Chapitre 72

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Il se fige et je fais de même, ses sourcils se défroncent graduellement, mais ses yeux sont toujours braqués sur les miens, c'est comme s'il avait peur de regarder plus bas, comment s'il ne voulait pas se confronter à la simple réalité telle qu'elle est. Il effectue un pas en avant, mais ses yeux eux, ne bougent pas. Il ne daigne même pas regarder mes cheveux, ou alors mon cou qui est orné du bijou qu'il m'a offert. Alan semble obstiné à se focaliser sur mes yeux.

Je réalise que je suis au centre des escaliers alors je m'avance, le contraste entre mon apparence et le décor est amusant. Les murs sont couverts de moisissure, la peinture du plafond s'émiette, et tout est extrêmement gris. Lorsque j'atteins le sol, je lève le menton haut, en essayant de me donner une confiance que je n'ai pas, "on y va ?" Il bégaye comme un enfant à qui on demande de rendre des comptes après avoir dessiner sur les murs, "j...je oui, on... on y va." Maintenant Alan a décidé qu'il allait me fuir, sa tête est dirigée vers le sol lorsque nous traversons le parking pour rejoindre sa voiture. Il a beau avoir une main dans sa poche, on peut flairer sa nervosité à 10km à la ronde. Je suis heureuse de voir que je ne suis pas la seule dans cet état là.

Nous arpentons la rue côte à côte, avant qu'il n'ouvre la portière de sa voiture. J'y grimpe doucement et lorsqu'il s'installe de l'autre côté, l'air devient brûlant. Il démarre, et je triture mes doigts en scrutant les nuages qui sont blancs comme la neige. Le ciel est d'un bleu vif, et le soleil se montre ostensiblement. J'en suis ravie.

Le trajet se fait sans un mot, jusqu'à ce que je décide de prendre la parole : "on arrive dans longtemps ?", "non", c'est tout ce qu'il accepte de me dire. Si le contexte était différent, je l'aurais engueulé pour m'avoir répondu si brièvement, ou peut-être que je l'aurais ignoré jusqu'à ce qu'il le remarque. Mais actuellement, tout est étrange. Je ne comprends pas pourquoi, mais je n'ai pas besoin de savoir les raisons pour subir cette sensation de gêne qui est presque palpable entre nous.

Les paysages ruraux défilent, et je me demande sérieusement où est-ce qu'il a l'intention de m'emmener. Il stationne sur un parking écarté de la civilisation, puis je descends avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir ma portière. J'ajuste la robe au niveau de ma taille en observant Alan du coin de l'œil. Il porte une chemise blanche et un pantalon dont la couleur est entre le beige et le brun. Le clair lui donne un air très sage, je souris, tête baissée lorsque je réalise que je l'ai observé durant 1 minute, sans interruption. Il est occupé à chercher un bouquet de fleurs dans son coffre. Il me tend le bouquet, ses billes noisette sont rivées sur celui-ci, et ses yeux vers le bas. Je suis figée comme une statue. Comment fait-il pour m'épater à chaque fois, comment fait-il pour me faire penser à chaque fois : "ce bouquet est le plus beau qu'il ne m'ai jamais offert" ? Je prends les fleurs de mes deux mains, et les approche de mon nez. J'inspire profondément ce parfum débordant de fraîcheur, les paupières closes.

Je le suis puis nous atteignons un énorme portail sombre légèrement rouillé qui semble atteindre les nuages. Alan sort une étrange clef de sa poche, il l'inserre et ouvre le portail. Je le suis même si je ne suis pas sûre qu'on ai le droit d'entrer ici. Un long passage est créé, entouré de verdure qui nous surplombe alors que nous traversons ce mystérieux chemin. Les rayons solaires dorés traversent les feuilles et réchauffent mon visage alors que j'admire le spectacle. "Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?", "un jardin botanique." Je comprends mieux la beauté de ce lieu. Nous passons par des petits chemins ainsi que des pont fait de pierre courbée, formant des U à l'envers. Alan a diminué le rythme de ses pas lorsqu'il a vu que c'était difficile pour moi de marcher rapidement. Il m'a proposé de me débarrasser du bouquet, mais j'ai refusé. Je ne lâcherai plus jamais ces fleurs, c'est une promesse que je me suis faite. Je n'ai pas encore eu le temps de les regarder une à une, j'attends de m'asseoir pour pouvoir le faire. J'ai seulement remarqué que ces beautés sont lilas clair, mauve et blanches, accordés minutieusement à ma robe.

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant