurs rêves se faisait à deux.

Et Jimin était presque reconnaissant à Jungkook de faire ce chemin avec lui pendant ces Jeux, de ces sourires presque cachés, de ces encouragements à coups de piques plus drôles que méchantes. De faussement se vexer à ses réponses.

Le stress, les Jeux, en avaient presque gommé ce jour-.

Cette folie créée à deux, ensemble, le jour de leur course au gymnase. Les corps rencontrés, les règles d'abstinence allègrement bafouées. Les yeux de Jungkook comme possédés, ancrés dans les siens, sa bouche et ses mains sur sa peau, qui faisaient naître en lui ce plaisir.

Un plaisir libérateur.

Après l'ivresse, Jimin avait prié pour que ni Taehyung, ni les autres, les entraîneurs, ne l'apprennent jamais.

Le souvenir restait vif, pourtant, ancré en lui. Il ne voulait que ressentir à nouveau ces sensations délicieuses.

La première victoire des Jeux avait été de passer l'inscription. Jimin avait vu des hommes forts, fins mais forts, comme lui, se faire rejeter, au prétexte que leur vie serait mise en danger. Il avait tremblé, alors que le regard des cinq magistrats s'attardait sur lui, nu, ses vêtements soigneusement pliés déposés sur le côté. On jugeait les corps. Jimin avait tremblé, intérieurement, mais ses membres étaient restés stables, assurés, le menton levé de fierté.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant