Chapitre 07

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Anderson travaille avec acharnement sur cette enquête, ainsi qu'une grande partie de la PJ. L'identité de l'individu qui apparaît sur les photographies est un vrai mystère. C'est comme si cette femme n'avait jamais existé. Alan se sent complètement impuissant face à l'ampleur que prend cette affaire. C'est la première fois qu'il est confronté à un type de ce genre, un cannibale, pédophile, meurtrier, et tout ce qui s'en suit. Les chefs d'accusation contre cet homme seront nombreux. Assit à son bureau, il réfléchit quant à la tactique qu'il devrait adopter. Peut-être qu'au lieu de s'attarder sur ses précédentes victimes, ils devraient se focaliser sur le présent, sur Enra qui, en ce moment même est traquée par leur potentiel suspect. La brutalité de ses anciens meurtres est certes colossale, mais c'est fait, ils ne peuvent faire marche arrière et réparer les dégâts. Désormais, il faut éviter qu'un nouveau nom s'ajoute à la liste des victimes, en l'occurrence : Enra Peters. La protéger est la priorité pour l'instant.

Le lieutenant se sent incapable de travailler en collaboration avec elle, elle est intenable. Il frotte ses doigts contre ses sourcils. Elle ne mérite pas de mourir, et elle est probablement l'élément le plus concret de l'affaire. Comment lui dire tout cela ? Elle n'acceptera pas de lui parler. Et il est convaincu que s'il organise une rencontre avec un collègue, elle risque à nouveau de le mettre dans l'embarras. Il est le seul à être suffisamment patient pour supporter son étrange personnalité. Il aspire toute son énergie et la contient en lui, un peu comme une éponge.

Alan relit furtivement le rapport qu'il a rédigé suite à son interrogatoire avec Nathan, tout ce qu'il raconte se tient : Nathan affirme être sorti de chez lui à 8h, puis il s'est garé près d'une boulangerie dans les environs de 8h15. C'est dans ce parking qu'il a remarqué la présence d'un homme cagoulé. Celui-ci avait l'air complètement désorienté, la partie visible de son visage, c'est-à-dire le tour des yeux, était recouverte de tache de sang. Son ravisseur l'a surpris à son tour, dans le parking, et il l'a drogué avec un tissu imbibé de chloroforme. Le soleil ne s'étant pas entièrement levé, personne ne l'a remarqué. Sa voiture est restée dans ce parking, c'est pour cette raison qu'elle était introuvable.

"Il faut établir un parcours avec Peters, et faire en sorte qu'une patrouille soit près d'elle et suive chacun de ses faits et gestes par intermittence. Elle doit nous confier son emploi du temps, et nous dire tout ce qu'elle fait de ses journées", il pensa à voix haute. Il saisit son téléphone et contacte la jeune femme en vain, une deuxième tentative le laisse sur la messagerie. Il ressaie, et cette fois, Enra décroche. "Quoi ?", elle prononce sèchement. Des plis se forment entre les sourcils d'Alan, car elle dépasse largement les limites de l'acceptable. "Vous devez venir au bureau, j'ai besoin de vous. C'est très important. Et si vous commencez à vous plaindre, je ferai en sorte d'avoir une convocation officielle. Si je dois vous mettre en GAV je le ferais Peters, je n'ai pas le temps pour vos caprices. La situation est urgente. Je le répète, si vous ne venez pas au poste aujourd'hui, je vous mettrais en garde à vue. Je suis au bureau jusqu'à 23 heures, je vous attends." Alan raccroche avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit.

Suite à cet appel, Anderson retrouve ses coéquipiers pour présenter sa tactique, il explique qu'à tour de rôle, des agents seront postés près de chez elle pour pouvoir intervenir en cas de pépin, et idem pour ses autres déplacements. Elle semble être la cible principale du suspect, ils pourraient l'attraper en flagrant délit. Ses collègues pensent que c'est une bonne idée, le voilà rassuré.

En attendant l'horrible moment qu'il devra passer avec Enra, Alan observe les photos en cherchant des détails qui pourraient le mener quelque part. Il scrute le visage de la femme blonde qui, la bouche béante, se nourrit de ses intestins. Il tente de repérer des éléments sur son identité, les experts leurs ont fourni plusieurs éléments approximatifs sur cette femme. Son âge : entre 20 et 23 ans, elle est blonde, et a l'air d'avoir des origines étrangères. Il approche la photo de ses deux billes brunes : on dirait qu'elle vient de l'Est : Pologne ? Russie ? Albanie ? Il observe ses vêtements, une jupe courte noir, un décolleté et des cuissardes en cuir. Ça n'indique pas grand chose, de nos jours, ce n'est pas rare que les femmes de cette tranche d'âge s'habille de cette manière. Il remarque qu'elle porte des boucles d'oreilles. Quelque chose d'assez atypique et coloré : un motif y apparaît, les couleurs sont chaudes : jaune et rouge. Ce n'est pas quelque chose qu'on voit communément.

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant