Chapitre 66

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"C'est pas grave !", elle me dit en affichant un sourire aimable. Et la seconde d'après Alan apparaît dans son dos. Je ne le regarde pas, avec l'espoir qu'il fasse comme s'il ne me connaissait pas. Évidemment, il n'en fait rien. "Enra ?" Et le pire arrive : la femme que je pense être sa mère fronce les sourcils.

Est-ce que je continue de nier, je prétends être la sœur jumelle de Enra : Inra, ou alors j'assume et je dis que c'était une petite blague, ou une erreur. Je racle ma gorge, faisant mine d'avoir des douleurs à celle-ci en y posant les doigts. "Je... euhm... je suis désolée, j'aurais dû prévenir avant de venir", je dis en reprenant ma voix normale. Alan est amusé par la situation, il rit doucement et se pousse pour me laisser entrer. Je remue vivement la tête de gauche à droite, "non non, je reviendrai une autre fois, merci au revoir !" Il me tend sa main, "on parlait justement de toi, aller viens Enra."

J'avance d'un pas, et recul puis avance encore et recul, puis répète ce schéma 26 fois. Quand je porte mes yeux sur sa mère, je vois qu'elle est subjuguée, choquée, comme si elle voyait une licorne vomir un arc-en-ciel sous ses yeux. Je regarde sa main en faisant un pas en avant, "je reste 5 minutes, pas plus." La femme s'écarte et me laisse entrer. Nous nous asseyons dans son salon, j'époussete ma jupe avec ma main à chaque battement de cœur. Voir sa mère rend les choses plus sérieuses, et j'avoue que j'ai peur. Savoir qu'elle a porté Alan dans son ventre me rend d'autant plus nerveuse. C'est sa mère, elle est la personne la plus importante pour lui, je ne dois pas lui donner une mauvaise première impression. Même si je pense que c'est déjà le cas.

Elle prend la parole d'une voix hésitante, "vous êtes la petite amie d'Alan ?", je m'éclaircis la gorge "euh oui, je crois", "d'accord enchantée, je suis sa mère", "ravie de vous connaître." Je lui montre mon plus beau sourire, mais je crois malheureusement que mon sourire est similaire à celui de mia goth dans pearl. "Je pensais sincèrement qu'il n'avait pas de réelle de petite-amie, je pensais que ce n'était qu'un mensonge", "c'est compréhensible...", Alan me fixe, il me met encore plus la pression ! C 'est à cause de lui je suis en train de dire n'importe quoi. "Nous devrions dîner avec mon mari, ça lui permettrait de vous rencontrer et d'avoir un aperçu de qui vous êtes. C'est important pour nous, Alan est notre seul fils, et nous voulons voir la personne qui le rend si heureux." Je perds la face, "euh oui bien sûr, on s'organisera pour pouvoir organiser ça", mes mots n'ont aucun sens, mais je maintiens ce sourire lugubre sur ma face qui ne fait que m'enfoncer davantage dans la boue.

Lorsqu'elle sort accompagnée de son fils, je réalise que mes mains tremblent très fort. Je regarde les alentours, et constate qu'ils ont dîné ensemble. J'aurais l'air d'une sale fille malpolie maintenant, bravo. Quand Alan revient ma tête est entre mes mains, "Enra ?", "imbécile, tu aurais dû me laisser partir...", "et comment est-ce qu'on aurait fait plus tard ? Quand j'aurais voulu présenter mon épouse à ma mère ? Ne t'inquiète pas, elle te trouve marrante, et moi aussi."

"C'est pas drôle, c'est la honte. Je ne reviendrais plus jamais sans prévenir, je suis désolée. Vous étiez en train de dîner c'est ça ?", "non, on avait fini. Votre rencontre est à la hauteur de mes attentes, je savais que tu n'allais pas me décevoir... Tu as vraiment cru que je n'allais pas reconnaître ta voix ?", "non, mais j'avais pas d'autres solutions..."

Mes muscles sont tendus lorsqu'Alan s'assied près de moi, "ça va ?", "t'as de la chance que je n'ai pas de parents...", je dis entre mes dents. "Non. J'aurais vraiment aimé rencontrer les deux personnes qui font que t'es ce que tu es", "moi aussi." Prononcer ces deux mots me rend particulièrement morose, ça ne sonnait pas si déprimant dans ma tête. Il prend mes deux mains qui étaient sur mon visage et les poses sur mes cuisses, "qu'est-ce que t'as fais aujourd'hui", "rien de plus joyeux que le fait que je sois orpheline", je lui confie tête baissée. "J'ai vu léo, on a bu un café ensemble avant d'aller visiter la tombe de Nathan, c'était bizarre, de le savoir sous cette pierre grise, sans vie, et probablement déjà rongé par les insectes. Je... veux pas passer pour une rabat joie, parler de ça n'est pas vraiment vitale, mais... je crois que j'en ai besoin. J'ai besoin que tu me dises que ce n'est pas de ma faute." De l'espoir pétille dans ma voix lorsque je lui dis : "tu as finalement réussi à me convaincre que tu me trouvais belle, peut-être que tu pourrais faire la même chose pour ça ? Non ?"

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant