Chapitre 17

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Alan ne parvenait pas à penser à autre chose qu'à cette femme. Ce soir, elle était un peu trop agréable à regarder, il doit l'avouer. Il lui était impossible de détacher ses yeux d'elle, mais elle n'avait pas l'air de l'avoir remarqué, tant mieux. Ce n'est pas si grave de toute façon. Elle peut être aussi attrayante qu'elle le veut, sa personne est repoussante, et il ne l'a supporte pas plus de 5 minutes. Le jeune lieutenant joint ses deux mains sous sa tête, en se remémorant l'apparence de Peters. Ses cheveux sont très beaux, ils rattrapent un peu le coup, parce que sa manière extravagante de s'habiller laisse à désirer. C'est similaire à la décoration de son appartement, on croirait qu'elle n'a su choisir entre toutes ces nuances, et qu'elle a finit par assembler l'intégralité de cette palette de couleur.

Elle porte les pièces d'une façon déroutante. Alan ne sait pas si c'est lui qui aime trop la simplicité, ou si c'est elle qui affectionne beaucoup trop les couleurs. Dans les deux cas il trouve ça étrange, presque douloureux à regarder. Pourtant, il ne peut la visualiser vêtue autrement. Cette façon de se vêtir lui va à ravir. La vérité, c'est que tout lui va bien, elle pourrait porter un sac poubelle et être toujours aussi charmante. On a l'impression qu'elle sait exactement ce qui lui correspond. Tout ce qui l'entoure colle avec sa personnalité, elle ne laisse rien au hasard. Et sa profession ne fait pas l'exception, c'est comme si ce métier avait été inventé pour elle. Alan l'imagine bien s'occuper de petits vieux, discuter avec eux sans jamais ressentir le besoin de cesser. L'horloge de sa vie rouille à un seul endroit, et le liquide putride qui abîme les rouages n'est autre qu'Orcus.

Anderson fut coupé dans sa rêverie par un oiseau qui vient se cogner contre le double vitrage de sa fenêtre. Un bruit sec retentit, semblable à la détonation d'une arme équipé d'un silencieux. Il quitte son lit pour jeter un coup d'œil à sa fenêtre. Alan se penche, et depuis son 7ème étage il arrive à percevoir une tache grise échouée sur le bitume. Un groupe de gamin l'encercle, et observe le spectacle. Ils sont âgés de huit ou neuf ans, pas plus. L'un entre dans le cercle, et écrase sa semelle contre le cadavre. Alan fut troublé quelques secondes, puis il voit le petit garçon recommencer. Il comprend qu'il n'a pas l'intention de s'arrêter, alors il se penche à sa fenêtre pour hurler : "Arrêtes !! Laisse le pigeon tranquille." Tous les enfants lèvent le menton très haut pour pouvoir regarder l'homme à sa fenêtre. Silence, puis les gamins s'éparpillent. Alan retourne sur son lit, et retrouve sa position initiale. Ce gosse, dans quelques années sera probablement un tueur, un violeur, ou le PDG d'une entreprise, qui sait ? Ce monde est trop riche de ce genre de spécimen. Trouver du plaisir dans la douleur d'autrui n'est pas un comportement normal.

Après plusieurs heures à tourner en rond dans son appartement, il récupère ses clefs et retrouve sa voiture. La nuit est tombée, et le vent fait trembler son véhicule. Il traverse plusieurs champs, pour enfin rejoindre la propriété d'Orcus. Cette maison est entourée de scotch jaune, Alan franchit les limites en levant le pied puis il rejoint la pièce où Nathan a été retrouvé. Le frère n'était qu'un prétexte pour attirer l'attention de la sœur, c'est étrange qu'il n'ait pas insisté pour lui poser des questions. Chevalier déclare ne pas avoir subit d'interrogatoire lorsqu'il était attaché, c'est curieux. Nathan est très proche de sa nouvelle proie, ils ont grandi ensemble, il aurait pu recueillir une infinité d'informations sur l'enfance d'Enra. 

Alan observe la bâtisse en bois, le plafond est très bas et donne l'impression d'être compressé. La chevelure de l'officier est à quelques centimètres du plafond, c'est désagréable, sans parler de l'absence d'électricité. Alan jonche les petites pièces le cœur serré, parce qu'il était là. S'il n'a pas éliminé Nathan, c'est seulement pour l'utiliser comme moyen de pression. Pourquoi Enra ? Pourquoi est-ce qu'il la considère plus que ses autres victimes, elle a une valeur inestimable à ses yeux. Cette lettre... Cette façon de lui "laisser le choix", le policier doute qu'Orcus ait utilisé une technique d'approche similaire pour capturer ses autres proies, sinon ils en auraient eu vent. L'une de ses proies aurait forcément eu l'idée de faire parvenir sa lettre à la police. L'air est lourd, et difficilement respirable ici, la moisissure fait office de papier peint : elle recouvre entièrement les murs. C'est comme si la monstruosité de ses actes émanait des parois. Nathan déclare ne pas avoir reconnu la voix, ni les yeux du suspect. Orcus a pourtant fait référence à la tache de naissance d'Enra, ce qui signifie qu'il l'a vu de près. C'est possiblement un homme de son entourage, alors pourquoi Nathan ne l'a pas reconnu ? Peut-être que le frère n'est pas au courant de la totalité des relations d'Enra, qu'Orcus est un amant d'une soirée, un ex etc.

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant