Chapitre 06

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Je me précipite et m'enferme chez moi avec urgence, je retrouve Anderson dans mes contacts, il y est surnommé "chef." Je l'appelle en retirant mes bottes, puis les balance près de l'entrée sans faire attention à Mimi, mon chat sursaute et fuit. Le lieutenant répond après plusieurs bips incessants, mais ne dit rien, pas même un "allô." J'inspire avant de commencer, essoufflée par les efforts que j'ai dû fournir pour arriver jusqu'ici. "Quelqu'un m'observait dans une camionnette blanche, c'est la deuxième fois. Il... Je pense que c'est lui, le tueur, je me suis approchée de lui pour le gazer, mais il s'est enfui, je n'ai pas pu voir sa plaque d'immatriculation, je... Je suis sûre que c'est lui votre suspect." Je reprends mon souffle, le cœur battant la chamade dans ma poitrine. "Pourquoi moi ? Appelez le 17", à sa voix, je devine qu'il est agacé. J'inhale un nuage d'air tiède avant de pouvoir m'exprimer sans insulter ses aïeux. "Vous avez raison, je sais pas pourquoi j'ai eu le réflexe d'appeler un abruti comme vous." Il riposte à toute vitesse : "un quoi ?!", " vous avez bien entendu, un abruti, un imbécile, un débile, un idiot, un âne et tous les autres synonymes. Au revoir Lieutenant."

Je mets fin à cet appel, mais une notification apparaît, un message de ce porc : "je vais mettre ça sur le compte de la panique." Est-ce qu'il est obligé d'être aussi mauvais ? Qu'est-ce qu'il a contre moi ? Je lui dois de l'argent ? Je lui ai craché au visage ? Je comprends, il ne m'apprécie pas etc, mais de là à me rejeter alors que je viens à peine de vivre quelque chose d'invraisemblable... Il est ignoble.

Je m'assieds sur le sol et respire bruyamment, balançant des injures contre le suspect et Anderson, je hais les hommes. J'amène mes jambes contre ma poitrine et repose ma tête sur mes genoux. Mes paupières tombent puis je m'endors, assise sur le bitume. Quelques instants plus tard, je suis réveillée par la sonnerie de mon portable. Je l'amène à mon oreille, désorientée et déboussolée, sans même avoir vu de qui provenait l'appel. "Nathan ?", je marmonne la gorge sèche. "Non, c'est moi." Je reconnais immédiatement sa voix, "écoutez, je vais raccrocher parce que je risque d'être très vulgaire et ça va me faire des problèmes donc ne rapp..." Il m'interrompt, "j'ai besoin de précision sur ce que vous avez vu." Je ris nerveusement, en passant ma paume sur mon visage, il n'est pas croyable. Je coupe court à cette discussion de sourd, et appuie sur le cercle rouge qui s'affiche sur mon écran. Je rêve ! Quand je voulais exposer les faits, il ne voulait pas m'écouter, et il croit que je vais accepter bêtement de me répéter ? "Tant pis pour vous Anderson", je bafouille. Je regagne mon lit et je m'endors sans même avoir avalé quelque chose.

Le lendemain, je fus contacté par le bureau de police. Je suis convoquée pour témoigner. C'est forcément l'autre con qui est derrière cela. Je m'y rends dès que j'ai un peu de temps. Et c'est le lieutenant Anderson qui vient m'accueillir pour l'interrogatoire "informel." Je le toise méchamment, "je n'ai pas envie de vous parler, c'est un autre ou rien" Il attend toujours que je me lève, je crois qu'il n'a pas compris que j'étais sérieuse. Je ne parlerai pas à ce vieux gars.

"Je suis le lieutenant en chef sur cette affaire, vous êtes forcé de vous entretenir avec moi." Je réajuste mon sac et me lève pour quitter les lieux. "Attendez ici, je vais chercher un collègue." Je cale mon épaule contre le mur et mordille mes ongles, agacée, en attendant qu'ils reviennent. Anderson me présente son collègue, officier Berquin. Nous entrons dans une salle d'interrogatoire, encore une fois, c'est assez similaire à ce qu'on voit dans les séries : triste et glauque à la fois. Je prends place sur la chaise et questionne le policer : "le lieutenant Anderson est-il obligé d'assister à l'entretien ?" Je le pointe du doigt, comme s'il n'était pas présent dans la pièce en ce moment même, à quelques centimètres de moi. Berquin hoche la tête, les traits durs, "oui, il va falloir faire avec." Je soupire et débute mon récit, je raconte tout, dans les moindres détails sans regarder le lieutenant. Lorsque je conclus, Monsieur Berquin me dit : "êtes-vous consciente que la loi interdit le port d'arme sans motif légitime ?" Je fronce les sourcils, il est sérieux celui-là ? Mes yeux switchent entre lui et Anderson, Anderson semble amusé, divertit par cet échange. J'ai même l'impression qu'il sourit. Il sait sourire ?

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant