Chapitre 52

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Jimin toqua à la porte, sourire aux lèvres.

Comme à son habitude, il avait encore laissé passer trop de temps avant de venir ici. Il savait qu'il aurait droit à une remarque, il savait qu'elle ne serait que rituel. Qu'il faudrait simplement qu'il s'excuse platement avant d'avoir droit à la douceur de cet autre rituel : celui de la cuisine.

Son cœur frétillait déjà lorsque Maîa ouvrit la porte.

— Mon petit...

Le sourire, dans ses yeux.

— Bonjour Maîa. Je sais, je ne suis pas venu depuis trop longtemps, pardon.

Il baissa la tête, faussement contrit.

Sa nourrice éclata de rire.

— Je n'arrive même plus à compter les mois.

— Mais on s'est vus entre-temps, non ?

— Tu parles de quand tu étais alité après ton combat et que je devais te faire manger à la petite cuillère ? Ça ne compte pas.

Jimin grimaça. Non, ça ne comptait pas.

— Entre. Je suis heureuse de te voir ici.

Elle leva une main jusqu'à sa joue, lui caressa doucement la peau avant de se reculer pour laisser le passage. Jimin aurait juré voir des larmes dans ses yeux.

Il obéit, entra le premier dans la petite maison. L'odeur de cuisine lui parvint immédiatement, mêlée à celle caractéristique des lieux.

Des parfums qui réveillaient des souvenirs, des parfums qui le faisaient se sentir instantanément mieux.

Il se retourna, passa ses bras autour de sa nourrice et la serra fort contre lui.

— Tu m'as manqué.

— Toi aussi mon petit.

Cette caresse sur sa tête. Jimin ferma les yeux, se laissa aller.

Après quelques instants il se redressa, les yeux un peu rouges, sourit à Maîa.

Elle ne brisait jamais l'étreinte la première, d'aussi loin que Jimin se souvienne.

Il se remémorait l'époque où il pouvait encore s'asseoir sur ses genoux, où il passait un temps infini à se lover contre ce corps-doudou, à babiller en racontant tout ce qui lui passait par la tête. Maîa l'avait toujours écouté avec attention, avait toujours répondu comme si ces élucubrations d'enfant étaient les plus passionnantes au monde.

Cela le faisait sourire maintenant.

Pourtant, c'était toujours un peu ce qu'il faisait lorsqu'il venait la voir comme aujourd'hui.

Vider son cœur.

Jimin s'assit à la petite table de la cuisine, après avoir exagérément levé les yeux au ciel aux vaines tentatives de sa nourrice pour le faire s'installer au salon.

Le bonheur de l'habitude, le bonheur des gestes et des paroles irrémédiablement identiques, quand tout changeait autour de lui.

Quand lui-même changeait.

Le bol empli d'huile fut bientôt devant lui, le pain aussi.

Jimin y trempa le premier morceau avec bonheur, le porta à sa bouche avec un plaisir plus grand encore.

— C'est tellement délicieux...

Maîa rit.

Tandis qu'il dégustait l'enfance, Jimin se souvint de sa visite à la famille de Jungkook. De ce que sa mère avait cuisiné. C'était bon.

À corps perdus  [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant